Menace sur l’Opep

Menace sur l’Opep

Par Mahdi Boukhalfa.

Menace sur l’Opep

De nouveau, les prix de pétrole ont baissé en fin de semaine, à moins de 74 dollars, perdant en une seule séance plus de 2 dollars. La faute, cette fois-ci, probablement durant toute la durée de ce qui reste de son mandat, est au président Donald Trump. Le président américain est en effet en train d’affoler tous les marchés des matières premières, mais surtout les capitales des pays industrialisés, y compris ses partenaires, par sa politique «America first», déclenchant des guerres commerciales inimaginables jusque-là.

Après avoir imposé des sanctions commerciales et de nouvelles règles commerciales à ses partenaires européens, qu’il a au passage ridiculisés lors du dernier sommet du G7 au Canada, Trump a soudainement déterré la hache de la guerre commerciale avec Pékin, moins d’un mois après un deal qu’il n’a pas respecté.

Dorénavant, les Etats-Unis vont imposer en deux phases des droits de douane additionnels de 25% sur un total de 1102 lignes de produits représentant une valeur de 50 milliards de dollars. En fait, Trump veut rééquilibrer la balance commerciale déficitaire de 375 milliards de dollars avec la Chine. Or, cette quête du président américain du rééquilibrage des relations commerciales de son pays avec ses principaux partenaires est en train dans le même temps de déformer progressivement, d’une part le rapport des forces politiques entre les Etats-Unis et le reste du monde et, d’autre part, de provoquer des changements rapides, néfastes et dangereux pour les pays producteurs de matières premières, dont l’or noir. Ce qui, avec l’arrivée de plus en plus importante du pétrole de schiste américain sur les marchés internationaux, risque de porter un coup sévère, pour ne pas dire fatal, à une hausse progressive et rassurante des cours pétroliers sur les marchés.

Cette manière de revoir les relations commerciales des Etats-Unis avec le reste du monde est en train de changer profondément les deals commerciaux et les règles de l’OMC conclus souvent après des années de dures négociations, de sacrifices. Et, dans cette ligne de compte, il n’est pas exclu que Trump déclare ouvertement la guerre à l’OPEP, autant pour ouvrir la voie au pétrole de schiste US sur les marchés mondiaux que pour fragiliser une organisation dont certains pays membres sont déjà aliénés à la puissance américaine. Il avait tweeté peu après son retour de Singapour où il avait rencontré le leader nord-coréen que «les prix du pétrole sont trop élevés, c’est encore l’Opep qui est à la manœuvre. Pas bon !»

Une stratégie très agressive qui est en train d’être mise en place par le président américain sur tous les fronts : politique, militaire, commercial. L’ouragan Trump ne laisse en réalité rien au hasard ; il est tout simplement en train de mettre à exécution son programme électoral. Car lorsqu’il avait déclaré la guerre aux immigrants, mexicains notamment, et annoncé qu’il va renforcer le contrôle des frontières avec le Mexique et, dans la foulée, défendu l’industrie et le commerce américains, il s’est surtout illustré par son «America first».

Mais, tout le monde pensait que cela s’applique seulement pour «la consommation locale». Personne ne l’avait vu sortir des Etats-Unis pour prendre la forme, pratiquement, d’une nouvelle doctrine des relations extérieures de Washington sous l’ère Trump : défense, nucléaire, industrie, climat, commerce. Avec une constante : exit les relations politiques, bonnes ou mauvaises, dont ne s’encombre pas Trump, un anticonformiste qui va pourrir la vie à tous les pays producteurs de matières premières. L’Algérie, y compris. Après l’Iran, l’UE et la Chine, à quand le tour de l’OPEP ?