Rumeurs sur une loi de finances 2017 explosive: Le poids de l’intox

Rumeurs sur une loi de finances 2017 explosive: Le poids de l’intox

P160917-16.jpgL’Algérien moyen ne sera pas fortement sollicité pour limiter les déficits.

La déclaration du Premier ministre faite à partir de Saïda a du sens et la loi de finances 2017 n’est pas encore finalisée, rapporte une source gouvernementale. «Tout ce qui se dit sur un texte rempli de nouvelles taxes et avec des transferts sociaux a minima est de la pure fiction», affirme-t-on, tout en soulignant le caractère suicidaire d’une démarche brutale. Tant au plan politique qu’économique, le gouvernement Sellal n’a certainement pas l’intention de sacrifier la stabilité du front social, alors qu’il n’existe aucune force susceptible de le pousser à opérer des coupes budgétaires drastiques. L’Algérie dispose toujours d’une marge financière et de toute sa souveraineté. En ce sens, personne ne peut lui dicter sa politique. Cette conviction anime l’équipe gouvernementale, laquelle, soutient notre source, n’a pas l’intention de céder à la panique.

Le futur immédiat «apocalyptique» décrit par certains commentateurs n’est donc pas à l’ordre du jour au niveau du Palais du gouvernement. La loi de finances 2017 apportera quelques réaménagements dans les impôts, mais il n’est pas question, pour l’heure, d’une tendance fortement contraignante pour de larges couches de la société. Ainsi, l’Algérien moyen ne sera pas fortement sollicité pour limiter les déficits. On affirme au gouvernement que l’essentiel de l’action sera orientée vers l’élargissement de l’assiette fiscale, dont la marge de progression est très importante, eu égard à l’évasion fiscale qui touche de nombreux secteurs d’activité. Cette option que certains observateurs estiment très relative est prise très au sérieux au ministère des Finances où, chiffres à l’appui, on souligne l’évolution positive et assez rapide de la fiscalité ordinaire à travers justement l’élargissement de la communauté fiscale. Cet apport en argent frais servira à «limiter les dégâts». En fait, même si tout le monde s’attend à une année difficile, celle-ci ne le sera pas plus pour les Algériens moyens que pour les commerçants.

Cette volonté d’aller chercher l’argent ailleurs que dans la poche des citoyens ne relève pas d’un «caprice» de l’équipe gouvernementale. C’est tout simplement une instruction présidentielle, rapporte notre source, soulignant que le Fonds de régulation des recettes est destiné à maintenir les équilibres, mais également à soutenir le pouvoir d’achat du citoyen et il assurera cette fonction durant l’année 2017, d’autant, relève notre source que ce fonds ne s’est pas tari puisqu’il est toujours alimenté par la fiscalité pétrolière. Le différentiel pressenti pour l’année prochaine est de 10 dollars par baril, entre le coût réel du pétrole et le prix de référence arrêté par la loi de finances. Cela pour dire que le gouvernement dispose encore d’une marge financière lui permettant de maintenir sa politique sociale, tout en déployant son nouveau modèle économique.

Des hausses pour certains produits subventionnés, il y en aura effectivement, annonce notre source, mais celles-ci se feront en fonction du pouvoir d’achat réel des Algériens. D’ailleurs, le processus a débuté en 2016, avec des augmentations des produits énergétiques, sans que cela n’affecte sérieusement les ménages. Cette politique sera poursuivie sur les prochaines années, non pas seulement pour renflouer les caisses de l’Etat, mais pour parvenir petit à petit à une «nouvelle vérité» des prix, sans remettre en cause le système de subvention des produits de large consommation. «Il n’est pas question de lâcher les couches sociales défavorisées. Si nous agissons de la sorte, nous perdrions les couches moyennes et nous risquons un effondrement de toute la société», note-t-on. La démarche qui consiste à ne laisser personne sur la route est un objectif central du gouvernement. En fait, il semble que cette détermination est bien plus qu’un pari conjoncturel, mais relève d’une option stratégique qui met la société au centre des actions de l’Exécutif. Le gouvernement appelle cela le nouveau modèle économique. Des experts du FMI et de la Banque mondiale ne comprennent pas cet «acharnement» socialisant. Beaucoup de commentateurs de la scène nationale donnent l’impression de n’avoir pas bien saisi le sens profond de la démarche gouvernementale et la lisent à travers le prisme «souvent déformant» des analyses occidentales.

Il reste que le gouvernement est tout de même inquiet de ce qui sortira de la mobilisation annoncée par les syndicats autonomes contre la réforme des retraites. Objet de la rencontre entre Sellal, Sidi Saïd et Haddad, le dossier des retraites peut faire éclater le fragile équilibre social. Mais il n’est pas dit que tous les travailleurs souscrivent aux revendications des syndicats espère notre source.