La problématique de la lecture posée au Sila : La situation de la lecture publique en Algérie est alarmante

La problématique de la lecture posée au Sila : La situation de la lecture publique en Algérie est alarmante

Le manque d’espaces de lecture et de bibliothèques à travers tout le pays a été abordé, hier, au « Sila 2018», par certains éditeurs et professionnels du livre rencontrés à la 23e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila 2018). Ces derniers démontrent au « Courrier D’Algérie » que le manque de ces espaces de lecture freine considérablement la promotion de la lecture en Algérie. De l’avis des professionnels du livre, la situation de la lecture en Algérie est alarmante. Abdelkader, un enseignant à l’université et éditeur, rencontré au salon, a constaté que la lecture en Algérie est en danger du fait qu’il n’existe pas de données claires sur le livre et de statistiques sur le nombre exact de lecteurs en Algérie. Ce dernier déplorera, dans ce contexte le peu d’intérêt accordé à la lecture par les jeunes. De son constat fort sur place, un autre éditeur interrogé nous a affirmé, dans le même ordre d’idées qu’il n’y a pas, effectivement d’études statistiques sur la lecture en Algérie établie pour étudier l’évolution de cette pratique. Il soutient, toutefois, que cela dénote d’un dysfonctionnement dans la politique générale du livre. Le même responsable déplorera, d’autre part, qu’il est quand même triste et révoltant de voir que la majorité des algériens ne lisent pas et n’achètent pas de livres : «Le constat est vraiment, terrible», a-t-il martelé dans ce sens.

«La nécessité de revaloriser le rôle des bibliothèques et redonner le goût à la lecture….»

Face à cette situation, Lotfi, un jeune visiteur rencontré au Sila, considère aussi que la lecture publique a enregistré un net recul dans notre société, ces dernières années : «Les citoyens ne lisent pas trop … tout d’abord avec les réseaux sociaux, un fléau qui les rend loin de la lecture», renchérit-il . Avant d’enchaîner : «De même, les livres audio et numériques ont gagné une extension considérable au sein de plus de deux tiers des jeunes et moins jeunes». Walid, un gérant d’une entreprise a, quant à lui, précisé que la plupart des jeunes bouquinent sur leur Smartphone : «Malheureusement, et nous l’avons particulièrement constaté, les gens commencent à bouder le livre papier, ils s’orientent vers tout ce qui est numérique », observe-t-il encore. Notre interlocuteur tient à nous expliqué, encore qu’en Algérie peu de librairies et peu de bibliothèques existent. À cela s’ajoute le manque d’équipements et de ressources humaines qualifiées dans ces lieux de lecture. Outre cela, il évoquera la nécessité de revaloriser le rôle des bibliothèques et redonner le goût à la lecture.

Pour sa part, Hamid un autre enseignant en langue arabe a soulevé le problème de la fermeture de certaines bibliothèques publiques à Alger en raison du manque de fonds matériel. Aussi, selon de nombreux témoignages récoltés au salon, il a été précisé que le manque de ces espaces de lecture a été aussi constaté à travers tout le pays, nous confirme l’un des ces visiteurs. De même, les professionnels du livre ont à plusieurs reprises insisté sur la nécessité de la création d’une bibliothèque dans chaque commune, a tenu à souligner encore Hassan, un jeune éditeur interrogé à l’entrée du salon. Evoquant la lecture comme plaisir, aussi bien pour les enfants, Kamel, un père de famille insistera sur la question de transmettre, aussi ce plaisir aux enfants : « Quand le livre est ancré dans les habitudes des parents, les enfants finissent par les imiter », souligne notre interlocuteur. Et de poursuivre : « L’apprentissage de la lecture est essentiel pour l’enfant …de même, il faut l’aider à mieux comprendre ce qu’il lit », a-t-il ajouté dans ce sens. Par ailleurs, il juge illogique de ne pas donner le goût à l’enfant même d’ouvrir un livre.

Mehdi Isikioune