Nouveau cahier des charges pour l’industrie automobile: Le gouvernement serre les vis

Nouveau cahier des charges pour l’industrie automobile: Le gouvernement serre les vis

Les 15% d’intégration exigés au bout de trois années d’activité, n’en sont en réalité que 3%, notent des experts.

L’équipe d’experts du ministère de l’Industrie qui planche sur les failles du cahier des charges sur l’industrie automobile rendra ses conclusions dans les tout prochains jours. Une source proche du département de Abdessalem Bouchouareb avance la journée de demain au plus tard. Cette révision, imposée par un emballement de l’actualité autour des usines d’assemblage automobiles, est destinée à mieux encadrer le processus d’industrialisation. Les experts ont, en effet, admis que le cahier des charges tel qu’il a été établi en 2016, n’apportait pas assez de garanties de la part de l’opérateur national, ainsi que du constructeur. Les 15% d’intégration exigés au bout de trois ans d’activité, n’en sont en réalité que 3%, notent des experts qui relèvent que les actions annexes à l’assemblage, telles que le transport, la masse salariale et autres services prennent déjà 12% du projet en lui-même. Il est donc demandé aux investisseurs de réaliser une plus-value de 3% seulement de la valeur de l’automobile. Ils disposent de trois longues années pour le faire. Le cahier des charges pêche également, disent les mêmes experts, par un grave déficit de précision sur les 40% d’intégration. Le taux est certes intéressant pour l’industrie nationale, mais l’opérateur dispose de deux années pour parvenir à ce niveau d’intégration. Entre-temps, il n’est comptable de rien.

Le risque serait que des importateurs-pseudo-industriels investissent le créneau, intègrent les fameux 3% et réalisent d’importants bénéfices sur cinq années d’assemblage et déposent le bilan au bout de la dernière année de facilités douanières et fiscales. Tel qu’il est écrit, le cahier des charges servirait les intérêts de pareils «aventuriers». C’est ce risque de «dérapage» qui a amené le ministère de l’Industrie, révèle notre source, à agir maintenant, avant que la situation n’échappe au contrôle des autorités publiques.

Les «amendements» apportés au cahier des charges relèvent de la forme. Le principe des 15% à la troisième année et de 40% à la cinquième année sont maintenus. La nouveauté tient dans le fait que les activités annexes de l’assemblage sont exclues du calcul du taux d’intégration. En plus de cette précision, les changements dans le cahier des charges concernent un «phasage» plus rigoureux. Ainsi, l’opérateur devra rendre compte annuellement de l’intégration réalisée. De nouveaux taux de 20 et 25% feront leur apparition dans la prochaine mouture du cahier des charges. L’objectif des pouvoirs publics est, bien entendu, de s’assurer de la bonne foi des opérateurs.

Fondamentalement, les nouvelles dispositions ne devraient pas provoquer un arrêt de la dynamique d’ouverture d’usines d’assemblage. A moins que l’ensemble des acteurs présents dans cette filière ne soient en réalité que des importateurs déguisés. Mais il est clair que la taille du marché algérien de l’automobile est suffisamment importante pour convaincre de véritables industriels à investir. Renault, Volkswagen et Peugeot ne partiront pas, insiste notre source qui relève que justement la nouvelle mouture du cahier des charges les agrée. Il reste Tahkout, à la tête d’un véritable empire mécanique en devenir.

Il a annoncé un projet de fabrication de tôle et une unité de peinture pour 2018, en sus de multiples usines de pièces détachées. De fait, les nouvelles dispositions ne devraient pas le déranger.

Les nouveaux venus dans la course, quatre projets en attente dit-on, devront se conformer aux nouvelles obligations. Les dossiers mis sous le coude, seront libérés, affirme notre source, mais avec de nouvelles balises. Verrons-nous de nouvelles usines automobiles? l’avenir proche nous le dira.