Oran: L’immobilier en chute libre

Oran: L’immobilier en chute libre

Plus d’un, ayant conclu la transaction, a opté pour l’installation dans des villes ibériques en acquérant de belles villas aux prix beaucoup plus bas.

C’est une grande première en Algérie depuis son indépendance. Les prix de l’immobilier ont connu une chute brutale durant ces trois derniers mois. Celle-ci est estimée à un taux avoisinant le seuil de 20%. Autrement dit, un petit appartement de type F3, ayant été vendu le mois de novembre à 9,5 millions de dinars, est cédé ces jours-ci au prix oscillant entre 7,5 millions et 8 millions de dinars. Idem pour les villas chics du quartier résidentiel Saint-Hubert. Ayant été cotés à plus de 150 millions de DA (villa avec toutes les commodités, jardin, piscine et parking intérieur), ces habitations de surface dépassant 1100 m2 ne trouvent plus preneurs malgré la baisse de leur prix jusqu’à 110 millions de dinars.

Une telle baisse est jusque-là difficile à expliquer. Si la crise économique, de plus en plus aiguë, oblige plus d’un à vendre ses biens au premier prix proposé, plus d’un, ayant conclu la transaction, a opté pour l’installation dans des villes ibériques en acquérant de belles villas aux prix beaucoup plus bas.

Les agences immobilières peinent à trouver aussi bien l’acheteur que le locataire. Aussi, le peu de demandeurs a droit au but en s’adressant directement à des propriétaires de maisons proposant leurs services sans passer par les intermédiaires, localement appelés au nom des courtiers. Ceux-là (les courtiers) ont perdu leur notoriété après qu’ils eurent longuement joué un rôle important dans la spéculation en guidant l’immobilier à leur guise. Plus d’un n’arrive plus à trouver occupant à qui on proposait un F3 pour un prix de 30.000 dinars cédé auparavant au prix oscillant entre 40.000 et 50.000 dinars.

Plusieurs facteurs ont contribué à une telle dégringolade des prix de l’immobilier dont la demande n’est plus accrue comme ce fut au temps de la grande disette, opportunité saisie par des courtiers dévergondés pour monopoliser un marché en mouvement en permanence. Ce n’est pas tout. Le relogement opéré par l’Etat a, à plus d’un titre, abattu le phénomène. Les opérations de relogement pour l’éradication de l’habitat précaire se poursuivent de plus belle. C’est ce que continuent à déclarer les responsables de l’habitat de la wilaya d’Oran, dont le directeur de l’Opgi.

Tout récemment, 2 500 familles du quartier Les Planteurs ont été relogées. Les logements consacrés à ces familles ont été achevés et les travaux de VRD (voirie et réseaux divers) ont été lancés. Le programme de relogement, lancé le 4 novembre 2015, a permis à des milliers de familles occupant des habitations précaires de bénéficier de logements décents. Par ailleurs, plusieurs autres, notamment celles de la classe moyenne, ne casquent plus le 13e mois exigé par l’agent courtier. En 2016, près de 18.000 logements sociaux ont été réceptionnés. «C’est ce qui a amplement contribué à l’agonie du phénomène de la spéculation et son achèvement en 2017 à la faveur de la réception de 21.000 logements sociaux. Depuis 2014, près de 20.000 logements ont été attribués à Oran.

Les opérations de relogement des familles sinistrées résidant dans des immeubles en ruine, ont permis en 2015 de reloger 10 300 familles. Les listes des bénéficiaires ont été élaborées en coordination avec les comités des quartiers. Les opérations de relogement ont concerné les occupants des habitations précaires à El Barki, Chaklaoua, Aïn El-Beida, Arzew, El-Hamri, Medioni, El Mohgoun et d’autres communes dont la majeure partie des concernés est détentrice de pré-affectations.

En 2016, 6400 familles ont été concernées par ce programme. Elles ont été répertoriées suite au recensement lancé en novembre de la même année à travers les secteurs urbains de la commune d’Oran. Il s’agit des familles habitant les immeubles menaçant ruine dans la ville d’Oran. Pour bien cerner la problématique, les autorités hiérarchiques ont rassuré les familles en leur accordant des titres leur garantissant leur droit au logement, des décisions de pré-affectation leur permettant d’occuper leurs nouvelles habitations dès que les travaux seront totalement achevés. Depuis novembre de l’année dernière, une commission a été mise en place par la wilaya d’Oran. Celle-ci a pour but l’étude de tous les dossiers des sinistrés ou encore ceux des familles en péril nécessitant des logements sociaux. Est-ce un début de la fin de la crise? «Rien n’indique le contraire», diront des cadres en charge d’une telle question.