Augmentation des salaires,5 millions d’Algériens en sont exclus

Augmentation des salaires,5 millions d’Algériens en sont exclus

voixx.jpgPlus de la moitié des quelque 9 millions et demi de la population active que compte l’Algérie, travaille au noir.

Une majorité d´Algériens est réduite au silence. Elle est représentée par ces travailleurs de l´ombre qui ne battront pas le pavé pour revendiquer un meilleur pouvoir d´achat. C´est la plaie invisible de la société algérienne.

La contestation sociale a mis en veilleuse les chiffres du chômage. Ceux qui concernent le travail dissimulé donnent l´impression de représenter un tabou. Les statistiques sont pourtant implacables. Une fracture qui menace sérieusement la cohésion sociale. «Sur les 9472.000 travailleurs, enregistrés au 4e trimestre de l´année dernière (2009), 4778.000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la Sécurité sociale, soit un occupé sur deux», avait révélé une enquête de l´Office national des statistiques, il ya près d´une année. L´enquête avait porté sur un échantillon composé de 15.104 ménages. Cette étude de l´ONS n´a pas été réactualisée. Le phénomène s´est-il amplifié? Tout porte à le croire. En effet, si l´on prend en compte, de manière chronologique, les informations distillées çà et là, la réponse ne peut être que positive. Les choses semblaient, a priori, se présenter pour le mieux. En 2006, les informations livrées par le ministre du Travail et de la Protection sociale faisaient apparaitre un net recul du travail au noir. Il avait estimé que la lutte contre ce fléau commençait à porter ses fruits et s´affichait plutôt à la baisse.

Les chiffres rendus publics par Tayeb Louh indiquaient que moins de 30% de la population active ne bénéficiait pas de couverture sociale. Ceux du rapport effectué la même année par l´inspection du travail, avaient abouti au même résultat. Ils confirmaient le recul du travail au noir par rapport aux trois précédentes années. Cet optimisme allait cependant, vite retomber. Une autre enquête de l´Office national des statistiques allait révéler que la courbe était loin d´être inversée. A la fin du premier trimestre 2007, les chiffres de cette étude montraient une nette progression du travail dissimulé. Une hausse de plus de 4% pour l´année 2006. Ce qui l´a propulsé au-dessus de la barre des 53% en 2007. Bien qu´une baisse sensible ait été enregistrée deux années plus tard, rien n´indique que ce phénomène ait été jugulé. Au moins 5 millions d´Algériens demeurent en situation de précarité chronique. Ils ne bénéficient pas de couverture sociale et ne cotisent pas à la Caisse des retraites. Ils n´ont surtout pas le droit de revendiquer une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail.

Le phénomène touche en priorité le monde rural dont la proportion aurait atteint les 60% tandis qu´en zones urbaines la proportion des travailleurs non affiliés à la Caisse de sécurité sociale est estimée à 46% de la population active, indique le rapport établi en 2009 par les enquêteurs de l´Office national des statistiques.

Des chiffres qui fragilisent le financement du système de protection sociale et annoncent la paupérisation d´une majorité de travailleurs algériens qui n´auront pas assez cotisé pour prétendre à une pension de retraite. L´amplification du phénomène du travail au noir met en danger le marché national du travail et porte un sérieux coup à la politique de cohésion sociale qui est déjà sérieusement mise à mal par un front social en ébullition qui a pratiquement touché tous les secteurs d´activité: l´éduction nationale, la santé, la poste, l´enseignement supérieur… Des corps de métier qui ont pu faire aboutir des revendications légitimes à travers des mouvements de contestation. La face cachée du monde du travail en Algérie se compose de 5 millions d´Algériens, exerçant au noir, dont les droits les plus élémentaires sont piétinés si l´on prend en compte leurs conditions de travail et leurs salaires. Une misère sociale qui n´est pas étalée au grand jour. Une exclusion de facto qui accentue les disparités et exaspère la fracture sociale.