La caverne des objets anciens d’Abdelkader Mazouzi: Le témoin d’un passé

La caverne des objets anciens d’Abdelkader Mazouzi: Le témoin d’un passé

Si jamais vous êtes de passage à Bouakal (ville de Batna), n’hésitez pas à rendre visite à la caverne du musicien et brocanteur, Abdelkader Mazouzi, qui regorge d’objets anciens ou vieillots.

Des centaines de pièces de mobilier ancien comme les outils, les ustensiles, les lampes, les appareils électroménagers, les outils agricoles, les fournitures de bureau, les jouets et autres à découvrir vous rappellent le temps passé et vous aident à mesurer les progrès parcourus. Probablement, vous allez aussi vivre des émotions nostalgiques, et lancer un bon nombre de fois : «Ah, mais oui, nous avons les mêmes objets !» C’est féerique et c’est le transport dans cette période passée teintée de nostalgie. Ce lundi, on a passé un bon moment dans la caverne du musicien et collectionneur Abdelkader Mazouzi, parmi ses multiples objets anciens qu’il a collectés durant des années. Cet artiste fait un travail de grande patience et de passion. Heureux, il nous montre les objets, parfois silencieux, parfois il nous raconte l’histoire de ces raretés. Une grande complicité les lie les uns aux autres… Parfois, le souvenir d’un objet, trouvé, acheté ou qui lui a été offert, émerge et le collectionneur Abdelkader s’arrête pour vous raconter toute l’histoire au moindre détail. Il est tout heureux de les montrer et d’en parler. «Qu’il est doux d’écouter les histoires du temps passé !», dit-il. Des retours en arrière nous rappellent ce passé. Après réflexion, elle n’était finalement pas si mal cette époque où on allait à l’école à pied, où le confort dans les maisons n’était pas du tout celui d’aujourd’hui, quand nous prenions encore le temps de vivre et que l’informatique et les jeux vidéo étaient encore bien loin d’exister. Les émotions lâchées à bride libre, laissent la place aux instants de vie passée. Un véritable moment de bien-être, d’évasion et de thérapie. Son local, qui se trouve à Bouakal (Batna), est en train de s’enrichir, chaque jour avec d’autres objets. C’est devenu un lieu où le visiteur peut admirer les pièces amassées pêle-mêle et se souvenir du bon vieux temps.

Une histoire pour chaque objet

Cette caverne de curiosités et d’objets anciens collectés lors de ses multiples voyages, est un livre ouvert à toutes les pages. Que c’est relaxant de visiter cette brocanterie et d’entendre Abdelkader raconter les histoires de ces vieux objets ! «A chaque fois que je suis en Tunisie, au Maroc, en Libye et des villes d’Algérie, je vais dans les brocanteries, les marchés aux puces et vide-greniers. J’achète tout ce qui tombe sous la main, tout ce qui attire ma curiosité pour enrichir et renforcer ma collection», nous confie-t-il. Les objets collectionnés n’ont ni le statut ni la valeur d’une antiquité, mais il s’agit essentiellement d’objets communs issus directement de la société de consommation, d’objets ayant servi les besoins domestiques de ce temps-là : tableaux et statues artistiques, meubles, luminaires, ustensiles d’âtre, articles de cuisine et de table, des objets utilitaires et décoratifs, selles de cheval, tire-bouchons, casse-noix, canettes, boîtes en métal, matériel publicitaire et tout ce qui permet de recréer le cadre de vie ancien et des objets symboliques et représentatifs de la période de la Guerre de libération nationale. «Ma passion de collectionneur est née en même temps avec ma passion pour le bricolage et la récupération des objets, qui remonte à la Guerre de libération nationale pour fabriquer des jouets, des cendriers et autres», explique-t-il. Pour la motivation qui constitue les fondements même de cet acte de collectionner, notre interlocuteur n’était pas en mesure de l’identifier. «C’était tout simplement une passion», s’est contenté de nous dire notre artiste. «Cette passion ou cette collection des objets vieillots le poussent, souvent, à dépenser des sommes exorbitantes pour acheter des objets rares, pour son propre plaisir. Il aime les collectionner», a déclaré le parolier et chanteur Mohamed Ounissi, qui nous a accompagnait lors de notre visite. Abdelkader Mazouzi, certes, est un autodidacte, mais un homme éclairé, qui a su conserver et mettre en valeur les ustensiles et outils utilisés autrefois, ces objets qui sont maintenant le témoin d’un passé qui raconte une partie de l’histoire de la région et du pays. Grâce à ses objets anciens, il a réussi à rappeler les activités des Aurès. «Le but n’est pas de gagner de l’argent en récoltant et conservant les objets anciens. Je dépense plus que je ne gagne. Je le fais pour moi-même, pour mon propre plaisir, pour évoquer avec des amis le temps d’autrefois, la nostalgie, rappeler le temps passé, pour transmettre cette histoire aux jeunes», explique le collectionneur Abdelkader Mazouzi sa passion pour tout ce qui est ancien. Dans le feu de la discussion, il nous a appris qu’il irait les mettre en scène de façon thématique dans une exposition permanente.

Don aux musées

Sa philosophie est de garder en mémoire et de faire vivre les choses anciennes. Sa passion pour la brocanterie n’a pas de limites. Il a déjà fait don de plusieurs pièces relevant de la guerre d’Algérie à plusieurs musées du Moudjahid en Algérie. «Jai donné 40 pièces de collections au musée régional du Moudjahid à Khenchela, 10 au musée du Moudjahid à Batna et au musée du Moudjahid de Maqam E’chahid à Alger. Des demandes m’ont été faites par d’autres wilayas comme Souk-Ahras, Oum El-Bouaghi. Je vais leur en donner et garder pour moi d’autres pour le bon souvenir… C’est une partie de notre histoire», s’enorgueillit le collectionneur. Les objets éparpillés, disséminés dans le local remettent en mémoire des souvenirs oubliés. Selon notre interlocuteur, la collection, que nous avons visitée, ne constitue que la partie visible de l’iceberg parce qu’il a une autre collection plus riche et variée dans la maison de ses parents, qui se trouve au village Yabous, wilaya de Khenchela. Il attend avec impatience des occasions, des événements culturels pour exposer, étaler et partager publiquement sa collection, le fruit de sa passion. Que la direction de la culture de Batna et la maison de la culture Mohamed Laïd-Al-Khalifa et les musées lui tendent la main pour organiser des expositions aux jeunes pour leur rappeler la vie du passé, leur remémorer le temps de leurs parents, de leurs ancêtres… C’est instructif et enrichissant.

Aguellid Aguelli