Un pavillon lui a été consacré lors du 37ème Paris Livre: La littérature africaine : entre contraintes et volonté d’exister

Un pavillon lui a été consacré lors du 37ème Paris Livre: La littérature africaine : entre contraintes et volonté d’exister

Le dernier Salon international du livre de Paris a abrité un pavillon consacré aux lettres africaines. À cette occasion, de nombreux auteurs et éditeurs du continent noir sont revenus sur leurs ambitions et leurs attentes pour l’émergence de cette littérature en Afrique, et dans le monde.

Cette année, le Salon international du livre de Paris, qui s’est tenu du 24 au 27 mars, a abrité un pavillon des lettres africaines qui a regroupé éditeurs et auteurs de plusieurs pays subsahariens. Guinée-Conakry, Congo-Brazzaville, Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Togo, Madagascar… et même le Nigeria (pourtant anglophone) étalent leurs nouveautés littéraires, du roman au livre pour enfants, en passant par des ouvrages d’économie. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur cette littérature africaine, ses contraintes et ses ambitions.

Éditeurs, auteurs et responsables s’expriment. La première contrainte est l’effarant manque de maisons d’édition. Au Congo-Brazzaville et en Guinée-Conakry par exemple, elles se comptent sur les doigts d’une seule main. “Heureusement qu’il y a l’Harmattan”, s’empresse-t-on d’ajouter. Quant aux éditeurs locaux, ils ont encore du chemin à faire. Abdoulaye Fodé Ndiane, président de l’Union des écrivains d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, écrivain sénégalais, nous a confié : “Notre littérature s’imprègne des réalités de cette partie de l’Afrique et se fonde aussi sur la diversité culturelle. Elle exprime le vécu des gens et les grands problèmes de la société. Il y a un foisonnement d’auteurs qui veulent extérioriser tout cela, malheureusement ils sont confrontés au problème de l’édition et de la diffusion du livre”. Et d’ajouter : “En l’absence d’éditeurs puissants, l’État devrait s’impliquer et encourager la diffusion du livre y compris en travaillant à l’émergence d’espaces africains de promotion du livre.”

Les auteurs trouvent que le faible lectorat africain ralentit l’essor de la littérature, même si la diaspora sauve un peu la mise. À ce propos, au stand du Congo-Brazzaville, nous avons rencontré le ministre de la Culture et des Arts de ce pays, M. Léonidas-Carrel Mottom Mamoni, qui a bien voulu s’exprimer sur cette question : “Il y a deux raisons essentielles à la faiblesse du lectorat. D’abord les considérations économiques. Le pouvoir d’achat des gens est tel qu’il les oblige à établir des priorités dans leurs dépenses. Entre se nourrir ou acheter des livres, le choix est vite fait”, a-t-il indiqué avant de préciser : “La seconde raison tient à l’absence de culture de la lecture dans nos pays. Il faut que les parents l’acquièrent pour l’inculquer ensuite à leurs enfants. D’ailleurs, j’étudie actuellement l’idée d’un Salon du livre pour enfants au Congo-Brazzaville.”

Présent également au Paris Livre, le docteur Chérif Alhassane, psychiatre et ethnopsychiatre guinéen, auteur des livres La parenté à plaisanterie et Structure de la famille guinéenne, éducation, transmission de valeurs familiales et citoyennes, a affirmé que l’édition en Guinée reste à construire. “Imaginez que nous n’avons que deux éditeurs dignes de ce nom ‘l’Harmattan’ et l’éditeur local ‘Gandal’ et que l’impression s’effectue au Sénégal ou en France”, a-t-il informé. Mais l’écrivain demeure optimiste car “Conakry a été nommée ‘Capitale mondiale du livre’ en 2017 par l’Unesco. Cela servira à semer les graines de la littérature du futur.

Il faut rendre hommage à Sansy Kaba, représentant de l’Harmattan à Conakry, qui a été l’initiateur de ce projet que le président guinéen a décrété d’utilité publique”. Pour sa part, Mme Aminata Diop Johnson, fondatrice et directrice du Pavillon des Lettres d’Afrique intitulé “Lire et écrire l’Afrique” qui, dans les colonnes des Dépêches de Brazzaville, a déclaré : “Lire, c’est l’alphabétisation. Sans cette dernière, sans l’éducation, les enfants n’ont pas accès au livre. Écrire, cela représente tous ces auteurs qui expriment à travers leur écriture toute la diversité et la richesse du continent.” Il faut préciser enfin que Mme Diop Johnson milite pour l’organisation d’un grand festival du livre en Afrique.