Scandale « Dounia Parc » : De quelle erreur s’agissait-il, M. Sellal ?

Scandale « Dounia Parc » : De quelle erreur s’agissait-il, M. Sellal ?

d-de-quelle-erreur-sagissait-il-m-sellal-c2c50.jpgCe ne sont certainement pas les déclarations contradictoires de Amar Ghoul qui peuvent accréditer cette thèse de l’erreur.

Les déclarations sensationnelles du ministre de l’Aménagement du territoire et du Tourisme, Abdelwahab Nouri, ont fait les choux gras de la presse nationale. En effet, l’opinion publique n’est pas habituée à voir un ministre en exercice dénoncer les prédateurs dans un langage aussi cru, encore moins les accabler de dilapidation de biens publics, voire “d’abus de biens sociaux”.

Mais pourquoi le ministre cible-t-il seulement l’octroi des dernières parcelles décidées à la hâte par son prédécesseur, au lieu de mettre sur la scène publique, si tel est son objectif, tout le scandale du dépeçage du parc qui a suivi le retrait des Émiratis ? C’est aussi la question qui revient sur toutes les lèvres de tous ceux qui ont suivi le cheminement chaotique de ce qui devait faire office de poumon d’Alger, déficitaire en espaces verts, et de “recréer un lien social chez des Algérois trop repliés sur leur quartier”. Abdelwahab Nouri ne doit pas ignorer toutes les péripéties vécues par Dounia Parc depuis 2007.

L’intervention du Premier ministre Sellal, en voulant siffler hâtivement la fin de la récréation dans cette affaire, confirme qu’il y a bien un problème. Assurément, l’opinion publique et les citoyens méritaient mieux que la formule “l’erreur est réparée et qu’on en parle plus !”, un “circulez, il n’y a rien à voir” qui ne sied pas à un projet tant vanté et qui a fait couler beaucoup d’encre jusque-là.

Revoilà Ghoul !

Dans la même optique, ce n’est certainement pas les déclarations contradictoires de Amar Ghoul qui peuvent accréditer cette thèse de l’erreur. Le transfuge de HMS, sans doute enhardi par le renvoi en touche de Sellal pour tenir une conférence de presse, affirme pêle-mêle, d’une part que tout ce qui s’est fait dans le parc Dounia (dans le temps où il était ministre de tutelle) a été discuté en conseil de gouvernement – on se demande d’ailleurs quelles seraient les raisons qui ont poussé le superviseur de l’autoroute Est-Ouest à relever un tel “détail” ? – et dans le même temps qu’il n’est mêlé ni de près ni de loin à la gestion du parc, puisqu’il y a un directeur de la structure.

Pourtant, c’est le même ministre, quand il était en exercice en février 2016, lors d’une visite au parc des Grands Vents, qui insistait sur la nécessité d’exploiter cet espace rationnellement, en indiquant qu’il faut consacrer 1% de cette immense surface pour la réalisation de différentes infrastructures, notamment des petits restaurants, des kiosques et des cafétérias. Pour les 99% restants du parc, le ministre a souligné aux responsables qu’il est préférable que ceux-ci restent un espace vert. Il a préconisé de réaliser des espaces pour la pratique  du sport, de créer des clubs de nature et d’aménager des parkings.

Il a demandé également de réserver des pistes pour les vélos (VTT) de même que des aires de sport et de jeux ainsi qu’une patinoire synthétique (El Moudjahid du 22 février 2016). Dans cette affaire, non seulement M. Ghoul ordonne la construction de petits restaurants, des kiosques et des cafétérias, mais juge “préférable” de ne pas toucher aux espaces verts et redéfinit à sa guise le plan initial.

Un projet mort-né ?

Le parc devait être finalisé en 2012 après la présentation de sa fiche technique en 2007. D’un montant de 5 mds $, l’investissement devait être pris en charge, à hauteur de 80%, soit 4,5 mds $, par Emirates International Investissements Compagny (EIIC). L’association des Émiratis à des investissements immobiliers dans ce projet reste une énigme.

La décision d’amputer le parc de 800 ha à leur profit sur les 1059 ha initialement prévus réduit considérablement la portée de l’objectif visé. Le terrain lui-même est borné par cinq communes de l’ouest de la capitale, il est classé “terrain agricole non urbanisable”. Pour permettre à EIIC de lancer ses travaux, le gouvernement prend la décision de le déclarer “d’utilité publique” pour procéder aux expropriations d’usage.

En octobre 2013, l’ancien ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et la Ville, Amara Benyounès, déclarait que la partie émiratie “n’a pas concrétisé ses engagements financiers”. Dans la foulée, il annonçait que seulement 170 ha seront consacrés aux projets immobiliers et que les banques publiques ne participeront pas au financement de la phase d’investissement de 100 milliards de dinars prévue dans la convention avec les Émiratis, alors que la décision d’impliquer les banques publiques a été prise, en 2011, par Ahmed Ouyahia.

Le ministre de l’Habitat, Abdelamdjid Tebboune, affirmait de son côté, en octobre 2013, qu’aucun permis de construire n’a été délivré. L’annonce de Benyounès d’amputer “la partie émiratie” de 630 ha aiguisait des appétits. Dans ces conditions, les expropriés ont toutes les raisons de vouloir récupérer leurs terres.