Le FFS de Laskri intransigeant

Le FFS de Laskri intransigeant
Hocine Adryen

Le fils du défunt Hocine Aït Ahmed, Jugurtha, journaliste installé en Suisse, compte s’impliquer davantage dans les affaires internes du FFS, même s’il n’a aucun lien organique ni aucune légitimité sauf celle d’une filiation avec le fondateur du parti.

Après avoir soutenu Chafai Bouaiche contre la direction actuelle du parti, il s’est encore une fois manifesté en déclarant son appui à Salima Ghezali, élue députée sur la liste d’Alger. Dimanche matin, il s’est déplacé au siège du FFS pour soutenir Salima Ghezali, qui devait passer en conseil de discipline pour avoir fait publier sur un site électronique, au mois d’août dernier, une lettre adressée au vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaid Salah.

« Salima Ghezali, qui a été une conseillère politique de mon père choisie et appréciée par lui pour la finesse de ses analyses, est jalousée par quelques apparatchiks sans envergure. Elle est la personnalité, au sein du parti, qui peut garantir et préserver aujourd’hui les idéaux et la ligne politique édifiée par Hocine Aït Ahmed », avait-il écrit. Le député Bouaiche, qui devait lui aussi passer en conseil de discipline ne s’y pas présenté, mais s’en est excusé, invoquant une indisponibilité. De ce fait, son passage devant cette commission a été reporté à une date ultérieure. A quelques mois du congrès qui devrait désigner une nouvelle direction, le fils de Aït Ahmed veut peser de tout son poids pour renverser la tendance et acculer la direction actuelle du parti, en froid avec lui. Il faut relever que Salima Ghezali est proche de Jugurtha, le fils du regretté chef historique du parti.

Lors de la dernière crise interne, les deux fils du fondateur du parti ont rejoint le front aux côtés du « cabinet noir » contre le duo Laskri-Djilani. La famille d’Aït Ahmed a soutenu publiquement Chafaâ Bouaiche, Aziz Baloul, Salima Ghezali, Karim Baloul et Bahloul dans leur démarche hostile à la direction du FFS issue du dernier congrès extraordinaire 20 avril dernier.

Le 3 août dernier, le fis cadet du fondateur du FFS avait apporté son soutien à l’ex-chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaâ Bouaiche, après le gel de ses activités au sein du parti en attendant sa comparution devant la commission de discipline, au motif de dénigrement des militants et cadres du parti sur les réseaux sociaux : « Entre le marteau et l’enclume ! Sisyphe n’est pas un mythe. C’est une réalité souvent brutale qu’il faut appréhender avec abnégation et philosophie comme tu le fais. Merci pour ton engagement exemplaire. Ton courage. Tu n’as rien à te reprocher, bien au contraire. Ta parole, responsable et libre est incompatible avec la culture du caporalisme et du centralisme démocratique en marche sous nos yeux ébahis », peut-on lire dans le message de soutien et de prise de position envoyé par Jugurtha Aït Ahmed à Chafaâ Bouaiche.

L’autre fils de Hocine Aït Ahmed, Salah, qui ne s’est jamais exprimé par le passé sur la vie interne du FFS, a aussi rompu son silence et s’est engagé dans la bataille à visage découvert. Commentant une sortie du premier secrétaire du FFS à Draâ El Mizan, lors de laquelle il a affirmé que le FFS « n’est pas une question de famille », Salah Aït Ahmed compare le trio Ali Laskri, Mohand Amokrane Chérifi et Hadj Djilani à ceux qui ont pris le pouvoir de force en 1962 : « Pervertir pour enterrer la collégialité, objectif stratégique du triumvirat Ali Laskri, Mohand Amokrane Chérifi et Hadj Djilani », lit-on sur son compte facebook. Un ancien cadre du FFS révèle que la famille et les proches de Hocine Aït Ahmed « voulaient avoir le contrôle total des appareils du parti au lendemain de la disparition de ce dernier.

La famille et les proches d’Aït Ahmed ne veulent pas admettre que le parti a changé de main. Ils souhaitent toujours garder la main sur les affaires du parti. Les enfants de Hocine Aït Ahmed n’ont pas de lien organique avec le parti. Leur position est avant tout symbolique », indique-t-il.

Le clan Laskri ne compte pas laisser passer cette « offense », lui qui répète souvent que le parti est revenu aux mains des militants.