Lors d’une vente-dédicace de l’ouvrage Beihdja Rahal, la félicité du répertoire andalou: Kamal Bouchama et Beihdja Rahal rencontrent le public de Tizi-Ouzou

Lors d’une vente-dédicace de l’ouvrage Beihdja Rahal, la félicité du répertoire andalou: Kamal Bouchama et Beihdja Rahal rencontrent le public de Tizi-Ouzou

Beihdja Rahal était l’invitée, dans la soirée de samedi dernier, du Café littéraire et philosophique de Tizi-Ouzou organisé par Emev. A ses côtés, l’ex-ministre et écrivain Kamal Bouchama qui a consacré un beau livre à la cantatrice qui a charmé de sa voix et de sa présence le nombreux public. Entre réminiscences historiques distillées par l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, et des anecdotes croustillantes puisées au hasard de ses pérégrinations, de ses voyages, de ses rencontres avec son public et de son parcours artistique (par l’une des meilleures voix du répertoire andalou, pas seulement en Algérie), l’après-midi fut un véritable voyage dans l’histoire, le passé glorieux de l’Andalousie et de la musique andalouse, ce patrimoine qui a été laissé en héritage par les revenants de la terre ibérique vers leur terroir nord-africain suite aux guerres de la Reconquista, reconquête par les royaumes chrétiens des territoires ibériques occupés par les musulmans.

Pour beaucoup, ce fut aussi une immersion dans les charmes discrets et envoûtants de la musique andalouse. Durant presque une heure, les deux hôtes de la ville des Genêts se sont prêtés au jeu des questions-réponses avec le public.

L’échange a donné lieu à une véritable découverte de l’histoire méconnue et des charmes discrets de ce paradis perdu que fut l’Andalousie racontée avec passion par l’auteur de Beihdja Rahal, la félicité du répertoire andalou.

Un ouvrage qui, confesse-t-il, est le fruit de sa passion pour la musique andalouse et de l’intérêt qu’il porte pour la patrimoine musical algérien. «Je raconte le parcours biographique et artistique de Beihdja Rahal, je rends hommage à son engagement pour la transmission de son talent dans le cadre des masters class qu’il organise pour enseigner la musique andalouse…

Avec des mots simples, il racontera l’histoire de ces Africains du Nord, ces Amazighs qui ont entrepris en 711 «non pas une expédition hégémonique mais une entreprise culturelle.» Une présence qui a permis l’édification de grandes cités, de royaumes. Et de souligner le mérite de ces souverains issus de grandes tribus d’Afrique du Nord qui ont régné en ayant le souci de la tolérance et du vivre ensemble. «A côté des mosquées, ils ont construit des cathédrales et des synagogues», expliquera l’invité du Café littéraire de Tizi-Ouzou qui a défendu l’idée que la musique andalouse a des racines berbères, elle porte en elle le sceau du terroir et de l’humus culturel de ceux qui sont partis d’ici.

«La musique andalouse, c’est nous», clamera Kamal Bouchama qui se fait, pour ainsi dire le VRP d’une musique qui reste longtemps cloitrée dans une tour d’ivoire, une musique savante réservée à une certaine élitite. Un aspect que récuse Beihdja Rahal qui dit faire de pédagogie en faisant accompagner les albums des noubas qu’elle a eu à enregistrer par des fascicules dans lesquels sont transcrits en arabe les textes et les poèmes chantés accompagnés de traductions en français. Une façon de rendre plus accessible ces textes et de vulgariser auprès d’un public de plus en plus large.

Sur son expérience en tant qu’interprète des grands standards de la musique andalouse et de ses noubas, Beihdja Rahal dit avoir fait le choix de la difficulté en s’investissant dans la recherche, la découverte et la promotion du patrimoine.

Un tantinet perfectionniste, mais au bout satisfaite de la reconnaissance du public pour le travail accompli.

Répondant à une question d’un mélomane qui voulait savoir si elle pouvait chanter en kabyle, Beihdja Rahal aura cette réponse : «Je préfère interpréter la musique que je connais le plus et dans laquelle je suis formée ; je chante ce que je ressens», dira-t-elle. «Il n’est jamais venu à l’idée de M. Tahar Fergani, de son vivant de chanter le aroubi algérois, car c’est dans le malouf constantinois qu’il s’exprime le mieux», plaidera-t-elle.

S. A. M.