Abbas Righi au palais de la culture: Concert malouf à deux tons

Abbas Righi au palais de la culture: Concert malouf à deux tons

Durant deux heures de temps, trois programmes ont constitué le contenu du concert, brillamment livré par l’artiste à l’auditorium Moufdi-Zakaria

Le chanteur constantinois Abbas Righi a animé, samedi soir à Alger, un concert de musique malouf, dédié aux chants du genre soufi et hawzi, rendus devant un public nombreux, dans une ambiance à deux tons, qui est vite passée du recueillement à l’euphorie.

Durant deux heures de temps, trois programmes ont constitué le contenu du concert, brillamment livré par l’artiste à l’auditorium Moufdi-Zakaria du Palais de la culture dans les genres, medh, hawzi, Aissaoua et folklore constantinois, présenté dans la cadence gnawie. Soutenu lors des deux premières parties par huit musiciens professionnels sous la direction de Samir Boukredera, le chanteur, au charisme imposant, a appelé en renfort, pour la partie aïssaouie et folklorique, trois autres percussionnistes aux bendirs et aux tambours, au plaisir d’un public conquis, embarqué dans une croisière à plusieurs escales.

Dans de belles variations modales qui ont empreint les trois parties, Abbas Righi, à la voix présente et étoffée, a rendu, entre autres pièces alignées dans une ambiance montée en crescendo, «Hob ennabi», «Fi dalmati el arham», «Ya qalbi thik billah», «Ya lilet el wasli âoudi», «Nahnou aâla el waâdi», «Khatri we’dlili hayrane ya el warchane», «Ma waffachi qalbi», «Allahouma salli aâla Mohammad», «El male el male», «Dor biha ya chibani», «Ma aândi zella» et de conclure avec «Idoum h’nakoum» et «Bkaw aâla khir». L’ambiance de la partie medh et hawzie, qui avait plongé l’assistance dans le recueillement et la solennité du moment, est très vite montée lors du programme folklorique des Aïssaoua, où les spectateurs, les femmes, notamment se sont livrées au «j’dib» (danses envoûtantes), près de la scène et devant les sièges, créant ainsi des situations qui, «seraient devenues incontrôlables», selon un des organisateurs, si elles avaient trop duré. L’orchestration qui était à dominance harmonique au départ, et qui a mis en valeur la maîtrise technique et le professionnalisme des musiciens, Mohamed Tahar Ayachi au ney et à la gheïta et Hakim Benchafra au qanun, notamment est vite devenue à prééminence rythmique, avec pas moins de six percussionnistes dont Adel Benchetra au «corcto» (petit tambour à une peau frappée avec des baguettes) et Adel Boudbagh aux «nekkaret» (petite percussion à deux tambours servant à maintenir la cadence). Dans une ambiance de grands soirs, Abbas Righi, époustouflant d’énergie, a livré une prestation pleine, où il a généreusement mis en valeur le patrimoine musical du registre malouf, faisant part, tout en sourire, de son «bonheur» de chanter pour un public «aussi réceptif».

Dans des atmosphères de bien-être et de convivialité, les spectateurs ont durant tout le long du concert, accompagné le chanteur avec des youyous nourris et des applaudissements répétés, battant la mesure avec les mains et reprenant les refrains dans la délectation.

Abbas Righi compte sur le marché trois albums, «Mejrouh» (2010),»Mel hbibi malou» (2012), «Ach men sebba a lahbab» (2016), annonçant à l’APS, «la sortie imminente» de deux nouveaux produits, «Salah Bey», son quatrième opus ainsi que «Couleurs de Constantine», une compilation de quatre CD, réalisée en collaboration avec l’Office national des droits d’auteurs et droits voisins (Onda), qui sera, selon l’artiste, «une synthèse» de la chanson constantinoise dans ses différents genres. Le concert de Abbas Righi est organisé, sous l’égide du ministère de la Culture, dans le cadre du programme des activités culturelles et artistiques prévues pour le mois de Ramadhan par le Palais de la culture.