La fin des quatre saisons

La fin des quatre saisons

Même au titre du badinage, les discussions les plus fréquentes portent, depuis ces dernières années, sur le changement climatique. Partout, dans le monde, on constate et on déplore que les saisons se suivent, mais ne se ressemblent plus «comme avant», que le chaud et le froid se télescopent à doses homéopathiques et que, visiblement, le ciel ne sait plus à quel saint se vouer. Lors de la COP 21, des efforts sans précédent ont été consentis par la majorité des pays pour faire face aux conséquences dramatiques des gaz à effet de serre.

La conférence de Paris a vu plus de 180 pays s’engager à limiter les émissions de carbone, même si ces promesses paraissent insuffisantes aux yeux des scientifiques qui prédisent une hausse continue de 2,7°C et un réchauffement de l’ordre de 4° supplémentaire, au plus tard en 2100. Raison pour laquelle un engagement a été pris de limiter la hausse moyenne des températures à -2°C par rapport au niveau pré-industriel, voire même de franchir la barre des 1,5% d’ici à la date fatidique de 2100. Quant à l’objectif ambitionné de zéro émission net, on sait qu’il relève davantage du voeu pieux que d’une réelle adhésion, la volte-face de l’administration Trump en est une démonstration flagrante. Pour le président américain, le réchauffement climatique est une «foutaise», mais les prédictions les moins alarmistes parlent d’un continent africain sinistré dans quelques décennies à peine, du fait de la pollution majeure qu’infligent, à eux seuls, les 10 pays les plus industrialisés de la planète. Le comité scientifique de l’ONU sur le climat a beau tirer la sonnette d’alarme sur les émissions de gaz actuelles qui, si elles se poursuivent telles quelles, auront immanquablement des «effets dangereux» sur la survie de la Terre avant 2070, c’est-à-dire presque demain. Voilà la raison, nécessaire et suffisante, pour contraindre les pays récalcitrants à faire le point en 2023, c’est-à-dire une fois tous les cinq ans, dans une démarche de vigilance obligée qui nécessite un financement de l’ordre de 100 milliards de dollars, la logique voulant que les pollueurs mettent le plus la main à la poche. Du moins en théorie, car on connaît le manque d’enthousiasme des pays riches quand il est question de voler au secours des pays pauvres, beaucoup plus vulnérables face aux aléas actuels du climat. On apprend, aujourd’hui même, que les concentrations du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, responsables du réchauffement climatique, ont établi un nouveau record en 2016, avec comme corollaire, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), «une hausse dangereuse de la température». «La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années», indique l’OMM qui ajoute que «la température était alors de 2 à 3°C plus élevée et le niveau de la mer supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel». Des signaux qui, encore une fois, se passent de tout commentaire et prouvent à quel point la Terre est au plus mal…