Le chanteur et parolier Mohamed Ounis: Un riche parcours

Le chanteur et parolier Mohamed Ounis: Un riche parcours

Auteur d’une œuvre composée de plus de 150 chansons et de 22 cassettes, enregistrées toutes à l’ONDA, le chanteur et parolier Mohamed Ounis est l’un des meilleurs représentants de la chanson de Batna et d’Algérie.

 

Mohamed Ounis, ce chanteur à la voix chaude, prenante et attirante, qui procure une sensation de bien-être, très agréable à entendre. Cet artiste qu’on a rencontré au café El-Merikh du quartier Bouakal de Batna revient sur son parcours artistique et les raisons de sa disparition de la scène en 1995 et sur son retour, ces derniers temps, pour des émissions et des reportages culturels passés souvent à la télévision. Mohamed Ounis a connu à partir des années 1970-1980 et les débuts des années 1990 une grande célébrité. Il accumule alors succès sur succès auprès du public algérien, surtout aurasien. Il faut notamment retenir ses célèbres chansons, composées par le grand maestro Mahmoud Chérif, lesquelles avaient fait fureur à l’époque, notamment Ya Lafnar Beît Iqdi, Lah’Lah Rahoum Tahmouni, Ah’na Jinakoum Ziyar et Ya Cheikh ya Cheikh Rani Djittek Zayer. Ces chansons sont reprises jusqu’à nos jours par les chanteurs des Aurès. Son abondante œuvre enregistrée prouve son succès et tous ceux qui l’ont vu ou côtoyé ont été fortement marqués par la voix, le volume, le timbre et l’articulation et par son charisme. Généralement considéré comme le représentant de la chanson d’expression chaouie, Mohamed Ounis est en tout cas l’un des premiers chanteurs à s’être imposé hors de cette région des Aurès.

Au début, était le texte

Au sujet de son parcours artistique, il indique : «Mes débuts artistiques ont commencé par l’écriture des chansonnettes à un âge très jeune. L’ex-directeur de la maison de la culture Mohamed Al-Khalifa de la ville de Batna, Aïssa Messaoudène, qui est un ami de longue date et qui était à l’époque professeur d’arabe, m’a initié à la versification, au vers, aux hémistiches etc. Encouragé, j’ai commencé à produire, en même temps, à les déclamer et à les chanter. Les premiers textes que j’ai écrits et chantés étaient Ya Chikhi djitteq zayer, interprétée dans un style de malouf et Ya’Ahla Ou Sah’la dans un style de Farid El-Attrache. Le directeur du FAJ de Bouakal à l’époque m’a demandé si je pouvais leur écrire une chanson et participer en même temps à l’occasion de l’émission Liqa Maa Chabab (Rencontre avec les jeunes) entre les jeunes de la ville d’El-Asnam (Chlef) et la ville de Batna à l’occasion de la Fête fête de l’indépendance. J’ai participé à ce concours organisé conjointement par la Radio et la Télévision de Constantine et j’ai obtenu le premier prix. Depuis ce succès, j’ai sillonné les villes de l’Est en compagnie du feu chanteur Mohamed Lawrassi et le musicien Aziez N’meur, qui m’a appris la musique. D’ailleurs, il a formé presque à tous les musiciens de la ville de Batna et tout le mérite lui revient». Durant notre discussion avec l’artiste, les souvenirs des années 1970-1980 et les débuts des 1990 émergent et se précisent. Mohamed Ounis commence à nous parler des musiciens de Batna qui avaient marqué l’époque et dont certains continuent jusqu’à maintenant à servir la culture au niveau de cette wilaya. Tout doucement, notre interlocuteur braque tous les projecteurs sur son histoire et sa rencontre avec l’illustre musicien et maestro Mahmoud Chérif. Il la raconte dans les moindres détails. Le chanteur et parolier Mohamed Ounis voue beaucoup de respect et d’admiration à Mahmoud Cherif et reconnaît que sa propulsion sur la scène artistique revient essentiellement à ce grand musicien que la ville de Batna, devrait lui dédier un monument. «Ma célébrité remonte au début des années 1970. Elle coïncide avec le retour du musicien Mahmoud Chérif, après des études en Egypte. Cheikh Mahmoud, à l’époque désigné à la tête de l’orchestre pilote de la télévision de Constantine, était en train de travailler avec un chanteur. Ce dernier n’avait pas pu suivre le rythme et la cadence, et comme j’étais dans la salle en train de suivre les répétitions, je m’étais proposé à le remplacer et à essayer… Mis à l’épreuve, l’essai était concluant et j’étais retenu… Je me rappelle bien que j’avais chanté Istikhbar Moual, Hal’li Maâdhour… Ma voix n’avait pas laissé Cheikh indifférent. En professionnel, il avait très vite décelé de bonnes qualités dans ma voix et m’avait engagé comme chanteur. De là, ma carrière artistique avait commencé …»

Le succès

Le chanteur Mohamed Ounis avait connu une grande popularité à cette époque et au début des années 1990 avant qu’il ne disparaisse de la scène artistique, suite à des mésententes avec un réalisateur, qui l’avait mis en quarantaine. Pour des différents avec un réalisateur, Mohamed Ounis était revenu à la cassette et il avait enregistré 22 cassettes d’un total de 156 chansons déposées à l’ONDA. Le chanteur à la voix d’Aïssa Djermouni avait travaillé en France avec des musiciens, dont Zitouni Azzi et le percussionniste Mohamed Lemsili (percussionniste, derbouka), qui avait joué avec l’orchestre de Farid El-Atrache. Le chanteur auréssien (d’expression chaouie et d’expression arabe) Mohamed Ounis avait, également, interprété beaucoup de chansons ayant eu du succès à l’exemple Hali Medhrour, Ana Litim Maendich Ouma, Al’lala Mabroumet Ennab… Pour des raisons familiales, qui n’ont rien avec la décennie noire, le ténor des Aurès a desserré le frein, mis fin à sa carrière de chanteur en 1995, mais il a continué à écrire des poèmes et faire des recherches sur le patrimoine musical aurassien.

Aguellid Aguellil