Zimbabwe : Mugabe s’accroche au pouvoir

Zimbabwe : Mugabe s’accroche au pouvoir

Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a refusé jeudi de démissionner de son poste, au terme de sa rencontre avec le chef des forces armées qui, de son côté, rejette les accusations d’un putsch, alors que Emmerson Mnangagwa, dont l’éviction a provoqué le coup de force de l’armée, est rentré au pays. M. Mnangagwa, pressenti un temps comme possible successeur du plus vieux chef de l’État en exercice de la planète, avait fui le Zimbabwe dans la foulée de son renvoi du gouvernement, le 6 novembre, pour “manque de loyauté” envers le président.

En exil, il s’en était violemment pris au couple Mugabe, qui se considère comme des “demi-dieux”, et avait promis de “revenir” au pays pour diriger la Zanu-PF, le parti au pouvoir. Il est rentré dès jeudi à Harare, a confirmé à l’AFP un de ses proches, quarante-huit heures après le coup de force de l’armée, qui a placé en résidence surveillée le président Mugabe, au pouvoir depuis trente-sept ans. Le nom de M. Mnangagwa circule avec insistance pour diriger la transition qui pourrait s’ouvrir en cas de départ de M. Mugabe.

Selon la Constitution zimbabwéenne, le vice-président succède au président en cas de démission, de décès ou d’empêchement, jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. Jeudi, le chef de l’État a toutefois catégoriquement refusé de démissionner lors d’un premier entretien avec le chef d’état-major de l’armée, le général Constantino Chiwenga, en présence notamment de deux envoyés spéciaux sud-africains. “Il a refusé de démissionner, je pense qu’il essaie de gagner du temps”, a déclaré à l’AFP une source militaire.

Nouveau signe de son refus de céder aux exigences de l’armée, M. Mugabe est apparu hier matin en public pour la première fois depuis l’intervention de l’armée. Revêtu d’une toge universitaire bleue et d’une coiffe assortie, le président, qui avait lui-même confirmé être retenu dans sa résidence, a participé dans la matinée à une cérémonie de remise de diplômes à l’université de Harare. Dans un communiqué publié hier matin par les médias d’État, l’armée a précisé poursuivre les discussions avec le président Mugabe “sur la prochaine étape”.

Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée a pris le contrôle – sans faire de victimes – de la capitale Harare, en soutien à M. Mnangagwa, devenu l’ennemi juré de la Première dame. C’est Grace Mugabe, l’ambitieuse épouse du président, qui l’avait fait chuter début novembre. Elle se serait réfugiée en Namibie, selon certains médias.

R. I./Agences