Tlemcen: Le ras-le-bol des ayants droit de chahid

Tlemcen: Le ras-le-bol des ayants droit de chahid

Khaled Boumediene

Tlemcen: Le ras-le-bol des ayants droit de chahid

Au moment où l’Algérie a célébré, ce 18 février, la Journée du Chahid, de nombreux ayants droit de chahid de la wilaya de Tlemcen ont exprimé leur ras-le-bol, demandant que le ministère des Moudjahidine «s’engage à réparer les préjudices moraux et matériels subis par les fils et veuves de chahid, qui ont été délaissés et privés de leurs droits depuis l’indépendance de l’Algérie et la promulgation de la loi du moudjahid et du chahid en 1999».

Selon une déclaration transmise à notre rédaction, ces ayants droit de chahid jugent «insuffisants et discriminatoires» les droits octroyés aux familles du chahid, qui ont souffert le martyre pendant la colonisation, après sept années de guerre aux conséquences dramatiques, puisque «1,5 million de martyrs sont tombés au champ d’honneur, des centaines de milliers de veuves et d’orphelins et des milliers de villages détruits par les forces coloniales françaises». Pour ces ayants droit, «aucun privilège moral ni matériel ne peut compenser la souffrance et l’abandon endurés par ces familles non seulement lors de cette période de guerre destructrice, mais aussi au lendemain de l’indépendance de l’Algérie où de nombreuses familles se sont retrouvées à même la rue sans aucune ressource ni aucune protection sociale ».

La question de la «reconnaissance de la responsabilité» des pouvoirs publics dans «l’abandon et la marginalisation des familles du chahid» revient d’une manière récurrente, comme l’indiquent les concernés dans leur document. «L’article 74 de la loi 99/07 du moudjahid et du chahid est discriminatoire, car s’il permet à certaines filles mariées sans emploi, ainsi que les divorcées, les veuves et les célibataires de toucher des pensions dérisoires de 15 000 DA par trimestre pour les mariées et 21 000 DA tous les trois mois pour les veuves, les célibataires et les divorcées, et ce, quel que soit le niveau de leurs ressources, alors qu’il aurait fallu leur octroyer au moins une pension mensuelle équivalente au salaire national minimum garanti.

Ces pensions humiliantes ne touchent pas tous les ayants droit de la famille du chahid, ce qui a favorisé des animosités et des litiges parmi ces mêmes membres de la famille du chahid. En outre, contrairement aux moudjahidine qui bénéficient continuellement d’augmentations de leurs pensions, celle du chahid n’a toujours pas été revalorisée depuis des années. Elle est reversée d’une manière injuste entre les membres de la famille du chahid après le décès de la veuve du chahid. Un autre problème, les titulaires de ces pensions dérisoires ne sont pas prises en charge par la sécurité sociale et n’ont pas droit à l’assurance maladie.

Et si jamais elles se retrouvent affiliées, il est procédé à l’annulation automatique de leur pension ! L’article 25 de la loi 99/07 relatif à la retraite complémentaire permet uniquement aux moudjahidine de bénéficier de ce droit et prive les ayants droit du chahid. Pourquoi priver alors les ayants droit de cette retraite supplémentaire attendue impatiemment pour suppléer aux dépenses des fins de mois difficiles ? Plus incongru encore, des centaines de filles de chahid veuves sont également privées de leur droit à la pension instituée par l’article 25 de cette loi. Les fonctionnaires du Trésor public leur reprochent de bénéficier de la réversion de la retraite de leurs défunts maris. Leur situation est toujours en suspens !».

Les entraves à l’acquisition de logements sociaux compliquent par ailleurs la vie à certains ayants droit dont les pensions dépassent les 24.000 DA. «Les commissions d’attribution de logements éliminent tous les pensionnés dont le montant dépasse les 24.000 DA, ce qui est une injustice, car cette pension n’est pas reversée à leurs enfants en cas de leur décès, alors pourquoi les prive-t-on de ces logements à cause de cette pension qui prend fin dès le décès de l’ayant droit ?».