Education nationale : L’engagement d’Ouyahia, le scepticisme des syndicats du secteur

Education nationale : L’engagement d’Ouyahia, le scepticisme des syndicats du secteur

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia s’est engagé hier au nom de son gouvernement à poursuivre les réformes dans le secteur de l’éducation nationale et à le soustraire aux querelles idéologiques qui ne le servent pas et qui l’éloignent de l’objectif d’une école algérienne moderne, performante et tournée vers l’avenir et ses défis. M. Ouyahia, qui a fait un quasi plaidoyer du secteur, a affirmé également que l’Exécutif répondra par des solutions aux problèmes dont il souffre actuellement dans le manque de structures pédagogiques dans certaines régions et la surcharge des classes de cours dans d’autres.

« Un effort particulier sera engagé pour améliorer les conditions des études durant l’année scolaire en cours, pour réunir aussi toutes les conditions nécessaires au bon déroulement des examens et pour organiser également une prochaine rentrée scolaire plus réussie », a déclaré Ahmed Ouyahia. « La réhabilitation des établissements scolaires existant sera réalisée et les projets en cours seront accélérés », a-t-il ajouté.

« De nouveaux établissements seront mis en chantier pour réduire la surcharge des classes. Le transport scolaire sera renforcé y compris pour assurer une répartition plus rationnelle des élèves entre les établissements scolaires d’une même commune ou d’une même agglomération », a-t-il poursuivi en indiquant que «le nombre de classes destinées aux élèves aux besoins spécifiques sera augmenté autant que de besoin, dès cette année pédagogique ».

Les déclarations du Premier ministre ont, bien entendu, fait réagir des syndicats enseignants. Le porte-parole du Snapap, Nabil Ferguenis, s’est même montré sévère en qualifiant les propos du Premier ministre des «paroles en l’air». Selon M. Ferguenis, M. Ouyahia va devoir expliquer la façon dont il va poursuivre le financement des structures et infrastructures du secteur « sachant que les priorités seront ailleurs ».

Il doute que l’option du « renforcement des transports scolaires puisse aboutir » dans une situation où les communes et « les APC sont bloquées par le manque de ressources du personnel ». « Il y a des élèves qui n’ont pas encore rejoint leurs écoles et des enseignants qui souffrent du manque de transport dix jours après la rentrée des classes en raison de problèmes divers. « Comment le Premier ministre peut-il être aussi rassurant», s’interroge M. Ferguenis qui a évoqué également « le manque de manuels scolaires de deuxième génération ». Devant cette situation, a-t-il affirmé, les inspecteurs de l’éducation ont donné des instructions pour utiliser les manuels de l’an dernier en attendant la publication de nouveaux livres.

Messaoud Boudiba, président de Cnapest, a réagi à la déclaration du Premier ministre en déclarant que les syndicats ont besoin de «concret» face à tous les problèmes que vit le secteur de l’éducation nationale. « Des déclarations pareilles comme celles de M. Ouyahia, on en entend chaque année, mais les problèmes restent les mêmes », a-t-il déploré.

Non convaincus !

Pour Sadek Dziri, président de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), « tout est possible en théorie, en pratique Ouyahia devrait se munir d’une baguette magique pour régler les anomalies qui sont nombreuses dans le secteur de l’éducation. Le problème de surcharge des classes ne peut être réglé de façon définitive en une année, cependant, il y a une exception pour les régions où des écoles sont déjà construites et dont l’ouverture est prévue dans les mois à venir. Mais au niveau de la capitale cela est impossible. Rien que dans la ville de Mahelma, nous avons repéré une école de cycle moyen avec des classes de 62 élèves ! »

Un avis partagé par Idir Achour du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) qui a affirmé « ne pas se fier aux paroles et attendre que les choses se concrétisent ».

En effet, le syndicaliste a indiqué que le problème de surcharge des classes ne peut être réglé du jour au lendemain et que cela nécessite la mise en place d’une stratégie à long terme. « Non seulement les enfants des nouvelles villes sont privés d’infrastructures vitales, mais s’ajoute à cela l’état lamentable dans lequel se trouvent certaines écoles », a déploré Idir Achour.

Concernant l’augmentation du nombre de classes pour les enfants aux besoins spécifiques, les syndicats du secteur ont été unanimes à soutenir ce projet : « Nous soutenons toute initiative entreprise en faveur de ces enfants, car il y a beaucoup de chose à faire pour améliorer leur scolarité et intégration dans la société ».

S’agissant des réformes entreprises dans le secteur de l’éducation et dont Ouyahia a réaffirmé la volonté du gouvernement de les poursuivre, les syndicats autonomes de l’éducation n’ont pas manqué de critiquer ouvertement le black-out ayant entouré ces réformes : « Nous ne sommes pas contre les réformes, mais nous n’apprécions pas la manière avec laquelle les choses se font. Nous avons été mis à l’écart à chacune de ces réformes, cela n’est pas normal », a encore déploré Idir Achour du CLA soutenu par Sadek Dziri de l’Unpef qui a dénoncé pour sa part le rythme accéléré de l’application des réformes : « Je ne comprends pas pourquoi la tutelle s’obstine à traiter deux années scolaires à la fois et pourquoi pas se consacrer une année à la fois. Cela ne sert à rien l’intérêt de l’élève d’autant plus que cette année nous avons recensé sept manuels scolaires destinés aux classes de 2e et 3e années moyennes qui n’ont pas encore été imprimés ! », a affirmé Sadek Dziri.

Le président de l’Association des parents d’élèves, Khaled Ahmed, s’est montré, quant à lui, optimiste par rapport au programme du Premier ministre.

Pour lui, le gouvernement a les moyens nécessaires (argent, volonté) pour atteindre ces objectifs, notamment le renforcement du transport scolaire pour les élèves des régions rurales. Mercredi, 13 septembre, rappelle-t-on, la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a lors d’une visite d’une école primaire de Cheraga, insisté sur la nécessité de régler « en urgence» le problème de la surcharge des classes. Elle a, en outre, insisté sur l’importance d’assurer la disponibilité des livres scolaires dans tous les établissements éducatifs à l’échelle nationale, une fois la période de diagnostic achevée.