Bouira: Un relief montagneux inexploité

Bouira: Un relief montagneux inexploité

Les projets du plan d’aménagement de la wilaya qui ont prévu des télésièges entre Haizer et la dent du Lion…

Même si les responsables tentent de garder un certain optimisme en parlant plus d’austérité et de rationalité dans la gestion, l’impact au quotidien est visible. L’exemple le plus en vue reste la difficulté des exécutifs communaux à répondre aux doléances des citoyens. Dans ce bilan plutôt positif, il faut signaler ce cri de détresse des communes à l’image de celle de Haizer qui attend la finalisation d’un plan d’aménagement du chef-lieu de daïra et de la commune depuis plus de 14 ans. «Si Haizer veut postuler au rang d’une ville touristique, ce projet doit être repris et son enveloppe financière dégagée.»

Les perspectives et les jours à venir favorisent plus le domaine de l’agriculture surtout que les natifs, des montagnards, sont attachés à la terre. En plus d’être un moyen d’autosuffisance, l’agriculture de montagne est appelée à freiner l’exode vers les villes et la désertion de nos campagnes.

Les opportunités sont multiples quand elles sont bien exploitées. «Le développement de la région peut s’inscrire dans un plan plutôt national» pense le maire. L’agriculture de montagne demeure une alternative surtout que notre pays détient une bande qui se prolonge d’est en ouest entre la mer et les Hauts-Plateaux, qui peut se résumer à 7 millions d’hectares dont la moitié est un espace boisé, forestier et 1 million d’hectares de terres cultivables. Selon une classification du Bureau national d’études de développement rural (Bneder), notre pays compte plusieurs wilayas, où les produits de montage peuvent être mis en valeur, à l’instar de Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Guelma, Relizane, Aïn Defla, Tissemsilt, Chlef, Blida, Mila, El Taref, Mascara, Tipasa, Médéa, Bordj Bou Arréridj, Annaba, Sétif, Constantine, Batna et Bouira avec son flanc sud du Djurdjura, mais aussi sur les hauteurs du mont Dirah au sud. Ce potentiel agraire est estimé à 7565000 ha et il se compose comme suit: la montagne, soit une pente de 25%, représente 1870000 ha, les hauts piémonts 12 à 25% de pente, équivalents à 5080000 ha et enfin les bas piémonts, moins de 12% de pente, sont de l’ordre de 611500 ha. Les zones forestières, constituent quant à elles pas moins de 31% de la surface globale, soit 2342300 ha.

La montagne dans la wilaya de Bouira regorge d’une variété arboricole en mesure de permettre la création de tout une industrie. Les hauteurs de Saharidj offrent un écosystème favorable à la production des châtaignes. Le caroubier, le mûrier sont d’autres variétés que le climat favorise. Le miel, les essences, les plantes médicinales, le jujubier, le figuier de Barbarie, l’olivier et les figuiers, les cardes sauvages… les fruits dits de montagne, comme les arbouses, les mûres, les câpres, les glands, ou bien les plantes médicinales et plusieurs autres espèces de la flore représentent des créneaux à développer et à faire sortir d’une exploitation ancestrale et familiale vers une production plus intense. Pour cela il faut accorder une considération plus importante au sujet. L’intensification de la production passe nécessairement par la mise en place de moyens.

Pour les hauteurs de Haizer et malgré la ferme détermination des natifs à exploiter leurs terres, les projets du plan d’aménagement de la wilaya, qui ont prévu des télésièges entre Haizer et la dent du Lion et celui qui reliera Selim à Thighzart, demeurent de l’encre sur du papier.

L’agriculture de montagne qui garantit des produits du label ne peut se concrétiser qu’avec la réalisation des projets inscrits au PND.

Le manque de pistes, le chemin communal entre Thagnits et Ighil Ifrène, dégradé par un glissement de terrain, sont autant d’obstacles qui se dressent devant l’essor de cette activité paysanne. C’est dans l’optique d’une redynamisation de l’agriculture de montagne que pour la première fois, la DSA, la Chambre d’agriculture, la direction des forêts, la direction de l’environnement, la direction du parc du Djurdjura, ont fait appel aux professionnels du secteur à l’occasion de la célébration de la journée régionale de l’arbre qui coïncide avec le 11 décembre de chaque année. Qui mieux qu’un expert pour faire le diagnostic de la situation? «En Algérie, on a oublié la montagne et on l’a détruite».

Les produits du terroir ont été dépréciés et laissés à l’abandon et ce, par rapport à deux facteurs très importants: le partage de l’héritage qui a été morcelé au fil du temps et aussi du fait que ce patrimoine n’a pas été entretenu par les villageois et encore moins par les autorités. De facto, il y a moins de richesses dans nos montagnes. On ne retrouve plus les oliviers d’antan ni les figuiers et encore moins les vergers dans leur ensemble. C’est cette situation que les différents partenaires tenteront de bannir pour donner à la montagne sa vraie place dans le développement durable.