Le Royaume-Uni « contraint » de renégocier l’accord sur ses frontières avec la France : encore une conséquence du brexit

Le Royaume-Uni « contraint » de renégocier l’accord sur ses frontières avec la France : encore une conséquence du brexit

brexit--660x330.jpgLe gouvernement britannique est « contraint » de renégocier l’accord sur les frontières entre le Royaume-Uni et la France, appelé « les accords Touquet », alors que le nombre de migrants en attente de rejoindre la monarchie continue d’augmenter, selon un ancien diplomate britannique cité hier par les médias à Londres.

Les accords Touquet devraient être revus de manière à permettre le contrôle des migrants du côté britannique après le brexit (retrait britannique de l’Union Européenne), a estimé Sir Peter Ricketts, qui a relevé que le nombre des migrants à Calais attendant de rejoindre le Royaume-Uni approche le seuil de 10000.

Intervenant sur la BBC, le diplomate a souligné que l’ »accord est en danger » après le vote britannique pour le brexit, estimant que sa révision est impérative, notamment avec le discours politique français actuellement sur cette question, exigeant sa révision.

Conclus en 2003 entre le Royaume-Uni et la France, les accords Touquet ont permis de déplacer le contrôle de la frontière britannique du coté français, avec une participation financière de Londres. L’accord bilatéral autorise le Royaume- Uni à renvoyer en France un migrant considéré comme indésirable, sans jugement. La question des migrants logeant des bidonvilles aux frontières franco-britannique a déjà été posée par la France avant même le résultat du référendum sur le brexit du 23 juin, favorable au retrait de Londres du bloc européen.

Des politiques français avaient jugé que le Royaume-Uni devrait contrôler ses propres candidats à la migration, et ont parlé d’une révision des accords Touquet. Durant la campagne, des personnalités britanniques avaient accusé la France d’un relâchement dans le contrôle de façon délibérée, alors que la question de l’immigration a été au coeur de la campagne pour le brexit.

Les migrants cherchant à rejoindre le Royaume-Uni s’agrippent clandestinement à bord des camions et autres véhicules qui traversent la Manche. L’ancien ambassadeur britannique en France a déclaré que si un candidat de droite remportait l’élection présidentielle l’année prochaine en France, le Royaume Uni « va devoir faire face à une négociation très sérieuse avec la France à propos des accords Touquet ».

Il a estimé qu’il serait « difficile » pour le Royaume-Uni de faire face seul à la crise de la migration massive de la Syrie et d’ailleurs, et au nombre de personnes qui tentent de rejoindre le pays aux frontières de la France. Il a rappelé que le règlement UE-Dublin suggère que les migrants qui souhaitent demander l’asile doivent le faire dans le premier pays qu’ils atteignent, estimant que « la meilleure façon de réduire le nombre des migrants à Calais est de dire clairement et directement que la porte est fermée ».

Pour sa part, et également dans une interview à la BBC, le président du conseil régional de Nord-Pas-de- Calais-Picardie, Xavier Bertrand a déclaré lundi qu’il devrait y avoir un « nouveau traitement » pour les demandeurs d’asile qui tentent de se rendre au Royaume-Uni à partir de la France. Il a ajouté que si le gouvernement britannique refusait d’aborder cette question, « les accords Touquet, c’est terminé ».

Lors de la campagne pour le référendum sur le brexit, l’ancien premier ministre britannique David Cameron, avait prévenu qu’en cas d’un vote favorable au retrait de l’UE, l’accord sur les frontières serait remis en question, et il serait « plus compliqué » de contrôler les demandeurs d’asile aux frontières.

Le président français, François Hollande, avait discuté de la question avec la nouvelle première ministre britannique Theresa Mai, lors de sa visite en juillet en France. Mme Mai avait déclaré alors, que les accords Touquet bénéficient aux deux pays, et qu’ils devaient être maintenus après le brexit. Après le changement de ton de la France, le Home Office a annoncé une visite du ministre de l’intérieur, Amber Rudd, mardi, à Paris pour discuter, entre autres, de la question des frontières avec son homologue français, Bernard Cazeneuve, démissionnaire depuis hier. R.N.