Les problèmes du développement au Sahel menacent la sécurité, affirme l’Algérie

Les problèmes du développement au Sahel menacent la sécurité, affirme l’Algérie

101101Feature1Photo1.jpgLa sécurité dans la région du Sahel-Sahara a besoin du développement, a déclaré le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia dimanche 31 octobre à Alger.

Les pays du Sahel ont besoin de « fonds pour développer l’administration de leurs régions du nord et renforcer leurs forces de sécurité », a déclaré le ministre à la presse. « Sans développement, la sécurité reste fragile », a déclaré Ouyahia.

Pour ce faire, le gouvernement algérien lance une série d’initiatives liées au développement et à la sécurité, destinées à renforcer la collaboration entre les pays du Sahel-Sahara dans la lutte conttre l’extrémisme.

« Ce que nous disons à nos amis dans le monde, c’est que les pays du Sahel ont besoin d’assistance et de respect pour parvenir au développement », a poursuivi Ouyahia.

L’Algérie « assume ses responsabilités en menant à bien ses missions sur son sol et envers ses voisins par le biais des mécanismes des chefs d’état-major, des responsables de la sécurité et de réunions comme celle qui a été organisée dans la ville libyenne de Syrte, en marge du Sommet arabo-africain », a-t-il souligné.

Le gouvernement algérien parie sur les projets de développement qui seront lancés dans les régions frontalières pour empêcher tout rapprochement entre AQMI et les tribus touaregs. Le gouvernement envisage également de créer un programme spécial pour améliorer les conditions sociales des Touaregs d’Algérie et répondre aux préoccupations des habitants de la région frontalière. Outre le lancement de projets hydrauliques, des équipes médicales ont été envoyées dans la région pour y pallier le manque de médecins

Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a déclaré que « les problèmes que rencontrent les pays du Sahel ne se limitent pas à la lutte contre le terrorisme, considéré comme une voie de secours à la difficile situation que connaît la région ; ils recouvrent aussi d’autres questions, au premier rang desquelles un développement complet qui constitue l’un des principaux obstacles pour les peuples de la région ».

« Les pays du Sahel doivent également porter leur attention sur les aspects du développement dans la région », a déclaré Medelci. « Et ils ne doivent pas réduire leurs efforts de lutte contre le terrorisme, pour pouvoir contenir avec succès les éléments d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). »

Medelci a également salué la coopération positive entre l’Algérie et les pays de la région, bien qu’il ait qualifié la situation sécuritaire « d’alarmante ». Il a souligné le rejet par l’Algérie de toute initiative antiterroriste en-dehors de l’accord conclu lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel en mars 2010, qui avait entraîné la création du commandement militaire conjoint de Tamanrasset chargé de la lutte contre le terrorisme et la criminalité.

Pour sa part, le ministre algérien pour le Maghreb et les Affaires africaines Abdelkader Messahel a indiqué que l’Algérie présentera un nouveau projet aux Nations unies appelant à une interdiction de la libération de teroristes en échange d’otages. Dans un entretien avec le magazine al-Jaish, Messahel a indiqué que la résolution des Nations unies visant à pénaliser le paiement de rançons à des terroristes était désormais insuffisante, au vu du fait que certains pays ne respectent pas cet accord.

Répondant à une annonce de l’Union européenne selon laquelle elle envisage d’élaborer une stratégie sahélienne, Medelci a déclaré que l’Algérie estime que les pays de la région peuvent résoudre leurs propres problèmes sans intervention étrangère, soulignant en même temps les efforts consentis par l’Algérie pour lutter contre le terrorisme et les fléaux qui lui sont liés. Il a également souligné que l’Algérie avait apporté 5 millions d’euros au Mali, en plus de matériel militaire et de munitions.

« [L’UE] ne peut élaborer une stratégie au Sahel sans l’aide des pays de la région, notamment l’Algérie », a expliqué Hassan Bouliha, spécialiste de la sécurité.

« Malgré les réserves exprimées par l’Algérie sur une intervention militaire directe dans la région, l’assistance européenne en termes de dispositifs de surveillance et d’observation loin de toute intervention directe et de présence sur le terrain serait acceptable, car les pays du Sahel ne disposent pas de technologies aussi avancées », a indiqué Bouliha. Et d’ajouter que la situation actuelle rendait nécessaire une approche complète et conjointe dans la région du Sahel-Sahara.