Interdiction de l’importation de la friperie: La colère des «chiffonniers»

Interdiction de l’importation de la friperie: La colère des «chiffonniers»

friperie.jpgLes importateurs et les transformateurs de friperie sont en colère. Depuis l’adoption, par l’APN, le 30 novembre dernier, du projet de la loi des finances 2012, qui énonce clairement à travers un article l’interdiction de l’importation de la friperie, les «professionnels» n’arrivent pas encore à «digérer» cette attitude de l’Assemblée.

D’où leur courroux et la multiplication non seulement des déclarations fustigeant l’APN et tous ceux qui ont concouru à favoriser l’adoption de cette mesure, mais aussi l’initiation de nombreuses actions de protestations. Un peu partout à travers l’ensemble des wilayas du pays, les chiffonniers font, en effet, entendre leur voix en donnant libre cours à leur colère.

De Tébessa, place forte des importateurs et des transformateurs, à Oran le sentiment de frustration est le même. Plusieurs marches ont aussi été organisées dans certaines wilayas, à l’exemple de Msila et Bouira, pour exprimer clairement ce sentiment et, ainsi, interpeller les autorités sur le sort incertain qui est, désormais, réservé aux milliers de travailleurs qui, du coup, vont grossir les rangs de chômeurs.

L’APN et le gouvernement, ont-ils agi avec légèreté sans mesurer réellement les conséquences de cette interdiction d’importation de la friperie ? «Nous payons 100% de redevances douanieres comme nous nous acquittons de toutes les taxes inhérentes à l’opération d’importation», nous a indiqué, hier, Saâd Kraboussi, un importateur de friperie de la wilaya de Tébessa qui ne comprend pas l’empressement du gouvernement et de l’APN à abroger l’article 27 de la loi de finances complémentaire 2011 qui autorisait l’importation de la friperie.

Rappelons que dans le cadre du projet de loi de finances 2012, qui a été adopté par l’APN le 30 novembre dernier, le gouvernement avait proposé d’abroger l’article 27 de la loi de finances complémentaire 2011. « 

Ce fameux article 27 avait été proposé par un groupe de députés qui a réussi le tour de force de convaincre l’APN de l’adopter. Mais cela a suscité une véritable levée de boucliers de la part, notamment, de la Fédération des travailleurs du textile affiliée à l’UGTA et du Parti des travailleurs qui ont, par la suite, fait le forcing en vue de l’annulation de cette disposition. Ce à quoi le gouvernement a répondu favorablement.

«Cet article 27 a été retiré parce que nous avons fait un assainissement qui nous a coûté 60 milliards de dinars», a déclaré le ministre des Finances, Karim Djoudi, après la séance plénière de l’APN. Saâd Karboussi, contacté hier, a souligné que des «milliers d’emplois vont disparaître à cause de cette mesure, car toutes les unités de transformation de la friperie, qui sont au nombre de 76 sur l’ensemble du territoire national, vont baisser rideau».

Les professionnels du secteur vont-ils pour autant baisser aussi les bras ? Apparemment non puisqu’ils espèrent toujours une éventuelle levée de cette interdiction. «Cette mesure n’est pas le Coran», soutient notre interlocuteur précisant que «cette situation pourra changer avec l’arrivé d’un nouveau gouvernement».

Cet importateur, qui semble privilégier la voie de la modération pour faire entendre la voix des importateurs et des transformateurs de la friperie, ne partage pas l’attitude de certains de ses pairs qui, très dépités par la mesure, profèrent des menaces ça et là. «Pourquoi entrer en conflit avec Louisa Hanoune qui, en tant que présidente d’un parti politique, est en droit de défendre ses positions sur cette question ?», s’est interrogé Saâd Karboussi qui fait allusion aux menaces du président de l’Association des importateurs de friperie, sise à Tébessa, Cherif Farhi.

Ce dernier a, pour rappel, brandi la menace de mener une campagne contre le Parti des travailleurs lors des prochaines élections législatives en vue de l’empêcher d’avoir des sièges à l’APN. Les professionnels de la friperie, qui soutiennent que cette activité est exercée dans tous les pays du monde, rejetant ainsi les accusations selon lesquelles ils seraient à l’origine de la mort de l’industrie du textile en Algérie, comptent maintenir la pression et tout indique que les actions de protestations vont se poursuivre.

Kamal Hamed