Constantine – Retour en force des migrants subsahariens

Constantine – Retour en force des migrants subsahariens

Les migrants subsahariens ont massivement envahi les rues, les routes et les carrefours de la wilaya de Constantine.

Après une période relativement stable en matière de présence de ces migrants subsahariens, pas très nombreux à la suite des rapatriements vers leurs pays d’origine, organisés par les autorités, leur nombre a carrément explosé ces derniers jours. On peut le constater de visu car ces migrants s’adonnent principalement à la mendicité au niveau des places de grandes densités humaines, aux alentours des mosquées et mêlés à la circulation routière, là se forment les embouteillages qui ralentissent la circulation, chose qui leur donne la possibilité de passer leur petit bol devant les occupants de tous les véhicules.

Dans le tunnel de Zouaghi, le spectacle est ahurissant. L’endroit est réputé pour ses bouchons et les migrants ont dû le remarquer, se faire passer le mot et atterrir tous ensemble à l’endroit. Ils sont installés dans une longue chaîne qui couvre de bout en bout le tunnel. Presque à un mètre l’un derrière l’autre, ces jeunes migrants, souvent des enfants et des femmes qu’on voit dans la nature, et qui ont adopté la mendicité comme profession, sont presque heureux de se trouver là, dans des conditions qu’on peut juger misérables mais bien meilleures que ce qu’ils enduraient dans leurs pays d’origine.

Selon le constat de services proches de ces migrants subsahariens, notamment les équipes de la solidarité et l’aide humanitaire, leur nombre a considérablement augmenté durant le ramadhan, et c’est le même constat fait l’an dernier. Le ramadhan, mois de piété et de distribution de l’aumône, attire en nombre les migrants subsahariens. C’est presque devenu un rendez-vous saisonnier, ils arrivent en famille, ils trouvent refuge facilement, généralement dans des coins en retrait des agglomérations, ils mangent à leur faim gratuitement en ce mois de ramadhan où les restaurants de la rahma ouvrent partout et offrent l’iftar aux jeûneurs, et reçoivent en prime l’aumône de la part des jeûneurs, plus prompts à le faire en ce mois sacré.

Les migrants subsahariens sont donc très nombreux à rompre le jeûne dans ces restaurants et ils prennent avec eux de la nourriture en partant, témoignent les mêmes sources. En rentrant, en fin d’après-midi, on les voit en groupes prendre la direction de Aïn M’lila, où ils ont élu domicile. Certains ont tenté de s’installer sur un terrain vague à la nouvelle ville Ali Mendjeli, où ils convergent en nombre considérable dès la première heure de la matinée, mais leur plan a échoué. Les services de sécurité les ont déménagés de l’endroit où ils commencé à s’installer. C’est la tactique, on s’installe au départ en petit nombre, puis d’autres arrivent jusqu’à former une communauté importante. Cela les arrangerait grandement d’avoir un pied à terre à la nouvelle ville Mendjeli et éviter de débourser 3.000 dinars et plus le prix du transport jusqu’à Aïn M’lila, estime-t-on.

En tout cas, face à un retrait des autorités qui ont abandonné les opérations de rapatriement, poussées à la défensive par les organisations humanitaires internationales, les migrants subsahariens arrivent par contingent. Et, faut-il le souligner, les chantiers du bâtiment tirent un grand profit de cette main-d’œuvre. Il n’y a pas que les mendiants qui forment les rangs de ces migrants subsahariens, les jeunes en âge de travailler et les hommes en bonne santé sont rapidement recrutés sur les chantiers de la nouvelle ville Ali Mendjeli, où ils sont également logés. Pourvu qu’on respecte leurs droits. Le recours aux migrants subsahariens pour dynamiser les travaux sur les chantiers est salutaire face à un déficit de main-d’œuvre qui a souvent influé négativement sur les délais de réalisation.