Conseil des ministres: un second report et des interrogations

Conseil des ministres: un second report et des interrogations

Ahmed Ouyahia a affirmé, le 8 mai dernier, que l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018 sera étudié en Conseil des ministres dans “un délai d’une semaine ou deux”.

Le Conseil des ministres qui devait se pencher, lors de sa réunion attendue pour jeudi, sur l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018, n’a pas eu lieu. Pourtant, apprend-on de sources sûres, les ministres du gouvernement Ouyahia ont bel et bien été contactés par la présidence de la République, au courant de la semaine, pour être conviés à cette réunion de travail présidée par Abdelaziz Bouteflika. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait, lui-même, d’ailleurs, indiqué, en marge de l’inauguration de la Foire internationale d’Alger, le 8 mai dernier, que l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018 sera étudié en Conseil des ministres dans “un délai d’une semaine ou deux”. C’est-à-dire au plus tard, jeudi 31 mai. Le Premier ministre confirmait alors un premier report, qui aurait été dicté par une demande du chef de l’État de procéder à une seconde lecture de l’avant-projet de loi en question. Les hautes autorités du pays, qui n’ont pas officiellement motivé le premier report, ont encore moins justifié le second.

Aussi, l’interrogation reste intégrale et ouvre la voie devant les conjectures. En effet, le seul motif évoqué l’est de manière officieuse. Il explique cet ajournement par le décès de la mère du président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci. Onze ministres ont, d’ailleurs, assisté aux obsèques de la défunte, jeudi, à Tlemcen. Mais qu’est-ce qui empêcherait, dans ce cas, la présidence de la République de communiquer, et expliquer ainsi, à l’opinion publique, les raisons de cet ajournement. Parce qu’il faut dire que ce Conseil des ministres était particulièrement attendu. Concernant l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018, qui avait subi une deuxième lecture en réunion du gouvernement, sur demande du président Abdelaziz Bouteflika, sans pour autant que les taxes sur les documents d’identité soient révisées, les citoyens gardaient l’espoir de voir le Conseil des ministres assouplir ce qu’il y a lieu d’appeler une véritable “surtaxation” des documents biométriques. L’autre explication trouvée au report du Conseil des ministres est liée à la santé de Bouteflika.

Les mauvaises langues parlent de la méforme du chef de l’État. Pour elles, le déplacement des ministres à Tlemcen ne convainc pas trop, arguant que, même si c’était vraiment le cas, le Conseil des ministres aurait pu se tenir en soirée, après la rupture du jeûne. Cela s’est déjà produit lors des précédents mandats présidentiels. Côté opposition, du moins pour le parti politique, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), les raisons de ces reports sont ailleurs. Elles sont à chercher dans la volonté du chef de l’État de soustraire le projet de loi au débat parlementaire.

En effet, le parti de Mohcine Belabbas soupçonne une volonté inavouée de promulguer le texte par ordonnance présidentielle durant l’intersession parlementaire. Cela étant, l’avant-projet de LFC-2018 ne fait pas encore consensus parmi les membres du gouvernement. En témoigne, d’ailleurs, la récente sortie du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, qui ne semblait pas totalement assumer les “taxes” que le texte propose d’instituer. Ceci, deux jours après la note publiée sur le portail du Premier ministère, et qui justifiait les taxes en question.

Mehdi Mehenni