Lignes rouges

Lignes rouges

Le bras de fer engagé entre le Premier ministre et le président du FCE a permis de lever le voile sur certaines pratiques tolérées et encouragées en haut lieu qui ont fini par développer une véritable industrie de la rapine. Le siphonage en règle de l’argent public à travers les contrats de complaisance, les passe-droits et l’omnipotence de quelques noms derrière toutes les décisions, surtout économiques, ont graduellement gangréné le pays le livrant à la corruption. Une corruption institutionnalisée, à échelle industrielle, devenue la norme et un passage obligé pour tous les hommes d’affaires honnêtes, oui il en existe, qui veulent investir dans ce pays.

Ces pratiques maffieuses devenues, en l’espace d’une décennie, un pouvoir parallèle phagocytant presque le gouvernement en place a rendu l’économie nationale exsangue précipitant le pays vers une voie sans issue. On est presque à remercier la crise mondiale et la chute des prix du pétrole qui ont permis de dévoiler les dessous des cartes et à faire sortir du bois ces prédateurs qui ont senti les dernières gouttes de sang de la proie. Et la proie, dans ce contexte, est cette Algérie livrée aux mains d’une bande maffieuse qui y a mis le feu. Les chiffres sont effarants, on évoque des milliards de dollars détournés par la grâce d’une administration complice, ainsi que l’érection de fortunes en numéraire et patrimoines disséminés un peu partout dans les paradis fiscaux.

Chaque jour délivre son lot d’indiscrétions sur de hauts responsables en poste ou en disgrâce, sur le trafic d’influence et la collusion d’intérêts qui font florès au détriment de la sécurité du pays. Une ligne rouge que beaucoup n’ont pas hésité à franchir, vendant l’Algérie pour une carte de résidence ailleurs ou une nationalité de rechange. Le travail de Tebboune ne peut rester sans écho puisqu’il est déjà pris en relais par les Algériens. La rue salue son action, soulagée qu’enfin quelqu’un ose s’ériger contre ces intouchables de la République. Certes, les interrogations sont toujours là, légitimes, et les réponses, comme d’habitude, sont aux abonnés absents. Si la guerre est déclarée à l’oligarchie, tout reste à faire en termes de respect des libertés individuelles et des droits civiques. L’Algérien attend avec impatience la suite du feuilleton en espérant qu’il n’aura pas l’espérance de vie des feux de l’amour.