Le Ramadhan le plus sanglant depuis 10 ans

Le Ramadhan le plus sanglant depuis 10 ans

actualite2[16118].jpgLa grande majorité des attentats a été enregistrée en Kabylie, dont Tizi Ouzou et Boumerdès. Avec un bilan aussi macabre, les Algériens ont renoué avec le deuil et la sinistrose.

Le Ramadhan 2011 restera dans les annales au vu des nouveaux indices sécuritaires. La multiplication remarquable des attentats spectaculaires laisse penser a priori que les groupes armés se sont redéployés. Ainsi, et après une légère accalmie constatée notamment en juin, les terroristes ont signé leur retour en force dès le 4 juillet en Kabylie, avant d’ensanglanter toute la région, de Boumerdès à Azeffoun, en passant par Tigzirt, Dellys, les Issers, Bordj Menaïel Maâtkas, Azazga et Bouira.

Viendra ensuite le mois de carême où les groupes armés passent aux procédés les plus meurtriers, à savoir les attentats à la bombe et les attentats kamikazes à proximité de casernes, de cantonnements de gardes communaux et de commissariats de police. Mieux, les sbires de la branche d’Al-Qaïda au Maghreb sont passés à un mode opératoire ciblant les personnes, y compris celles qui ne sont plus au front de la lutte antiterroriste. Mais devant un décompte des plus macabres, le Ramadhan 2011 demeure le plus sanglant et nous rappelle les années 1990 quand la sinistrose avait pris le dessus chez la population.

Le double attentat kamikaze perpétré vendredi à l’École interarmes de Cherchell (Tipasa), à lui seul, a fait 18 morts et des dizaines de blessés. La veille, ce sont deux policiers et un militaire qui ont été tués dans deux attentats distincts à Bordj Bou-Arréridj. Les deux policiers étaient en faction devant une mosquée de la ville à l’heure des tarawih, lorsque des criminels circulant à bord de deux véhicules les ont mitraillés, les tuant sur le coup.

Un militaire a été tué et deux autres ont été blessés le même jour par l’explosion d’une bombe au passage d’un convoi de l’armée dans la zone montagneuse de Taouarga, près de Boumerdès. Ciblée mais pas atteinte, la capitale a échappé à plusieurs attentats durant ce mois sacré. En effet, les services de sécurité avaient intercepté et abattu deux kamikazes, à Thénia (Boumerdès), qui s’apprêtaient à rallier Alger pour commettre leur sale besogne.

Les groupes armés, qui ont multiplié depuis le début du Ramadhan les attentats spectaculaires, avaient assassiné, le 19 août dernier, trois civils alors que deux autres citoyens avaient été blessés à Maâtkas, à Tizi Ouzou, lors d’un accrochage avec des terroristes venus kidnapper un habitant de ce village. Cinq jours auparavant, Tizi Ouzou a été le théâtre d’un attentat-suicide contre un commissariat de police situé au centre-ville des Genêts. Un attentat, rappelle-t-on, revendiqué par la branche d’Al-Qaïda (Aqmi), et qui avait fait 33 blessés, dont deux Chinois.

La riposte des services de sécurité a été immédiate. Trois terroristes seront abattus dans la région de Boumerdès dans une embuscade tendue par les forces de sécurité dans la zone de Bouidal, près d’Amal. Des armes et des munitions ont été récupérées à l’issue de cette opération déclenchée sur la base de renseignements fournis aux forces de sécurité. Deux autres terroristes seront également éliminés dans une autre embuscade dans la même zone. Les gendarmes avaient récupéré deux kalachnikovs et des munitions.

Entre-temps, un autre groupe armé s’en est pris au chauffeur du chef de sûreté de daïra de Béni Douala, à Tizi Ouzou, et un transporteur de voyageurs de la même région. Mortellement touchées, les deux victimes ont succombé à leurs blessures quelque temps après leur admission au CHU de la ville des Genêts. Le chef de la sûreté de daïra s’en est sorti indemne. Suite à quoi, les éléments dudit groupe terroriste, seront accrochés, le lendemain, au centre-ville de Béni Douala, par des policiers qui ont intercepté leur véhicule. Un citoyen a été blessé lors de cet accrochage. La nuit même, trois terroristes seront abattus à Boumerdès alors que trois citoyens seront lâchement assassinés dans la même localité quelques jours plus tard. Le bilan s’alourdira davantage avec les attentats ciblés contre des individus, notamment les policiers en faction et les GLD.

Au moins vingt-cinq morts ont été enregistrés, notamment à Chlef, Sidi Bel-Abbès, Si Mustapha (Boumerdès), Kadiria (Bouira) et Béni K’sila (Béjaïa). Cela, sans compter les fausses alertes à la bombe signalées çà et là, notamment dans la région de Bouira, où la psychose a atteint son summum. D’autres attaques et incursions terroristes ont également eu lieu à Tizi Ouzou et Boumerdès, leur bilan total s’élevant à une dizaine de morts et une vingtaine de blessés.