Les bases pétrolières gagnées par la contestation : Les travailleurs de Sonatrach exigent du « concret »

Les bases pétrolières gagnées par la contestation : Les travailleurs de Sonatrach exigent du « concret »

sonatrach.jpgLa grogne s’amplifie malgré les concessions. Plus de 1600 travailleurs ont observé mercredi 16 mars un rassemblement de protestation devant la direction régionale de la Sonatrach à Hassi R’mel, à 550 kms au sud d’Alger, a appris DNA auprès de M. Saher Abdelkader, l’un des membres du collectif des travailleurs sur place.

La tentative de la direction de la Sonatrach de désamorcer la crise n’a pas eu l’effet escompté. « M. Cherouati (NDLR, PDG de l’entreprise) n’a fait que parler. Nous voulons un écrit officiel. Nous voulons du concret », affirme M. Saher, joint par téléphone.

Les travailleurs ont décidé de s’abstenir de se restaurer à midi. Une assemblée générale est prévue ce soir pour décider des suites à donner au mouvement de protestation, entrée dans sa seconde semaine.

« Les travailleurs sont mobilisés et comptent maintenir la pression jusqu’à la satisfaction pleine et entière de leurs doléances », assure M. Saher.

Les travailleurs s’apprêtent par ailleurs à adresser une lettre au PDG de la Sonatrach pour lui faire part de leurs exigences.

Dans cette lettre, dont DNA s’est procuré une copie, les pétroliers de Hassi Rmel affirment avoir relevé « l’ambiguïté et l’opacité de certaines mesures annoncées, notamment la confirmation de l’attribution de l’indemnité compensatoire relative à la retraite proportionnelle » et demandent des « éclaircissements à même de ramener un tant soit peu le calme, la confiance et la sérénité au sein de nos collectifs »

Les travailleurs estiment en outre que « l’urgence de la situation » appelle des « des mesures concrètes allant dans le sens du bien être des travailleurs ».

Ils réclament ainsi « le rétablissement d’un climat de confiance, jusque là déficitaire, entre le travailleur (…)d’une part, et son nouveau staff de commandement d’autre part, par l’instauration d’un espace sain de concertation et de dialogue responsable qui mènera, sans aucun doute, à la satisfaction parfaite de toutes les parties ».

Mercredi 9 mars, la direction de Sonatrach a partiellement donné satisfaction, après un accord négocié avec les syndicats du secteur, aux revendications des pétroliers opérant dans les champs de Hassi R’mel, Hamra, Rhourde Nouss et Gassi Touil.

Ces concessions concernent l’extension du bénéfice de l’indemnité compensatoire pour le personnel soumis à la relève ayant exercé trente-deux années de travail effectif et sans condition d’âge, le bénéfice de l’allocation de fin de carrière calculée sur le salaire de base actuel, la confirmation de l’indexation des heures supplémentaires sur le salaire de base actuel et l’indexation des formules de calcul des montants de l’indemnité de travail posté, et l’indemnité de nuisance et de l’indemnité de zone et condition de vie au salaire de base actuel.

Les autres revendications exposées par les collectifs des travailleurs « feront l’objet d’un examen approfondi dans une étape suivante », selon la note adressée aux travailleurs.

En déplacement dans le sud en milieu de semaine, le PDG de la Sonatrach s’est engagé à prendre en charge leurs revendications. Visiblement, ces derniers qui ne se suffisent pas d’engagements, exigent la satisfaction entière de leurs doléances.

Ils réclament l’indexation des primes sur le nouveau SNMG plutôt que sur le salaire de base, selon M. Ali Arhab, un autre délégués des travailleurs à Hassi R’mel

Actuellement, l’indemnité de zone et des conditions de vie (IZTV) est calculée sur la base du SNMG de 6800 DA (68 euros) au lieu de 15 000 DA (150 euros) au moment où la prime de nuisance, fixée entre de 700 à 2400 DA (entre 7 et 24 euros), est jugée insuffisante, selon lui.

Pour ce qui est de l’extension des bénéfices de l’indemnité compensatoire au profit des travailleurs ayant exercé pendant 32, les pétroliers exigent une période de 20 ans.

« L’ancien PDG de la Sonatrach nous avait déjà donné sa parole d’honneur pour satisfaire nos revendications socioprofessionnelles. Il n’en fut rien. Avec l’actuel PDG, la balle reste dans le camp de l’employeur », dira M. Arhab.

La contestation qui a débuté jeudi 24 février dans la région de Hassi R’mel coïncidait avec le 40eme anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en février 1971.

Les travailleurs avaient profité de la présence du ministre de l’Energie et des mines, M.Yousef Yousfi, pour lui exposer leurs doléances.

Ce jour-la, le ministre n’a bronché. Mais depuis que la grogne a touché d’autres champs pétroliers, Hamra, Rhourde Nouss et Gassi Touil, la direction de la Sonatrach , la plus grande entreprise d’Afrique, s’est empressée d’éteindre le brasier.

La région de Hassi R’mel, dans le sud algérien, représente le plus grand gisement de gaz naturel du continent africain.

Les installations construites autour de Hassi R’mel constituent la plaque tournante de l’industrie gazière algérienne. C’est depuis cette région que différents gazoducs exportent le gaz algérien, particulièrement vers l’Europe.