Seladji Chakib, chercheur en énergie thermique: L’Algérie a atteint le « Pic-Oil » de son gisement pétrolier

Seladji Chakib, chercheur en énergie thermique: L’Algérie a atteint le « Pic-Oil » de son gisement pétrolier

d-lalgerie-a-atteint-le-‘‘pic-oil-de-son-gisement-petrolier-dfb49.jpgEnviron 80% de l’énergie est consommée par le secteur du transport, le résidentiel et le tertiaire, alors que le secteur productif n’en consomme que 16%.

Les régions du Sud nécessitent un véritable plan Marshall pour leur développement. C’est ce qu’a indiqué Seladji Chakib, enseignant à l’université Abou-Bakr-Belkaïd de Tlemcen et membre de l’Assemblée américaine des énergies. Intervenant lors de l’ouverture de l’université d’été de l’UNFA qui se déroule depuis lundi dernier au centre universitaire Belhadj-Bouchaïb d’Aïn Témouchent, il a présenté une communication sous le thème “L’Algérie de demain, entre réalité énergétique et perspectives de développement”, révélant qu’actuellement, on ne peut évoquer le développement sans parler de technologies de l’information et de la communication.

Il a indiqué, à ce propos, que l’Algérie est faiblement lotie par rapport à l’Europe, mais aussi par rapport à ses voisins immédiats, le Maroc et la Tunisie. “En matière de Bourse, j’ai le regret de vous annoncer que l’Algérie n’existe pas au classement des Bourses africaines. D’où les gros efforts qu’il faudra entreprendre pour extirper notre pays de cette situation”, ajoutera-t-il. Tout en tentant d’argumenter la situation énergétique actuelle qui est intimement liée à l’économie avec force indicateurs de développement, le conférencier a essayé de montrer quelques pistes pour une meilleure prise en charge du destin de l’Algérie.

Selon lui, le déclin a pris forme à partir de 2008 en matière de production d’énergie primaire (hydrocarbures et gaz) où l’Algérie a atteint son “Pic-Oil”, c’est-à-dire le maximum qu’elle produit avec cette courbe sans cesse descendante au moment où la consommation énergétique ne fait qu’augmenter. “D’ailleurs, en volume d’exportation, l’Algérie a réduit sa capacité d’exportation de 34%, l’équivalent de 50 millions de tonnes. Ce qui est le plus inquiétant, c’est que si on continue à ce rythme-là, l’Algérie consommera toute sa production et ne pourra plus exporter à l’horizon 2030”, expliquera Seladji Chakib. Et de s’interroger sur l’orientation de cette consommation énergétique. Selon lui, environ 80% de l’énergie est consommée par le secteur du transport, le résidentiel et le tertiaire, alors que le secteur productif n’en consomme que 16%.

À une question de savoir si toute l’énergie est consommée d’une façon rationnelle et optimisée, le conférencier fera remarquer que l’intensité énergétique, c’est la consommation que produit une unité du produit intérieur brut (PIB) : “Le Japon consomme 6 fois moins que l’Algérie qui a une intensité énergétique plus forte dans le bassin méditerranéen. Pour l’Algérie et le Maroc, il n’y a pas une véritable stratégie pour réduire cette intensité énergétique contrairement à la Tunisie qui a fait des efforts très importants.”

Il révèlera, en outre, que “dans le domaine de l’énergie électrique, l’Algérie consomme plus que les autres pays et l’intensité énergétique a augmenté d’une façon inquiétante (2000-2010)”.

Dans le domaine de l’industrie, c’est le même constat aussi bien pour l’Algérie que pour le Maroc, alors que dans le domaine de l’habitat, la consommation moyenne est de 156,36 kW au m² par année. “Si on opte pour une politique d’économie dans le secteur de l’habitat pour fixer le rendement énergétique, on peut réduire la consommation de 64%. L’Algérien consomme 700 kW par logement après le Liban.

Ce qui est inquiétant. Dans le domaine du chauffage, l’énergie augmente et la qualité de la construction diminue.” En matière d’énergies renouvelables (2000 – 2010) dans la production de l’électricité en Algérie, l’association des agences des énergies du bassin méditerranéen classe l’Algérie parmi les pays qui n’ont pas véritablement investi dans ce domaine jusqu’à ce jour. “Les chauffe-eau solaires, par exemple, sont considérés comme une technique très simple qui pourrait économiser beaucoup d’énergie.” “En termes d’électricité énergétique, le pays peut être considéré comme l’un des plus mauvais consommateurs d’énergie en Méditerranée avec le Maroc. La consommation est en croissance permanente : celle du carburant augmente de 7%, celle de l’électricité de 14% (chiffre actualisé en 2015) et celle du gaz de 7%. Nous consommons 3 fois plus d’énergie que durant les années 1990, et le gros de cette consommation est absorbé par le transport et les ménages à hauteur de 80%.

La rente pétrolière baisse chaque année depuis 2012. Les prévisions prédisent 50 dollars/baril en 2015”, a-t-il encore expliqué. Selon lui, les solutions économiques envisageables pour le pays concernant le secteur de l’énergie pour un véritable développement durable, passeront d’abord par un changement urgent et véritable d’attitude.

Il propose, de ce fait, un plan d’urgence qui repose sur 4 piliers : le renforcement des mesures d’efficacité énergétique ; le renforcement de la contribution des TIC pour réduire la consommation énergétique, notamment dans le transport ; la veille technologique dans le domaine de la valorisation des hydrocarbures, en particulier le gaz naturel (les Américains ont réussi en 2014 à convertir le gaz naturel en essence à 1 dollar le gallon, c’est-à-dire à moins de 20 DA/litre) avec le développement de la pétrochimie à haute valeur ajoutée pour contrecarrer la baisse du prix du baril ; l’amélioration de la stratégie de développement des énergies renouvelables.