On ne parle plus de Bouinane, Boughezoul, Hassi Messaoud…: Sidi Abdellah, oui…et les autres ?

On ne parle plus de Bouinane, Boughezoul, Hassi Messaoud…: Sidi Abdellah, oui…et les autres ?

L’annonce en grande pompe de la réception partielle, aujourd’hui, du nouveau pôle urbain de Sidi Abdellah, situé à 25 km à l’ouest d’Alger, ne cache pas pour autant les «échecs» de l’état dans sa politique de construction urbaine.

Boughzoul, Bouinane, Hassi Messaoud en sont pour témoin. Il est vrai que pour soulager Alger de la pression qui la caractérise ces dernières années, l’état avait lancé un programme de villes nouvelles. Tous les moyens ont été mobilisés pour les faire émerger. Parmi elles, Sidi Abdellah et Boughezoul, conçues dans un style moderne où toutes les commodités sont mises en place pour attirer les populations.

Elles étaient présentées comme les premières villes «intelligentes» du pays et même en Afrique. Des dizaines d’années depuis l’annonce de ces projets, on va procéder à la réception d’une «partie» de la ville de Sidi Abdellah. Est-ce un échec de la politique de la gestion urbaine du gouvernement ? Ou c’est une culture de construction qui manque ?

Le président du collège national des experts architectes (CNEA), Abdelhamid Boudaoud, estime que «c’est carrément un «flop». Il s’agit d’un îlot témoin et non d’une inauguration», souligne-t-il. «Cet îlot témoin permettra de voir si la ville répond aux exigences attendues et quelle sorte de problèmes vont-ils être confrontés pour les résoudre au fur et à mesure».

M. Boudaoud s’est tout de même interrogé sur cette réception «express». «A-t-on réellement l’expérience pour créer des grandes villes de telle envergure ? Les grandes villes se créent en 40 ans, pas en dix ans», s’exprime-t-il. «La construction de Sidi Abdallah fait certainement face à plusieurs difficultés vu la morphologie du terrain» et «des problèmes monstrueux vont être rencontrés dans les années à venir». «Si on continue comme ça, on ira droit au mur», souligne-t-il. M. Boudaoud propose de faire «une halte» et «une critique positive» sur l’état des lieux de tous ces projets. Le président de Cnea estime que ces fameuses nouvelles villes sont «un massacre à grande échelle». «On a ni culture urbaine, ni un caché de construction».

Il propose de faire «des portes ouvertes avec les experts de la construction et de l’urbanisme, afin de trouver les mécanismes adéquats du tissu urbain». «On doit d’abord penser aux infrastructures et l’aménagement urbain et à l’environnement avant de procéder à la construction».

Le sort de Hassi Messaoud, Bouinane et Boughezoul …

De graves retards sont également enregistrés dans la réalisation des projets de nouvelles villes dans notre pays. Hassi Messaoud, Bouinane et Boughezoul (…) n’ont toujours pas vu le jour et le taux d’avancement des travaux est au plus bas. Qu’en est-il alors de ces nouveaux pôles urbains ultramodernes annoncés par le gouvernement? Les projets des nouvelles villes s’inscrivirent dans le cadre d’une politique urbaine et d’aménagement du territoire, qui a pour objectif de limiter la concentration des populations dans les grands centres urbains, génératrice de difficultés de gestion urbaine (réseaux, équipement, circulation) et de mettre un terme à l’extension permanente de la ville, souvent au détriment des meilleures terres agricoles de la région.

La ville nouvelle de Sidi Abdellah implantée sur une surface de 2 000 hectares, devait être un modèle pour le développement durable. Elle offrirait à terme un tissu urbain aéré, modèle pour le cadre de vie. Jusqu’ici, un seul primaire y est construit.

Il y a du pain sur la planche afin de parvenir à terme de la réalisation de ce site. La fameuse ville nouvelle Boughezoul présentée comme ville futuriste et éventuellement capitale du pays, à l’image de Brasilia au Brésil. Située à 170 km d’Alger, le site s’étendrait sur une superficie de 6 000 hectares avec 4 000 hectares habitables pour une population prévue de 350 000 âmes. Boughezoul devait être un modèle de ville moderne, écologique et attractive.

Malheureusement, la réalisation du projet n’est qu’à 15% selon les observateurs. Quant à la nouvelle ville de Bouinane (Blida) décrite comme «une bouffée d’oxygène» pour la capitale, les travaux de réalisation du projet avancent à petit pas. Elle devait être construite sur une superficie de 245 hectares avec 32 000 logements de types confondus (LPP, AADL, LPA). C’est le cas également de Hassi Messaoud.

Fella Hamici