Le webdocumentaire “Wesh Derna” aime ceux qui ne font pas ceux qui geignent

Le webdocumentaire “Wesh Derna” aime ceux qui ne font pas ceux qui geignent

Naziha, 30 ans est Algéroise. Atteinte d’un lourd handicap, la jeune femme a pourtant choisi de croquer la vie à pleines dents à travers son activité de pharmacienne et son amour pour l’art. Son histoire, vous l’aviez peut-être découverte cet hiver, dans le tout premier épisode de « Wesh Derna ? ».

Derrière ce web-documentaire, Riadh Touat, 31 ans, pharmacien lui aussi. Fort d’une expérience de sept ans à la radio Chaîne 3, où il avait la charge de concevoir une chronique de vulgarisation scientifique, Riadh Touat a lancé « Wesh Derna ? » sur la toile, en janvier 2017. « J’avais envie de valoriser la jeunesse algérienne qui porte un regard positif et créatif sur son pays », confie-t-il au Huffpost Algérie.

De la production à la réalisation, en passant par le mixage et la promotion du projet, Riadh Touat est seul aux manettes. « C’est pour cela qu’il n’y a pour le moment que trois épisode « , précise-t-il.

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Si ce n’est pas sous cet angle qu’il avait bâti son webdoc, le réalisateur n’a pas peur aujourd’hui de présenter « Wesh Derna ? » comme un média alternatif. « Tout ce que je fais, je le fais gratuitement, pour moi, pour les Algériens et pour l’Algérie. J’en avais marre de l’image véhiculée sur notre jeunesse ici ou à l’étranger. Je ne me reconnaissais jamais ».

Riadh Touat vivrait-il dans le déni ? « Pas du tout, affirme-t-il. Je ne fais pas de la propagande (rires) ! Il ne s’agit pas de dresser un portrait idyllique de l’Algérie mais de rendre hommage à ceux tentent des choses. J’ai eu moi aussi à quitter l’Algérie et chacun connaît, je pense, son Algérie négative. Ce n’est pas la peine d’en rajouter une couche. Je ne vois pas pourquoi dès qu’on parle positivement de l’Algérie, ça devrait être suspect ! »

Si le porteur de projet a choisi de travailler auprès de la jeunesse, c’est pour qu’il soit, selon lui, le plus représentatif possible de la société algérienne.

Les épisodes de « Wesh Derna ? » durent entre 15 et 20 minutes. Les témoignages, matière première du projet, Riadh Touat les a d’abord piochés dans son réseau personnel. « Je ne veux pas parler de casting, mais plutôt de sélection. Je n’ai aucune feuille de route. Les personnes que je choisis sont des personnes qui, par leur parcours, m’inspirent. Qui se bougent pour leur pays, qu’elles soient riches ou pauvres, diplômées ou non. En espérant que par la suite elles puissent en inspirer d’autres … « .

Pas de casting donc, mais des critères. Pour intégrer « Wesh Derna ? », les profils doivent être âgés entre 18 et 35 ans, ce qui signifie qu’ils doivent avoir aussi connu la décennie noire, comme son réalisateur. « C’est important pour moi de valoriser des récits de vie qui ont surmonté cette période difficile de notre histoire », souligne-t-il. Ce qui compte aussi c’est que ces personnes aient passé la majeure partie de leur vie dans leur pays et qu’ils soient profondément attachés à leur identité algérienne.

Pour le reste, Riadh Touat laisse place à l’improvisation :  » C’est du one shot ! On ne refait aucune prise et aucune question n’est préparée à l’avance. Mes questions ne sont pas très approfondies pour préserver la spontanéité des personnes interrogées « .

Une ode à l’Algérie donc, mais qui demeure pour le moment très francophone pour le moment. « J’espère réussir dans la durée, a rencontrer des gens issus des 48 wilayas », pointe-t-il.

Le concept semble séduire les internautes puisqu’aujourd’hui, la page Facebook de « Wesh Derna ? » cumule plus de 11 000 abonnés. Mais Riadh Touat garde les pieds sur terre et veut profiter de cette audience pour donner un nouveau tournant à son projet. « J’ai eu envie d’aider les jeunes entrepreneurs. J’ai rencontré des gens qui avaient des idées incroyables mais qui manquaient de visibilité, faute d’argent, de réseau. Alors c’est ma façon à moi de les aider. »

Là aussi, Riadh Touat affirme qu’il ne perçoit pas le moindre centime, considérant cette démarche comme sa part de contribution à la société algérienne. « J’ai un métier. C’est comme cela que je gagne ma vie. Avec « Wesh Derna ? », je n’ai pas la prétention de pouvoir tout changer. Je veux simplement aider, et inspirer les gens à mon niveau. »

Et vous, wesh dertou ?