Redjaouna (Beni Douala): Le «rebelle» revient cette semaine

Redjaouna (Beni Douala): Le «rebelle» revient cette semaine

A l’occasion du 19e anniversaire de l’assassinat du Rebelle, survenu à Tala Bounane le 25 juin 1998, le village Redjaouna commémorera le 24 juin prochain, l’anniversaire de l’assassinat du chantre de la chanson kabyle, le défunt Matoub Lounès. Une soirée dédiée également en hommage aux martyrs du village, dont Kherroubi Lounès, Asma Hocine, Achab Meziane, Malki Mohamed et Medani Ramdane dit le manchot.

Notons au passage que les activités de la commémoration, l’an dernier, du 18e anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès se sont déroulées sur fond de tension, notamment lors de la cérémonie de recueillement sur la tombe du défunt, au village Taourirt Moussa, dans la commune d’Aït Mahmoud, daïra de Beni Douala, à une vingtaine de kilomètres de Tizi Ouzou.Il était près de 11h lorsque des jeunes amassés aux alentours de la clôture du tombeau de l’artiste commençaient à scander : «Pouvoir assassin !» et «Lounès yella yella !» Quelques minutes plus tard, juste après l’apparition de Nordine Aït Hamouda, accompagné du dissident du RCD, à savoir l’ancien député Arezki Aider, les manifestants se sont déchaînés en voulant l’empêcher carrément de se recueillir sur la tombe de l’artiste. «Nordine barra !», criaient-ils à gorge déployée. Malika, la sœur du défunt, a essayé de calmer les esprits, en vain. «S’il vous plaît, vous êtes dans la maison de Lounès. Soyez calmes !

Aujourd’hui, c’est une journée de recueillement, et tous ceux qui se reconnaissent dans le combat de Lounès sont les bienvenus. Que ce soit des militants du MAK, du RCD ou du FFS, vous êtes tous les bienvenus», s’est-elle adressée à la foule qui l’a huée lors de la lecture de la déclaration de la fondation Matoub. Lounès Matoub est un chanteur, interprète et poète kabyle, engagé depuis ses débuts dans la revendication identitaire berbère. Il est né à Taourirt Moussa Ouamar, à Beni Douala, le 24 janvier 1956. Il meurt le 25 juin 1998, assassiné sur la route d’Ath Douala. Officiellement, cet assassinat est attribué au GIA, mais sa famille et quelques hypothèses accusent le pouvoir algérien d’être derrière son assassinat. Durant sa carrière artistique longue de 31 ans, Matoub Lounès acquiert un statut de martyr pour tous les militants de la cause berbère.

Depuis la sortie de son premier album A Yizem anda thellidh ? (Ô, lion où es-tu ?) Matoub Lounès célèbre les combattants de l’indépendance et fustige les dirigeants de l’Algérie à qui il reproche d’avoir usurpé le pouvoir et de brider la liberté d’expression. Chef de file du combat pour la reconnaissance de la langue amazighe, Matoub Lounès est grièvement blessé par un gendarme en octobre 1988. Il raconte sa longue convalescence dans l’album L’ironie du sort (1989). Violemment opposé au terrorisme islamiste, Matoub Lounès fut enlevé le 25 septembre 1994 par un groupe armé, puis libéré au terme d’une forte mobilisation de l’opinion kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique Le Rebelle et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand. En 1996, Matoub Lounès participe à la marche des rameaux en Italie pour l’abolition de la peine de mort alors qu’en en mars 1995, il reçoit le prix de la liberté d’expression, au Canada.