Un ramadhan sans lait ?

Un ramadhan sans lait ?

alger le 15 08 2007- Les usines de lait maintiennent le rythme de la production en Algv©rie aprv®s la dv©cision de l‚ÄôEtat de subventionner une partie du prix de revient perturbv© par une flambv©e de la valeur de la mativ®re premiv®re sur le marchv© international. ( photo bilal zahani / new press )Les professionnels se plaignent de la rareté de la matière première

Voilà plus de dix jours déjà depuis que la pénurie du lait en sachet s’est déclenchée à travers le territoire national, mais la situation ne semble pas connaître un dénouement pour les transformateurs de lait.

Malgré la réunion tenue le 26 juillet dernier entre l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) et le Conseil interprofessionnel du lait (CIL) durant laquelle les deux parties ont convenu de revoir les quotas de lait et prévu la distribution une semaine après, rien n’a été fait depuis.

Nombre de laiteries de l’Ouest, du Centre et de l’Est ont épuisé tout leur stock en poudre de lait et se sont retrouvées à l’arrêt voilà plus de dix jours. Au rythme où évoluent les choses, les opérateurs du lait voient rouge et ne semblent guère rassurés sur la production de lait dans les prochains jours.

Certains opérateurs ne cachent pas leur pessimisme en affirmant que le problème risque de s’accentuer à l’avenir si cette crise entre l’ONIL et le CIL se poursuit au moment où la pénurie est généralisée à travers tout le pays. Jusqu’à hier, les transformateurs de lait disent n’avoir pas reçu les quotas prévus lors de la dernière réunion entre l’Office et le Conseil. Les laiteries privées sont à sec tandis que les laiteries publiques sont fonctionnelles et restent les seules à couvrir les différentes régions avec du lait en sachet vendu entre 30 et 35 DA.

Entre-temps, des visites sont effectuées par les responsables de l’ONIL aux laiteries de l’Ouest et l’Est, à l’exemple de la wilaya de Mostaganem, de Sidi Bel Abbès, d’Oran et de Annaba avec la promesse que la poudre de lait sera débloquée dans les jours à venir.

Selon un opérateur de lait de l’Ouest, tout le problème du lait réside dans l’insuffisance des quotas de la poudre de lait distribués aux différentes laiteries. «Mon quota a été réduit de 50% depuis une année et j’ai dû me rabattre sur le marché parallèle pour m’approvisionner.

Je pouvais me permettre cette solution lorsque la poudre qui coûte 150 DA le kilo à l’ONIL était vendue à 170 DA dans le marché parallèle mais maintenant que son prix a flambé jusqu’à 300 DA le kilo, il m’est impossible de supporter cette perte », a expliqué hier un transformateur de lait de l’Ouest.

Pour cet opérateur, au cours du mois de Ramadhan de l’année dernière, 420 tonnes de poudre de lait ont été consommées mais, pour cette année, il est difficile de voir le bout du tunnel avec cette crise qui ne semble pas aller vers le dénouement.

Le problème est toujours d’actualité, et les opérateurs se posent la question sur les raisons de cette réduction des quotas et sur l’incapacité de l’ONIL de répondre aux besoins des transformateurs. Les professionnels continuent à dénoncer la mauvaise répartition par région de la poudre de lait. Entre l’Ouest, le Centre et l’Est, l’écart des quotas est important, pouvant atteindre par région presque deux fois les quotas cumulés.

Si le lait en sachet se fait rare, cela n’est pas dû uniquement à ce conflit entre l’ONIL et le CIL mais aussi au prix de la poudre de lait qui a augmenté sur le marché international, au retard accusé dans les avis d’appel d’offres et consultation des offres et aussi au travail des laboratoires d’analyse, critiqué par les professionnels, et au détournement de la poudre de lait, subventionnée par l’Etat, pour la fabrication des dérivés (fromage, yoghourt, crème) et vendue en l’état sur le marché informel.

Ce qu’appréhendent le plus les gérants des laiteries est la diminution des importations de la poudre de lait par le gouvernement à 110.000 tonnes au cours de cette année dans le but de réduire la facture alimentaire.

Mokhtaria Bensaâd