Finances, Energie, Industrie et Commerce…: Du pain sur la planche pour le gouvernement

Finances, Energie, Industrie et Commerce…: Du pain sur la planche pour le gouvernement

Les portefeuilles ministériels clés du secteur de l’économie ont connu tous un changement suite à la nomination jeudi par le président Abdelaziz Bouteflika des membres du nouveau gouvernement. Certains n’hésitent pas à dire que ce remaniement est d’essence économique, dicté par la conjoncture.

Ainsi, Hadji Babaammi, Nourredine Bouterfa, Abdesselem Bouchouareb, Abdessalam Chelghoum et Abdelwahab Nouri ont été remerciés après avoir effectué pour la majorité un bref passage à la tête des ministères économiques (finances, énergie, industrie, agriculture et tourisme). Pour certains, l’évincement de ces personnes se veut un aveu d’échec de leur gestion. Les nouveaux ministres auront donc la lourde mission de gérer plusieurs dossiers importants pour l’économie du pays. La reconversion de l’économie de statut entier vers celui de la productivité sera la priorité «nécessaire et urgente» qui s’impose, selon les propos du nouveau Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. Pour construire une économie plus équilibrée, les pouvoirs publics misent encore sur des personnalités technocrates et expérimentées dans divers domaines liés à l’économie.

Les nouveaux ministres des Finances, du Commerce, de l’Industrie, de l’Energie, de l’Agriculture, du Logement et du Tourisme (…) ont pour mission de mieux gérer les dossiers stratégiques, dans le contexte de crise financière actuelle du pays. Pour faire face à la crise, Bouteflika a instauré un nouveau programme économique, se basant sur la diversification des richesses et la mise en valeur des secteurs de l’agriculture, du tourisme et de la promotion des PME/PMI. Il s’agit d’un nouveau modèle de croissance économique. En vue d’une meilleure application du plan d’action du gouvernement axé sur des réorientations de certaines ressources financières au profit des priorités tracées par le Président, les nouveaux ministres auront de lourdes tâches à assumer. Ils doivent apporter des solutions aux problèmes du foncier, au financement et à la fiscalité et à l’attribution des licences à l’importation et l’achèvement des programmes de logements.

Attribution de licences à l’importation

Sur ce volet, équilibrer la balance commerciale et trouver des alternatives à la dépendance à l’importation ainsi que l’attribution et la répartition des licences d’importation constituent la prochaine mission d’Ahmed Saci, nouveau ministre du Commerce. Le dossier d’attribution de quota de licences d’importation de véhicules neufs est bloqué depuis le décès de l’ex-ministre du Commerce Bekhti Belaib. Prévu pour le début de 2017, puis en avril dernier, rien n’a été fait. Une situation qui a occasionné une flambée des prix des voitures d’occasion, une pénurie de véhicules neufs et un désagrément pour les acquéreurs. La nomination d’Ahmed Saci s’est faite à la veille du mois de ramadhan.

Il sera donc tenu de réguler et d’intensifier le contrôle des prix et de la qualité des produits, vu que la spéculation bat son plein au cours des occasions religieuses. Le secteur de l’industrie connaissant une dynamique relative, liée notamment à l’investissement privé dans l’industrie du montage automobile et l’installation des cimenteries à l’échelle nationale. Néanmoins, le nouveau ministre de l’Industrie et des mines, Mahdjoub Bedda, en remplaçant Abdesslam Bouchouareb, aura la charge d’attirer d’autres investisseurs privés et étrangers. Pour cela, il faudra régler de manière définitive le problème du foncier que le FCE a longtemps désigné comme étant un frein à l’investissement. Une meilleure gestion du secteur de l’industrie automobile est une priorité aussi pour Mahjoub Bedda, qui était rappelons-le, président de la Commission des finances et du budget à l’APN.

Augmentation des fiscalités

Le recouvrement de la fiscalité représente un enjeu majeur pour le nouveau ministre des Finances, Ahmed Raouia, qui remplace Hadji Babaammi. L’ex-Directeur général des impôts (DGI) a indiqué à son installation que la feuille de route est celle de l’augmentation de la fiscalité ordinaire prévue dans le programme économique en vigueur. «Nous devons poursuivre le développement de la fiscalité ordinaire sans que cela ne pèse sur le citoyen», a-t-il indiqué. Le financement des projets nationaux de logements représente également un enjeu pour Raouia. Son prédécesseur a fait les frais de son refus de débloquer les fonds pour les financer prétextant un manque de liquidités, selon l’ex-ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune.

A ce propos, le nouveau ministre de l’Habitat, Youcef Cherfa, sera chargé du dossier du logement qui revient au caractère social et rural. Le premier ministre Tebboune a lui-même assuré que sa priorité reste l’éradication totale de la crise du logement, des bidonvilles, et l’achèvement de son programme de logement. La nouvelle dynamique économique du pays repose également sur les énergies renouvelables. Le nouveau modèle de croissance économique, dans sa première étape 2017-2019, est axé sur les énergies renouvelables, permettant d’asseoir la base favorisant le passage vers une économie développée à l’horizon 2035.

Le nouveau ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, qui remplace Nourredine Bouterfa, aura la charge de ce dossier ainsi que celui de renouvellement des contrats gaziers et la facturation d’électricité. L’accélération du développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont une priorité. Il sera également tenu de trouver une tarification équitable du kilowatt/heure et sauver Sonelgaz d’une faillite certaine, comme elle n’arrive toujours pas à recouvrir les créances impayées. On attend de Mustapha Guitouni de trouver de nouveaux contrats gaziers et d’améliorer la gestion de Sonatrach.