Ce qu’il faut changer, selon l’expert Mohamed Said Beghoul

Ce qu’il faut changer, selon l’expert Mohamed Said Beghoul

Après le Premier ministre et le ministre de l’Energie, c’est autour du premier responsable de la compagnie Sonatrach de rebondir sur la loi sur les hydrocarbures, précisant que des amendements y seront apportés. Sollicité par Reporters, Mohamed Said Beghoul, expert en énergie, met l’accent sur la nécessité d’apporter des amendements.

A commencer, dit-il, par les taxes. «La loi actuelle est, d’une part, sévère et, de l’autre, amendée au moment où le baril du pétrole est cédé à un prix relativement élevé, ce qui n’est plus le cas de nos jours», explique-t-il. Dans un autre registre, M. Beghoul, joint hier au téléphone, revient sur la précipitation qu’a marquée l’annonce du recours aux hydrocarbures non conventionnels dont le gaz de schiste. «On a pensé que cela va drainer des foules, ce qui n’est pas le cas», ajoute l’expert. Et d’expliquer : «Le non conventionnel, outre sa cherté, n’est pas rentable à tous les coups». L’Algérie a-t-elle les moyens financiers pour faire face aux investissements colossaux que nécessite l’exploitation de ces ressources non conventionnelles? M. Beghoul a souligné qu’il ne suffit pas d’avoir assez d’argent pour exploiter et rentabiliser ses schistes.

«Des majors auraient été contraints de déposer les armes sans l’aide de l’Etat en termes de fiscalité d’une part et la souscription de contrats d’assurance risque-rentabilité, d’autre part. L’option des schistes doit être vue comme un projet (un centre de coût) avec sa propre comptabilité analytique», explique l’expert. Les dernières révisions de la loi 13-01 sur les hydrocarbures (en vigueur depuis le 09 mars 2013), enchaînait-il, ont introduit l’option de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, autorisant ainsi l’injection de certains blocs présumés potentiels en gaz de schiste dans le 4e appel d’offres de 2014.

«Lors de l’ouverture des plis, effectuée le 30 septembre 2014, sur les 31 périmètres lancés, seuls quatre blocs «conventionnels» ont été pris par des consortiums dominés par des partenaires qui connaissent déjà le domaine minier algérien (Repsol, Shell, Statoil), mais aucune compagnie n’a manifesté le moindre intérêt pour les blocs de gaz de schiste», a rappelé M. Beghoul. L’autre aspect, non sans importance, évoqué par l’universitaire est lié au développement du management qui «doit être à la hauteur des espérances des partenaires». Se rendant à Hassi Messaoud, Ould Kaddour, premier responsable de Sonatrach, a déclaré que «nous avons plusieurs projets en attente de lancement faute de trouver des partenaires étrangers qui puissent les piloter.

Le problème se pose pour la partie exploration, dans la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qu’il faut impérativement revoir». Par ailleurs, il convient de rappeler que la loi amendée en 2013 a apporté de nouvelles, mais insuffisantes, mesures fiscales. L’objectif recherché était d’encourager les activités relatives aux hydrocarbures non conventionnels, aux petits gisements, à ceux situés dans les zones très faiblement explorées, notamment l’offshore, et aux gisements à géologie complexe et/ou manquant d’infrastructures.

Il y a lieu également de rappeler que la nouvelle loi de 2013 soumettait les compagnies pétrolières étrangères exerçant en Algérie à un contrôle fiscal qui devrait leur imposer le paiement de leur quote-part de redressements fiscaux éventuels.