Le réalisateur de «le flic de belle ville», à l’expression: « C’est un film sur l’immigration »

Le réalisateur de «le flic de belle ville», à l’expression: « C’est un film sur l’immigration »

Par 

Le Réalisateur de Indigènes et Hors la Loi était présent à Alger cette semaine où il est venu présenter son tout nouveau long métrage-fiction, Le flic de Belleville avec comme acteurs principaux Omar Cy et Beyouna. Une comédie hilarante sur fond de drame policier et de trafic de drogue en Afrique, qui a été projeté devant une salle Ibn Zeydoun comble et en éclat, mercredi soir dans le cadre du Fica… Rachid Bouchareb nous parle des dessous de sa dernière production cinématographique récemment sortie en France, mais pas que…

L’Expression: Votre film se démarque des autres de votre filmographie, notamment Little Senegal, Indigènes, Hors la loi, pour ne citer que ceux-là. Le flic de Belleville apparaît comme un ovni à côté. Comment vous est venue l’idée de faire ce film?

Rachid Bouchareb: J’ai toujours été fan de toutes ces comédies et ces acteurs afro-américains des années 1980 comme Eddy Murphy par exemple. Ensuite il y a eu toute une série de films que j’ai beaucoup aimés et un peu plus tard c’est tout ces films qui s’appelaient L’Arme fatale avec Dani Glover, Mel Gibson… Je suis très fan de ces films de cette époque-là. Aujourd’hui on en fait moins. J’ai voulu essayer de revenir à cette époque en écrivant un film avec tous ces codes de comédie policière des années 1980 pour rendre hommage à tous ces films et puis m’amuser aussi avec les acteurs. Je savais que le genre de la comédie est difficile, mais j’ai voulu m’essayer au moins une fois dans ma carrière à ce type d’expérience. A priori, à ce qu’on m’a dit, les gens ont beaucoup ris. C’est ce que j’ai vu aussi à Paris et dans les autres pays comme la Suisse et la Belgique. Ça a l’air donc de fonctionner. Omar Cy a aussi grandi avec ces films. Même lui, il est imprégné de ce passé cinématographique des années 1980 et 1990 et ces acteurs formidables. Eddy Murphy est un grand acteur comme tant d’autres de l’époque. Colombo m’a aussi beaucoup influencé. je regarde et j’aime beaucoup cette série.

Comment s’est fait le choix de ces acteurs-là, de Omar Cy, Beyouna, les acteurs américains, l’actrice vietnamienne? Tout ce mix-là, ce métissage a dû être important et peser dans votre film? Pourquoi le choix de toutes ces nationalités dans votre film finalement?

Tout d’abord, J’ai écrit ce film pour Omar Cy, Beyouna et l’acteur américain. Ça a été un long travail à rire ensemble. Tout le temps. Ce n’était pas un film difficile à faire, mais plutôt la partie technique sur les différents lieux avec une grosse équipe de tournage aux USA. Je me suis reposé sur ce tandem assez bizarre qu’est Omar Cy et Beyouna. Je savais que je pourrais leur faire confiance et cela allait fonctionner entre eux. Ça reste pour moi un film d’immigration. Moi je mets Beyouna dans l’idée d’aller autre part parce que dans le HLM de la ville où elle habite à trois/quatre étages cela ne lui convient pas vraiment. C’est donc un voyage d’immigration. C’est à l’image de tous les films que j’ai faits. Il y a toujours cette idée d’aller quelque part et la mixité des nationalités, c’est ce qu’on rencontre aujourd’hui en France et pas seulement mais dans le monde entier. Je pense que fermer les pays cela ne va rien résoudre. Pour moi, c’était intéressant de mélanger. Les Chinois existent maintenant à Paris.

La communauté chinoise est de plus en plus importante. Le quartier de Belleville en témoigne. Quand je faisais mon enquête sur le Nouvel An chinois, un an avant, je suis allée voir la communauté chinoise à Paris. Vous vous souvenez des scènes où il y avait des dragons? Ils m’ont très vite accepté pour m’aider à faire le film et m’ont demandé de venir. Le jour J j’arrive et je vois que la moitié des acrobates sont africains. C’est-à-dire qu’en dessous de leurs habits ce sont des Africains. Parce qu’ils sont nés et grandi avec des Chinois dans les mêmes quartiers, ils sont allés dans les mêmes écoles. Il y a des cultures qui s’interpénètrent. Ça m’a confirmé dans mon idée de départ car je voulais que Beyouna soit la mère de Omar, même si on ne comprenait parfois pas en France ce duo, alors que pour moi ça me paraissait naturel de faire rentrer des communautés ensemble. Le travail avec les acteurs c’était d’abord ce parti pris. Cela faisait longtemps que je voulais faire un film avec Omar Cy. Et puis, je savais que c’était des acteurs avec qui j’étais sûr que j’allais m’amuser pendant des mois plutôt que travailler.

Et ça portera sur quoi votre prochain film?

J’ai envie de revenir à quelque chose de moins drôle. J’ai envie de faire un film sur l’engagement des Européennes dans la guerre d’Algérie, en Algérie, et des femmes algériennes dans les années 1950. Je suis en train de travailler sur l’histoire, le scénario que j’écris et réécris. Pour l’instant c’est cela mon projet futur.

L’Afrique est le carrefour de la revente de drogue dans votre film…

Les nouvelles routes de la drogue aujourd’hui c’est l’Afrique. Il y a les cartels de l’Afrique du Sud qui visent maintenant une nouvelle clientèle et de nouvelles routes pour distribuer la drogue jusqu’en Europe.

Comme j’ai travaillé beaucoup là-dessus, je ne voulais pas faire un film qui ne repose pas sur des réalités c’est pour cela que j’ai introduit le problème de la drogue en Afrique et de la jeunesse qui est touchée et qui le sera de plus en plus dans le futur puisque les jeunes sont devenus les nouveaux clients et le nouveau marché du cartel de la drogue.

Pensez-vous faire sortir votre film dans les salles en Algérie?

Quand j’ai vu l’accueil qu’a reçu mon film, j’ai dit à Ahmed Bedjaoui que ce serait une bonne idée de le faire sortir en effet ici. Sortons le film puisque ça plait. C’est le public qui le confirme ou pas. S’il y a un intérêt moi je vais pousser les choses pour qu’il sorte partout dans le pays. Que cela fasse une tournée comme je l’ai fait avec mes autres films.