En raison des difficultés financières des collectivités locales/ Chantiers : le gouvernement autorise les retards

En raison des difficultés financières des collectivités locales/ Chantiers : le gouvernement autorise les retards

d-chantiers-le-gouvernement-autorise-les-retards-0614c.jpgAucune révision des prix ni augmentation des prix unitaires du marché ne doivent être appliquées ou prévues pour ce prolongement des délais de réalisation limité entre six et douze mois.

Le gouvernement, confronté à la disette financière, se montre indulgent avec les entreprises publiques qui auraient du mal à réaliser les projets qui leur sont confiés dans les délais contractuels. Dans une récente instruction adressée aux membres du gouvernement et aux walis, et portant sur les délais de réalisation des projets dans le secteur du bâtiment et des  travaux publics et hydrauliques, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a demandé aux concernés d’autoriser les maîtres d’ouvrage de prendre leurs dispositions indispensables en concertation avec les entreprises de réalisation  en vue de prolonger les délais de réalisation pour éviter à celles-ci des pénalités de retard.

“Des chefs d’entreprise m’ont saisi pour faire part de leurs difficultés de trésorerie suite au retard enregistré par les maîtres d’ouvrage d’honorer leurs factures suite à la situation financière que traverse le pays. Ce qui a induit des difficultés pour réunir les crédits de paiements nécessaires”, affirme le document signé par le chef du gouvernement.

Et d’ajouter : “Cette situation a mis les entreprises de réalisation concernées dans des difficultés financières qui ne leur permettent pas de faire face à leurs engagements et, de ce fait, elles ne peuvent appliquer les dispositions prévues par le code des marchés dans les délais réglementaires prévus dans les contrats d’engagement. Une telle situation risque de mettre les travailleurs de ces entreprises en chômage”, ajoute M. Sellal.

Le Premier ministre demande aux ministres et aux walis de faire en sorte que les délais de réalisation soient prolongés de 6 à 12 mois, suivant un protocole d’accord qui devra être signé entre le maître d’ouvrage et l’entreprise concernée conformément au décret 247-15 du 16 septembre 2015 portant code des marchés publics et cela dans l’intérêt des deux parties.

“Il y a lieu de prendre en compte les spécificités et l’importance de chaque projet ainsi que la nature des travaux à engager et les montants des crédits de paiement nécessaires”, ajoute l’instruction qui précise qu’aucune révision des prix ni augmentation des prix unitaires du marché ne doivent être appliquées ou prévues pour ce prolongement des délais de réalisation limité entre six et douze mois.

Cette instruction confirme en effet que les crédits de paiement sont distillés aux trésoreries de wilaya au compte-goutte d’où la grogne de nombreuses entreprises qui ont fait part du calvaire qu’elles endurent depuis quelques mois.

La décision de M. Sellal de “prolonger les délais de réalisation” évite, un tant soit peu, l’asphyxie totale des entreprises encore liées par des contrats de travaux mais pour le reste, soit les entreprises ayant souscrit à tous leurs engagements, les difficultés sont toujours là et menacent même leur devenir, nous explique un chef d’entreprise.

Actuellement, les responsables d’entreprise défilent chaque jour au niveau des trésoreries de wilaya de tout le pays en quête de nouvelles de leurs factures non encore honorées pour pouvoir payer leurs travailleurs en prévision de l’Aïd el-Adha et la rentrée scolaire.

“Les travailleurs viennent chaque jour chez moi frapper à la porte pour avoir des nouvelles de leur salaire, je n’ai jamais vécu une telle situation durant 30 ans de carrière”, nous affirme un architecte qui dirige une entreprise du bâtiment.

“Les trésoriers de wilaya se contentent d’adresser périodiquement les listes des entreprises non payées avec leurs montants et attendent les crédits de paiement qui sont donnés au compte-goutte, une situation que l’Algérie n’a jamais connue même dans les années 90”, précise-t-il encore.

Les entrepreneurs craignent qu’à ce rythme, ils soient “obligés de recourir aux licenciements” car, disent-ils, “outre le manque de plan de charge, l’augmentation des prix des matériaux de construction, voilà que nos factures ne sont pas honorées dans les délais faute de crédits de paiement”.