Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach: Faire sortir le renouvelable du secteur n’est pas raisonnable

Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach:  Faire sortir le renouvelable du secteur n’est pas raisonnable

Contacté par Liberté, Abdelmadjid Attar considère que la nomination de Mustapha Guitouni à la tête du secteur de l’énergie est opportune.

“On ne peut pas augmenter la production d’hydrocarbures en raison du vieillissement des gisements, des capacités des réserves qui existent. Il faut chercher d’autres alternatives au pétrole en termes de ressources financières. Or, développer une économie productive hors hydrocarbures demande cinq à dix ans. On a pris du retard. Sur le plan économique, l’autre problème est la consommation nationale d’énergie. On a de plus en plus d’énergie qu’on consomme chez nous. Ce qui réduit nos capacités d’exportation. Il y a, en un mot, un sérieux problème de consommation énergétique en Algérie. Il convient de modifier le modèle de consommation énergétique.

On doit introduire de plus en plus les énergies renouvelables dans le mix énergétique en diminuant la consommation. C’est l’affaire des électriciens. Seuls les électriciens sont capables de mettre en œuvre ce modèle de consommation énergétique plus rationnelle. On a besoin aujourd’hui à la tête du secteur de l’énergie beaucoup plus d’un électricien plutôt que d’un pétrolier. (Mustapha Guitouni, l’ex-P-DG de Sonelgaz est un électricien).”

L’expert pétrolier désapprouve, cependant, la décision de rattacher les énergies renouvelables au secteur de l’environnement.

“Maintenant, j’ai des appréhensions sur le fait de sortir les énergies renouvelables du ministère de l’Énergie. Ce n’est pas une bonne chose. Ce n’est pas quelque chose de raisonnable. Parce qu’on doit laisser les ENR au sein de l’activité distribution de l’électricité (interaction entre production de l’énergie renouvelable et infrastructures de distribution de l’électricité). Il est très difficile de gérer les choses avec deux administrations différentes. Il fallait centraliser. L’activité énergies renouvelables devrait être rattaché au ministère de l’Énergie. Ce n’est pas parce que les énergies renouvelables sont ami du développement durable qu’on la rattache à l’environnement. Je ne comprends pas les motifs.

Les énergies renouvelables sont liées à la distribution d’électricité. Quand on parle d’un programme de 4 000 MW ou de 220 000 MW, on parle d’une multitude de centrales photovoltaïques qu’il faut répartir à travers le territoire national. Il s’agit d’adapter le réseau de transport et de distribution d’électricité actuel à cette offre d’électricité à partir des énergies renouvelables. Ce problème doit être pris en charge par les électriciens (Sonelgaz qui dépend du ministère de l’Énergie)”.

L’autre problématique, comment réduire la consommation électrique, est aussi l’affaire d’électriciens, ajoute t-il.

L’ancien P-DG de Sonatrach et ancien ministre des Ressources en eau trouve plus logique le rattachement du secteur de l’eau à l’environnement.

“Le problème de l’Algérie, à l’avenir, est celui de l’eau. J’aurais appris la constitution d’un ministère de l’Environnement et des Ressources en eau. Ce qui est plus logique. Puisque ce ministère aura à traiter, entre autres, les questions de pollution de l’eau.”

Zoheïr B., ancien cadre au ministère de l’Énergie, expert en gestion stratégique, lui, estime qu’il fallait nommer un gestionnaire et stratège à la tête du département énergie en raison de la nécessité de maîtriser les coûts de production d’énergie et d’assurer une vision long terme du secteur plus cohérente.