un ancien chef de la DGSE: “Les États-Unis ont bien espionné l’Élysée en 2012”.

un ancien chef de la DGSE: “Les États-Unis ont bien espionné l’Élysée en 2012”.

upload_-1Lors d’une conférence donnée en juin et passée inaperçue jusqu’ici, l’ancien responsable de la DGSE Bernard Barbier révèle notamment que les États-Unis sont bien à l’origine d’une attaque informatique menée contre l’Élysée en 2012.

Les États-Unis sont bien à l’origine d’une attaque informatique contre l’Élysée au printemps 2012, a rapporté Bernard Barbier, un ancien responsable des services secrets français.

Dans une conférence donnée en juin devant les élèves de l’école d’ingénieurs CentraleSupélec, dont le site Internet du Monde a diffusé un enregistrement samedi 3 septembre, Bernard Barbier reconnaît également la responsabilité de la France derrière une autre attaque informatique détectée par les services canadiens en 2009.

Cet ancien chef de la direction technique de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) raconte qu’il a reçu un appel à l’aide du responsable de la sécurité informatique de l’Élysée en mai 2012, entre les deux tours de la présidentielle, à la suite d’un piratage d’ordinateurs de collaborateurs du chef de l’État d’alors, Nicolas Sarkozy.

« On a vu qu’il y avait un ‘malware’ (logiciel malveillant) qui avait une signature identique à celui que nous avions identifié lors d’une attaque contre la Communauté européenne en 2010. Il n’y avait que les Américains et les Russes qui avaient pu faire cette première opération », a-t-il indiqué.

« En 2012, nous avions davantage de moyens et de puissance technique pour travailler sur les métadonnées. J’en suis venu à la conclusion que cela ne pouvait être que les États-Unis », ajoute-t-il, en précisant que le logiciel en question avait été infiltré lors de connexions sur Facebook.

« Vous êtes quand même bons »

Bernard Barbier indique qu’il a reçu par la suite l’ordre de François Hollande de se rendre aux États-Unis pour protester contre cette opération auprès de l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine.

« Ce fut le 12 avril 2013 et ce fut vraiment un grand moment de ma carrière professionnelle (…) À la fin de la réunion, Keith Alexander [directeur de la NSA de 2005 à 2014, NDLR] n’était pas content. Alors que nous étions dans le bus, il me dit qu’il est déçu car il pensait que jamais on ne les détecterait. Et il ajoute : ‘Vous êtes quand même bons.' »

L’ancien responsable de la DGSE reconnaît d’autre part que les services français ont commencé à faire du piratage informatique dès 1992 et qu’ils sont responsables d’une vaste opération lancée en 2009, comme le soupçonnait le Canada dans une note dévoilée en 2013 par le lanceur d’alerte américain Edward Snowden.

Les cibles étaient alors des institutions iraniennes liées au programme nucléaire de la République islamique mais aussi plusieurs pays, dont le Canada, et des objectifs en France.

« Les Canadiens ont fait du ‘reverse’ sur un malware qu’ils avaient détecté. Ils ont retrouvé le programmeur qui avait surnommé son malware ‘Babar’ et avait signé ‘Titi’. Ils en ont conclu qu’il était français. Et effectivement, c’était un Français », raconte-t-il.