Corruption, Sahel, situation économique, Djezzy et RCD Les arguments d’Ouyahia

Corruption, Sahel, situation économique, Djezzy et RCD Les arguments d’Ouyahia

145100.jpgLe Premier ministre a rappelé certaines mesures prises par le gouvernement pour, justement, contrer et réprimer ce fléau de la corruption et protéger les deniers publics.

Il dira à ce titre que désormais aucun projet ne sera inscrit sans avoir au préalable un crédit de paiement.

Le Premier ministre a rappelé avec force combien la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics fait partie des priorités de l’action du gouvernement.

Dans ses reponses aux députés qui l’ont interpellé sur nombre de questions lors du débat qui a suivi la présentation de la déclaration de politique générale, Ahmed Ouyahia, qui avait comme à son habitude le verbe facile, a en effet indiqué, avant-hier dans une allocution qui a duré 1h 30 mn, que l’Etat est plus que jamais déterminé à aller dans ce sens et que, par conséquent, « personne ne peut complexer le pouvoir et le gouvernement sur cette question ».

Il a accusé ainsi certaines parties de faire de cette question « un fonds de commerce» à des fins politiques. L’orateur a par la suite écarté tout lien entre les retards de réalisation des projets ainsi que les surcoûts y afférents qui se sont élevés à presque 130 milliards de dollars pour le plan 2005-2009.

Ainsi, selon lui, les retards ne sont pas le lot exclusif de l’Algérie puisque d’autres pays développés peuvent accuser des retards, citant le cas du tunnel sous la Manche et d’un projet de l’entreprise américaine Boeing.

Et c’est à ce moment là que le Premier ministre a rappelé certaines mesures prises par le gouvernement pour, justement, contrer et réprimer ce fléau de la corruption et protéger les deniers publics .

Il dira à ce titre que désormais aucun projet ne sera inscrit sans avoir au préalable un crédit de paiement. Comme il a rappelé le rôle crucial de la Caisse nationale d’equisetum et de développement qui doit donner son aval à tout projet doté d’une enveloppe qui dépasse le seuil de 20 millions de dinars.

Il a soutenu que la lutte contre la corruption, qui est déjà la préoccupation majeure du Président Abdelaziz Bouteflika, doit demeurer la préoccupation commune de tous les Algériens. Ouyahia a été on ne peut plus clair lorsqu’ il a plaidé en faveur du renforcement des instruments et mécanismes de contrôle ainsi que ceux relatifs à la répression.

C’est ainsi que des contrôleurs financiers, des magistrats et des experts seront recrutés par les ministères pour examiner les marchés publics. Le Premier ministre a aussi révélé qu’une instruction a été adressée à toutes les entreprises publiques pour recourir aux services de cabinets d’avocats.

Il a enfin fait cas de la loi organique portant règlement budgétaire, qui n’a pas été présentée à l’APN depuis 1981, qui sera soumise aux députés lors de la session d’automne et qui ne manquera pas, dira t-il, « de renforcer le contrôle sur les deniers publics ».

Considérant que les rapports des organisations internationales ne sont pas objectifs, Ouyahia a martelé que « la lutte contre la corruption se poursuivra comme c’était le cas pour le terrorisme, la lutte contre la corruption n’est pas un discours, c’est des actes ».

« L’Etat rachètera Djezzy »

Les propos du Premier ministre ne souffraient d’aucune équivoque s’agissant de la volonté de l’Etat d’acquérir l’entreprise de téléphonie mobile Orascom Telecom Algérie (OTA) qui commercialise la marque Djezzy.

«La seule partie qu’on reconnaît c’est Orascom telecom holding qui est consignataire du contrat. Cette entreprise est notre partenaire » a indiqué Ahmed Ouyahia, avant-hier, du haut de la tribune de l’APN en réponse aux questionnements des députés qui, lors du débat sur la déclaration de politique générale, l’ont interpellé sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre. En d’autres termes, l’Algérie ne va pas négocier avec l’entreprise russe Vimpelcom qui a racheté 51,7% des actions d’Orascom Telecom.

Ahmed Ouyahia a également précisé la position algérienne s’agissant de la question de l’évaluation de la valeur de l’entreprise Djezzy en indiquant, notamment, que « les chiffres avancés concernant la valeur de l’entreprise ne nous intéressent pas ». Car pour le Premier ministre, « il y a différents moyens pour connaître cette valeur et l’Algérie compte justement recourir à des experts internationaux pour cette question précise». Cependant, avant d’en arriver à l’opération rachat, l’entreprise Djezzy doit au préalable souscrire à certaines de ses obligations. Il en cite d’ailleurs quatre d’entre elles.

«Le propriétaire d’OTA doit assainir sa situation avec les impôts à qui il doit 17 milliards de dinars » a précisé Ouyahia avant d’ajouter qu’«il est aussi tenu de s’acquitter de ce qu’elle doit à l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) au titre de salaires impayés des employés de Lacom. Comme l’entreprise est aussi tenue de répondre devant les tribunaux des poursuites engagées par la Banque d’Algérie». De plus, dira encore Ouyahia, Djezzy doit, après le rachat de l’entreprise, payer 20% de la plus value conformément dispositions de la réglementation. Le Premier ministre a enfin estimé que « les intérêts de l’économie nationale sont préservés».

À propos des députés du RCD :

« Ils se sont trompés de pays »

Comme attendu par tous les observateurs, le Premier ministre n’a pas raté l’occasion de répliquer avec véhémence aux critiques qu’il a subies de la part des députés du RCD.

« Ils se sont trompés de pays, comme ils se sont déjà trompés de peuple » a, en effet, indiqué dimanche dernier à l’APN Ahmed Ouyahia qui répondait aux interrogations des députés formulées lors du débat sur la déclaration de politique générale. Dans le carré réservé aux députés du RCD, c’est la grogne alors que, debouts, les députés des partis de l’Alliance présidentielle applaudissent.

Ouyahia poursuit son intervention en déclarant que « personne ne vous écoute ». Cette escarmouche, qui en dit long sur l’animosité entre les deux partis, a constitué l’événement majeur de cette sortie d’Ahmed Ouyahia qui était décidé à en découdre avec les représentants du parti de Said Sadi. Les élus du RCD l’avait, rappelons-le, sévèrement critiqué lors des débats allant même jusqu’à lui dire, par la voix du chef du groupe parlementaire, Athmane Mazouz, «que nous ferons tout pour écourter ta carrière politique ».

Ouyahia ne s’est pas arrêté à ce stade puisque il a aussi mis en garde les populations des wilayas de Tizi ouzou et de Bejaia contre les agissements des députés de ce parti. «Vous étiez des otages, des victimes et une offrande», a-t-il notamment déclaré. Concernant les programmes de développement de ces deux wilayas, Ouyahia a, chiffres à l’appui, mis en exergue les différentes et multiples réalisations en martelant que «c’est là la reponse à ceux qui ont dit que le pouvoir a déclaré une guerre économique contre la Kabylie».

Dans ce même contexte, il a évoqué la question du programmedes Nations unies pour le développement (PNUD) destiné à la wilaya de Tizi Ouzou et qui, à en croire le RCD, aurait été bloqué par le gouvernement. «Ce programme doté de 3,5 millions de dollars est destiné à quatre wilayas Tizi Ouzou, Médéa Djelfa et M’sila et non pas à la première wilaya citée» dira pour la précision l’orateur. De plus, l’Algérie contribue à hauteur des 2/3, soit 2,5 millions de dollars dira Ouyahia et c’est pourquoi « nous avons le droit d’avoir un droit de regard »

Par : Kamal Hamed