Le réalisateur Karim Moussaoui: «Sortir du récit classique du film pour narrer»

Le réalisateur Karim Moussaoui: «Sortir du récit classique du film pour narrer»

Karim Moussaoui est le réalisateur du film En attendant les hirondelles. C’est le premier long métrage de ce jeune réalisateur algérien. Ce film a été projeté au Festival de Cannes 2017 dans la sélection «Un certain regard». Il a obtenu, par la suite, le Grand Prix du Festival international du cinéma arabe à Oran. En attendons les hirondelles a été projeté durant la soirée d’ouverture des 15es Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Rencontré après la projection, Karim Moussaoui a bien voulu répondre aux questions du Temps d’Algérie.

Le Temps d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a inspiré votre film ? 

Karim Moussaoui : Au départ, il y a une envie. Celle de parler de m’exprimer et de raconter l’histoire de personnes qui sont amenées à changer leur point de vue, à évoluer. J’avais envie de raconter des situations qui racontent ça. Comment les événements s’enchaînent pour t’amener à comprendre certaines choses. Ce qui m’inspire aussi ce sont les endroits où je vis, les discussions avec mes amis, des sujets de discussions qui préoccupent les gens au fil de mes rencontres, et aussi ma propre réflexion et subjectivité. J’essaie de trouver un équilibre entre tous ces éléments de manière à les scénariser, et mettre tout ça sur un papier et lui donner forme avec des images.

Pourquoi avoir choisi ce style de narration ?

Parce que généralement une histoire avec un récit classique veut qu’il y ait un début avec présentation des personnages, des lieux, de la situation. Alors que là, on entre directement dans une vie. Quelque part, c’est pour préciser ce qu’il y a, à mes yeux, d’essentiel à raconter. On n’essaie pas de raconter une histoire pour qu’elle soit belle et qu’on puisse partir avec des émotions. Cela est contraire au moyen métrage que j’avais réalisé dans le passé, et qui a une grande part émotionnelle. En attendant les hirondelles, je le voulais beaucoup moins émotionnel parce que j’ai fait le choix de mettre le spectateur dans un endroit précis, et lui donner beaucoup plus de place que dans mes précédents moyens métrages. Et pour cela, il faut éviter de tomber dans tous les artifices du scénario, et tous les effets qui vous ruminent, qui vous rendent triste ou terrorisent. Dans ce film, j’ai voulu beaucoup moins manipuler dans cet endroit-là. Cela, dans le but de mettre en évidence l’intention qui est les situations des personnages du film, du processus de remise en question.

Pourquoi avez-vous choisi de raconter ces situations en trois générations ?

Oui, il y a trois générations, trois espaces différents, et trois lieux différents, et aussi trois catégories sociales. Avec tous ces éléments, c’est pour dire que c’est une perception d’un pays. L’idée de base été qu’à la fin du film, on aura l’impression qu’on parle d’un pays. C’est une perception d’un pays.

Est-ce que votre film aura une sortie en Algérie ?

En attendant les hirondelles est projeté, ici, à Béjaïa et à Oran. Il sera également projeté à Alger. Mais une sortie en salle, je ne sais pas encore. C’est un peu compliqué. Parce que, d’abord il y a un problème de distribution. Il y a de la chance que ce film passe par le réseau de la cinémathèque, parce que c’est le réseau le plus important. Mais pour le moment, il n’y a rien d’officiel.

A. I.