Me Fatima-Zohra Benbraham sur la restitution des archives nationales «La France veut gagner une guerre de mémoire par l’oubli»

Me Fatima-Zohra Benbraham sur la restitution des archives nationales «La France veut gagner une guerre de mémoire par l’oubli»

hqdefault.jpgA la déclaration faite tout récemment par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni sur la restitution des archives nationales de la période coloniale détenues par la France, dans lesquelles il qualifiait de «très complexes» les pourparlers bilatéraux engagés sur ce sujet, Maître Fatima-Zohra Benbraham, estimera qu’«il s’agit là d’une guerre de mémoire que la France veut gagner par l’oubli, alors que pour nous, il s’agit de mener une guerre contre l’oubli». Contactée par téléphone, Maître Fatima- Zohra Benbraham connue pour son engagement sur ce dossier dira : «Certes, nous ne sommes pas à armes égales, mais nous allons la gagner grâce à la compétence des spécialistes et experts de la question des archives». Et pour cause, elle considérera que «la restitution des archives nécessite d’abord une volonté politique», mais auparavant, il s’agira d’un travail juridique de fond sur cette question à mener au préalable. Pour cela, il est, selon elle, primordial d’engager un travail de recherche drastique notamment sur le plan juridique, et de définir en premier la nature et l’objectif des documents à récupérer.

«Il y a certes des archives compromettantes» affirmera la juriste, «mais celles concernant l’état civil des Algériens, celles du dossier sur les essais nucléaires dans le sud du pays, nous sommes en droit total de les avoir» d’autant plus dira-t-elle que «des lois ont été votées en France sur la levée du secret défense». Argumentant ces propos, Me Benbraham rappellera l’obligation faite par «le Conseil constitutionnel français à Nicolas Sarkozy, à l’époque président de la République française, l’obligeant à prendre une décision politique sur la question des archives du nucléaire», afin d’éviter le risque avéré de «l’explosion» du dossier. «La force de l’arrêté du Conseil constitutionnel prime dans la logique de la hiérarchisation des lois lorsqu’il s’agit de l’intérêt de l’Etat», martèlera-t-elle. D’autre part, sur la lenteur que prend le règlement de ce dossier, Me Benbraham évoquera «la faiblesse intellectuelle» de la partie algérienne face aux français qui eux sont très au fait sur le sujet. Aussi, émettant de sdoutes sur l’aptitude de la commission, récemment mise en place, en charge du dossier des archives, Me Benbraham estimera que la composante de ladite commission devrait être «technique» essentiellement constituée de spécialistes de différents secteurs et autres experts juridiques qui «parlent la même langue», non seulement à même de procéder aux travaux de recherches qu’elle avait cités plus haut, mais aussi capables de mener les négociations avec la partie français. Incontestablement, il est question d’«un véritable plaidoyer à tenir», lancera l’avocate. De plus, pour elle, ladite commission doit être dédiée exclusivement à la problématique des archives, «non pas de la gestion des différents contentieux». Appelant à libérer «les portes blindées des archives pour les chercheurs», elle conclura que «comme pour un mariage, l’histoire c’est à deux».