Examen du projet de l’académie de la langue amazighe ce mercredi: La polémique s’invite à l’hémicycle

Examen du projet de l’académie de la langue amazighe ce mercredi: La polémique s’invite à l’hémicycle

Par 

Si la question de l’académie fait l’unanimité, ce n’est pas le cas pour les caractères de transcription de tamazight qui divisent les partis politiques.

L’institution ne tardera pas à voir le jour. L’académie algérienne de la langue amazighe sera bientôt installée. Le projet de loi portant sur sa création sera débattu ce mercredi à l’APN. Validé lors du dernier Conseil des ministres tenu mardi dernier, ce projet sera adopté par les deux chambres avant la clôture de la session parlementaire. Ce projet de loi consacre le statut de tamazight comme langue nationale et officielle, chargeant ainsi l’Etat de la noble mission de sa promotion et de son développement dans toutes ses variétés linguistiques. Dans l’article 4 de la Constitution, il est bien inscrit le statut de la langue amazighe comme langue nationale et officielle aux côtés de la langue arabe. Placée auprès du président de la République, cette académie a pour mission de réunir les conditions de la promotion de tamazight sur la base des travaux d’experts, en vue de concrétiser son statut de langue officielle.

Dans ses dispositions générales, le projet de loi note que l’académie est «une institution nationale à caractère scientifique, dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle constitue l’autorité de référence dans les domaines liés à la langue amazighe», alors que son siège est fixé à Alger. Ce projet de loi organique fixe les missions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de l’académie algérienne de la langue amazighe. Celle-ci aura à mener des recherches dans tous les domaines de la promotion de la langue amazighe à travers «la codification et la standardisation de la langue sur la base de l’ancrage social et de la dynamique culturelle dans toutes ses variétés par une approche convergente». Ce qu’il ne faut pas perdre de vue est que cette institution sera confrontée à une rude mission, à savoir la définition du caractère de transcription de la langue.

Une question qui soulève déjà une vive polémique au sein de la classe politique. Si la question de l’académie fait l’unanimité, ce n’est pas le cas pour les caractères de transcription de tamazight. Les représentants des partis au sein de l’APN vont revenir à la charge pour défendre leur revendication. Alors que certains plaident pour son inscription en tifinagh ou en latin, les islamistes veulent à tout prix imposer sa transcription en arabe.

Cette question va, sans doute, monopoliser le débat ce mercredi à l’APN et risque même de faire l’objet d’une surenchère politique. Celle-ci a été vivement soulevée lors du débat sur le projet portant sur l’officialisation du 12 janvier comme fête nationale.

Cette question qui est loin de faire un consensus, sera tranchée difficilement par l’académie. Les membres de ladite institution seront confrontés à une mission délicate dès le départ. Certes, la question est confiée aux scientifiques et aux spécialistes en la matière, il n’en demeure pas moins que des mécontentements seront affichés, et ce, quelle que soit la décision prise. Lors de la présentation de ce projet de loi, lundi dernier devant la commission de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des affaires religieuses de l’APN, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, avait souligné l’impératif de «centrer le débat sur le volet académique pour mettre ce texte de loi à l’abri de la surenchère politique». Le ministre avait souligné que les questions relatives à la linguistique, à l’écriture et à la normalisation «relèvent des prérogatives de l’académie qui les examinera dans leur cadre scientifique avec le concours de spécialistes et d’experts locaux et étrangers». «Les efforts du président de la République pour la promotion de tamazight sont louables et ne peuvent être remis en cause dans ce sens où ils ont atteint un point de non-retour», avait-il relevé.