Mouloud Achour, un écrivain enraciné: “L’automne n’en sera que plus beau”

Mouloud Achour, un écrivain enraciné:  “L’automne n’en sera que plus beau”

Le dernier ouvrage, Un automne au Soleil, de Mouloud Achour est une œuvre dont la lecture est à la fois un cours de langue française et un exemple d’humanisme.

Personnalité discrète mais possédant un long parcours littéraire et journalistique, Mouloud Achour semble privilégier les nouvelles et textes libres au roman. Est-ce une déformation professionnelle de l’ancien journaliste qui doit ramasser toutes les idées dans uUn automne au Soleiln bref article ou tout simplement un choix délibéré pour ce genre littéraire qui lui laisse la liberté d’aborder plus de thématiques ? Quand parut, en 1971, Le survivant et autres nouvelles aux Editons Sned, on entendait déjà parler mais assez vaguement de cet écrivain qui faisait son apparition dans la littérature algérienne tout en exerçant le métier de journaliste.

En 1973, Achour publia Héliotropes, toujours à la Sned. Mais c’est Les dernières vendanges, un autre recueil de nouvelles édité à la Sned en 1975 (225 pages) qui le fera connaître du grand public. C’est surtout l’histoire du domaine autogéré qui retient l’attention. Au lendemain de l’Indépendance, la gestion des exploitations agricoles laissées par les colons a été confiée à des comités de gestion. Le directeur nommé pour redresser une situation chaotique, découvre des détournements de fonds où sont impliqués des employés. S’engage alors une lutte féroce entre les forces d’intégrité et les forces du mal. Certains observateurs se surprenaient à comparer l’écriture de Mouloud Achour à celle de Mouloud Feraoun.

On trouvait chez eux la même rigueur dans le choix des mots, la construction des phrases et la description des personnages et des situations. Il est vrai qu’avant d’être écrivains, tous les deux ont été enseignants. Achour poursuit son parcours littéraire en publiant Jours de tourments (Enal-1983), À perte de mots (l’Harmattan-1996), et surtout son premier roman en 2004 : Le vent du nord (Casbah Editions), comme pour donner échos, 33 ans après, au puissant Vent du Sud (Rih El Djanoub) d’Abdelhamid Benhedouga. La fraîcheur de l’un et la chaleur de l’autre devaient-elles sceller symboliquement une symbiose entre les différentes expressions littéraires, voire culturelles du pays ? Le second roman de Mouloud Achour, Juste derrière l’horizon, paraîtra une année après chez le même éditeur.

En 2011, il renoue avec les nouvelles en publiant Le retour au silence et enfin en rééditant Les dernières vendanges en 2013 toujours chez Casbah Édition. C’est en 2016 que Mouloud Achour pose le dernier jalon de son riche palmarès bibliographique avec la publication d’un recueil de textes, Un automne au soleil aux Casbah Édition. C’est, comme il le décrit, “une quinzaine de textes d’inégale longueur abordant des centres d’intérêt variables qui composent ce recueil. L’observation, l’émotion, la réflexion sont investies dans une manière qui appartient tantôt à l’actualité, tantôt à l’histoire récente, parfois à la pure fiction. Nouvelles, récits trouvent place dans le genre informel du ‘texte libre’ qui n’exclut ni l’effort de rigueur rédactionnelle ni l’ambition de divertir”.

Ce condensé résume à lui seul le style d’écriture de Mouloud Achour : peu de mots pour dire l’essentiel. Un automne au Soleil synthétise toute l’œuvre de cet écrivain. On y trouve l’évocation de son vécu personnel et la résurgence des souvenirs de Kabylie qui sont surtout ceux de son enfance. Au fil des textes transparaît une description de la condition humaine d’hier et d’aujourd’hui. Le thème de l’émigration et de ses déchirements complète la toile qui fait d’Un automne au soleil une œuvre dont la lecture est à la fois un cours de langue française et un exemple d’humanisme.