Ghlamallah avertit,Les radicalistes menacent nos mosquées

Ghlamallah avertit,Les radicalistes menacent nos mosquées

P101205-18.jpgLe jugement devant les tribunaux des non-jeûneurs, sujet très controversé, n’est en réalité qu’un simple rappel à l’ordre de l’Etat, selon le ministre

La mosquée est toujours otage des courants politiques qui tentent de l’exploiter à des fins non religieuses. C’est ce qu’a laissé entendre Bouabdallah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Ce dernier a clairement indiqué, hier, lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III, que la mosquée continue à constituer un danger dans la mesure où des intégristes tentent de l’exploiter pour véhiculer leurs idées. Autrement dit, le terrain est propice et les intégristes contrôlent et dominent les mosquées à la moindre faille ou manque de vigilance des citoyens ou de l’Etat.

Qui sont-ils ces activistes qui veulent exploiter la mosquée à des fins politiques? Sans ambiguïté, le ministre pointe du doigt les personnes partageant les mêmes courants politiques que ceux des années 90. «Les séquelles du terrorisme sont toujours là. Ceux qui portent les mêmes idées des années 90 existent toujours, ce qui veut dire que l’enjeu politique demeure. Les partisans de ce courant croient toujours à leurs idées et souhaitent convaincre la population de les suivre», a-t-il dit, lors de son passage à l’émission «politique» de la Radio nationale. Faut-il craindre cette menace? Le ministre appelle à la vigilance.

«Il faut rester vigilant», rétorque-t-il à la question de la consoeur de la Chaîne III. Et d’ajouter que cet activisme nécessite un contrôle pointu et ne pas fermer les yeux sur le moindre détail. Afin de faire avorter le plan des intégristes, le ministre dit faire confiance à la population et à la sensibilisation des imams. A ce titre, il a affirmé qu’il compte sur la maturité des citoyens et leur niveau intellectuel pour éviter de tomber dans les pièges des islamistes comme cela s’est produit lors des années 90.

L’autre atout sur lequel compte le ministre, est bien la sensibilisation des imams afin d’interdire aux adeptes du courant islamiste de faire des prêches au niveau des mosquées. Le ministre a, toutefois, refusé de commenter si ces intégristes sont manipulés par des mains étrangères. «C’est à la police politique de faire son travail», répond-il. Le ministre avoue que ce sont ces mêmes «fanatiques» qui sont derrière la tentative de propagation du chiisme en Algérie. Leur fin, selon le ministre, ne consiste pas à convaincre les Algériens d’adopter cette idéologie, mais ils cherchent, explique-t-il encore, à trouver un moyen d’entrer en contact avec la population pour les mêmes objectifs. «Il s’agit bien de tentatives de récupération politique», a-t-il dit. M.Ghlamallah n’est pas allé par trente-six chemins pour dénoncer les pratiques des «intégristes fanatiques» comme il les a appelés. Pour lui, ce fanatisme ne servira pas le développement du pays.

Au contraire, précise-t-il, il contribue à la régression de la société et au freinage du développement culturel et intellectuel de la société. «L’intégrisme et le fanatisme ne permettent pas l’évolution des réflexions et des idées des êtres humains», a-t-il expliqué. Et de préciser que l’Islam de façade ou pour être vu de l’extérieur ne reflète pas la pratique de la religion musulmane. «L’Islam ce n’est pas le fait d’étaler sa barbe ou pratiquer la polygamie», a-t-il dit ironiquement.

Le rappel à l’ordre aux non-jeûneurs

Le jugement devant les tribunaux des non-jeûneurs, sujet qui a suscité trop de polémiques, n’est en réalité qu’un simple rappel à l’ordre de l’Etat. Sollicité à ce sujet, le ministre s’est montré ouvert et compréhensif quant aux convictions de tout un chacun. Faisant montre de respect de la liberté de culte, le ministre déclare que les Algériens sont libres de jeûner ou pas.

Le problème ne se pose pas, selon le ministre, dans l’action de jeûner ou pas. «C’est une conviction personnelle. Chacun est libre dans ses pratiques», a-t-il dit. Ce que le ministre n’a pas admis, est bien le fait que les non-jeûneurs «violent ce pilier de l’Islam» dans les places publiques. «Que les non-jeûneurs respectent le sentiment des jeûneurs! Qu’ils ne mangent pas dans les lieux publics!», a-t-il dit. M.Ghlamallah croit fortement que le passage des non-jeûneurs devant les tribunaux avait pour but de les rappeler à l’ordre, sans plus.

Le Hadj et l’incapacité des agences de voyages

Qualifiée de catastrophique sur tous les plans, la saison du Hadj 2010 est jugée de réussie par le ministre. Alors que la quasi-totalité de nos hadjis déplorent les conditions de prise en charge, le ministre s’est dit satisfait et il estime que le pèlerinage s’est déroulé dans de bonnes conditions. Et pourtant, il reconnaît, implicitement, l’existence des insuffisances et des lacunes dans l’organisation.

La première critique a pris pour cible les agences de voyages. Pour le ministre, l’Onat (Office national du tourisme) et le TCA (Touring Club Algérie), n’ont pas les capacités suffisantes pour prendre en charge le quota qui leur a été attribué. «Ces agences ne peuvent prendre en charge que 1000 hadjis chacune, alors qu’elles se sont retrouvées avec 14.000 pèlerins.

L’Onat et le TCA ne sont pas en mesure de prendre en charge ce nombre important.» A qui la faute? Qui a autorisé ces deux agences à enregistrer 14.000 hadjis, alors qu’elles ne sont pas capables d’assurer la prise en charge de plus de 2000 pèlerins? Il est plus qu’évident que le volet commercial a prévalu, au détriment de la bonne prise en charge des hadjis. S’agissant de quelques cas de falsification de dossiers médicaux pour pouvoir accomplir le rite, il a souligné qu’il s’agit d’un problème d’organisation. Et d’ajouter que le problème se pose surtout avec ceux qui accomplissent le rite du Hadj plusieurs fois. Le ministre a, par ailleurs, minimisé le phénomène de la vente des passeports du Hadj, précisant qu’il ne s’agit que de «cas minimes».

Tahar FATTANI