Anys Mezzaour, écrivain algérien, à l’expression: « Il y a une partie de moi dans chacun de mes écrits… »

Anys Mezzaour, écrivain algérien, à l’expression: « Il y a une partie de moi dans chacun de mes écrits… »

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Lucide et bien mature pour ses 22 ans, le plus jeune écrivain algérien a délaissé aujourd’hui le genre fantasy dans lequel il excelle pour un quatrième roman, cette fois décliné en drame social, sorti aux Editions Casbah. Apres s’être fait remarquer en effet, par ses romans du genre fantasy, à savoir La prie des mondes, La terreur des Monde, premier et deuxième tomes d’une trilogie intitulée

Le lien des temps, le voilà qui s’attaque à un nouveau genre littéraire, toujours épris et fasciné par ce qui l’entoure et enrichi de nouvelles expériences dans la vie et dans la littérature. Rencontré au Sila il nous parle de son nouveau roman, intitulé Entendu dans le Silence…

Vous venez de sortir un nouveau roman à l’occasion de la 23ème édition du Sila qui s’intitule Entendu dans le silence et sorti aux éditions Casbah. Pourriez-vous nous en parler? C’est votre 4eme et du coup vous sortez complètement du genre fantastique…

Anys Mezzaour: Ce n’est plus de la fantaisie. C’est un drame social, romantique. J’ai changé de genre parce que ça correspondait plus à l’idée que je me faisais de mon écriture par rapport à ma génération. J’ai commencé à écrire à l’âge de 11 ans, publié mon premier roman à l’âge de 16 ans. C’était des préoccupations qui avaient un lien avec l’adolescence. Le genre de la fantaisie et du fantastique correspondaient bien au message que je voulais passer. La trilogie correspondait à cette époque-là de ma vie. La fantaisie me laissait une grande place à l’imagination grâce à l’utilisation de la magie par les personnages, le voyage dans le temps, c’était beaucoup de science-fiction. Parmi mes lecteurs il y avait oui bien sûr Harry Potter, mais aussi Le Seigneur des anneaux, des séries comme Games of thornes, Star Wars et puis là j’ai changé complètement de genre. Je reviens vers un genre plus réaliste qui est le drame romantique et social où je raconte l’histoire de deux personnages, un Algérien prénommé Amir qui n’a pas connu son père dont la mère est morte quand il était plus jeune et essayé de survivre à Alger en enchaînant les petits boulots et d’une femme Mélissa qui est française et fille de diplomate, de la plus haute bourgeoisie qui enchaîne les cocktails et soirées mondaines etc. Rien ne préfigure leur rencontre et pourtant ils se rencontreront dès le début du livre, en Tunisie, ils vont tomber amoureux l’un de l’autre. Cette relation a déclenché des événements malgré eux qui les dépasseront et qui seront en accord avec leur temps. Eux -mêmes seront spectateurs de leur vie. Leur histoire d’amour sert de toile de fond à ces événements-là. Au fur et à mesure de l’intrigue, sans la dévoiler, ils vont découvrir des secrets sur leur passé et qui va changer leur façon de voir les choses.

Peut-on dire que c’est dû à votre âge le fait que vous vous intéressez aux histoires des grands?

C’est ça. J’ai passé le cap de la vingtaine. Je vais bientôt faire 22 ans. Cela fait déjà six ans que j’ai publié mon premier roman. Ce livre aborde des thèmes plus en accord avec ce que je vis, ce que j’entends, des ressentis, des souvenirs, je décris beaucoup Alger. Je fais aujourd’hui mes études à l’étranger. Il y a un lien qui s’est distendu et que j’essaye de retrouver avec Alger, avec l’Algérie. Les thèmes que j’aborde dans ce roman sont la famille, les relations amoureuses, les relations sociales, le patriotisme, les nouvelles technologies, aussi parce que j’explore en fait l’impact des perceptions sur le comportement quotidien. Ça raconte aussi comment les perceptions ne sont pas complètement des faits à l’heure des fake news, du brouillard permanent que créent les réseaux sociaux, j’essaye de développer aussi ce thème, comment cela impacte nos comportements et peut conduire à une tragédie d’où le drame social.

Votre roman évoque un personnage féminin, une fille de diplomate…

Oui, parce que je connais un peu le milieu. J’essaye en fait de rester très fidèle à ce que je sais par rapport à mes lecteurs. Je ne décris jamais un pays ou un lieu que je n’ai pas visité et je ne parle jamais de sujets qui ne me concernent pas. J’essaye de mettre du mien, une partie de moi dans chacun de mes écrits et celui-là renferme une dimension émotionnelle qui est spéciale par rapport à mes écrits précédents. On retrouve vraiment des parties de moi à travers l’histoire, que ce soit le personnage masculin ou le personnage féminin, mes doutes, mes certitudes, mes expériences, celles de mes amis, des gens proches.

Aujourd’hui, vous vous sentez proche de quel écrivain d’ici ou de ceux que vous rencontrez en France, maintenant que vous vivez de l’autre côté de la Méditerranée…

Grâce à mon grand-père (Kaddour M’Hamsadji, Ndlr) qui le connaît et nous l’a fait rencontrer il y a très longtemps, je me sens aujourd’hui très proche de Yasmina Khadra. Il m’a beaucoup conseillé et guidé dans le monde de l’édition. Je n’ai pas voulu publier ce livre en France parce que j’estime que j’ai un devoir patriotique envers l’Algérie. Je pourrai le publier en France si je le voulais, mais je me dis que si tout le monde fait pareil, c’est-à-dire se faire éditer ailleurs et pas dans son pays, on n’aura plus de patrimoine littéraire en Algérie, on ne pourra plus se prévaloir d’avoir une littérature moderne, jeune, algérienne. J’ai voulu le publier en Algérie. J’ai changé d’éditeur parce que j’ai changé de genre et là je suis chez Casbah Editions mais j’essaye de collaborer avec les Français…

Vous remettez en effet le Prix du concours de la meilleure nouvelle fantastique dont vous êtes le parrain. Un mot là-dessus?

Je suis effectivement pour le compte de l’Institut français le parrain et président du jury du concours de la meilleure nouvelle fantastique de cette année. On a reçu beaucoup de nouvelles. Le thème était «On dirait le sud». Ça portait sur le Sahara. Au total 67 dont 10 ont été sélectionnées qui vont être publiées dans un recueil que j’ai préfacé. C’était très agréable pour moi de voir qu’il y a beaucoup de potentiel et de jeunes plumes, de carrière à venir dans la jeunesse algérienne qui s’intéresse à la fois à l’écriture en français, mais aussi en arabe ou même en tamazight. C’était très agréable et très beau esthétiquement parlant. Ce fut une très belle expérience de présider ce jury et de lire les nouvelles de ces jeunes gens. J’essaye de collaborer et d’allier mes études à travers le réseau que je peux me constituer à la littérature. Ce partenariat avec l’Institut français en est un exemple.