Passeport biométrique : Cinq années de sursis pour les émigrés

Passeport biométrique :  Cinq années de sursis pour les émigrés

douane.JPGAu 1er janvier 2015, seul et uniquement le passeport biométrique sera accepté comme document de voyage dans l’ensemble des pays européens.

Beaucoup d’entre eux délivrent déjà ce nouveau passeport, sans autres procédures supplémentaires. Reste le cas des immigrés. Plutôt ceux qui ne bénéficient pas encore de la double nationalité. L’introduction du passeport biométrique en Algérie ne semble pas, pour le moment, concerner la communauté algérienne installée à l’étranger.

Il a été question à un moment donné de lancer, en primeur, l’opération au Canada où vivent un peu plus de 35.000 de nos concitoyens. Cette information a été démentie quelques jours après par les autorités officielles algériennes. En Europe, plus précisément en Belgique, l’opération n’est pas, pour le moment, à l’ordre du jour.

Les responsables du consulat général d’Algérie à Bruxelles nous ont précisé qu’ils ont bien été instruits sur les modalités et conditions de délivrance du nouveau document de voyage, mais n’ont pas encore reçu la directive pour démarrer l’opération. Le seul consulat qui a entamé l’opération (dite pilote) est celui de Bobigny (France), dans la région parisienne. En Belgique vivent quelque 30.000 Algériens, dont près de 23.000 immatriculés au consulat.

La particularité est qu’une bonne majorité de ces immigrés disposent de la double nationalité. En général, ils sont très attachés au passeport algérien qu’ils utilisent pour les voyages vers l’Algérie. Signalons que l’obtention du premier passeport au consulat obéit aux mêmes règles et conditions qu’au pays, notamment l’enquête policière jusque dans le lieu de naissance du demandeur.

Cela prend un délai moyen de six mois. En revanche, le renouvellement du passeport est établi dans l’heure qui suit la demande, sans autres documents en dehors des 4 photos traditionnelles. Cette relative facilité administrative, quoique appréciée par nos concitoyens, leur paraît tout à fait naturelle, tant les obstacles bureaucratiques pour le reste de leurs besoins dans le pays d’accueil sont quasiment inexistants.

A titre d’exemple, pour le passeport biométrique belge, seules les quatre photos d’identité sont demandées avec bien entendu la présentation de la carte d’identité nationale. Tout le reste est traité par informatique et le passeport biométrique est délivré dans un délai de 15 jours à un mois.

Il vous est même demandé si vous souhaitez une procédure accélérée (pour un besoin urgent), alors le délai de délivrance est largement raccourci, moyennant quelques euros de plus. Au jour «J» vous recevez un appel téléphonique de l’agent communal vous informant que votre passeport est prêt. Pour comparaison, les anciens passeports étaient délivrés en une semaine, et en procédure accélérée en 48 heures.

Cette comparaison est utile pour plusieurs raisons. La première est qu’au vu des conditions draconiennes et complexes exigées en Algérie pour les passeports biométriques, les immigrés qui disposent de la double nationalité n’hésiteront pas à utiliser leurs passeports européens biométriques pour se rendre au pays. Un simple visa suffira.

Et la chose n’est pas nouvelle, puisque certains utilisent depuis longtemps la procédure du visa. Pourquoi ? Parce qu’un visa pour un mois ou deux coûte largement moins cher (30 euros en moyenne) que le timbre fiscal de 70 euros pour le passeport de 5 ans. Ceux qui se rendent en Algérie une ou deux fois tous les 5 ans privilégient, souvent, la demande d’un visa touristique.

La deuxième raison tient à la culture du pays d’accueil, rétive aux obstacles bureaucratiques et hostile aux immixtions des services de police ou de renseignements dans la vie privée des citoyens.

Les pays européens disposent de «Commissions de surveillance» des atteintes à la vie privée et des libertés par les services de l’Etat (renseignements, police, administrations diverses, médias…). Les immigrés suivent de près les informations faisant état des multiples démarches et procédures exigées, en Algérie, pour le nouveau document de voyage.

Ceux d’entre eux qui vivent encore avec le statut de «résident étranger» s’interrogent sérieusement sur le pourquoi de tant d’obstacles et «soupçons» des services de l’Etat pour décrocher ce nouveau passeport.

Enfin, signalons que le consulat général d’Algérie à Bruxelles a délivré durant tout le mois de mars des passeports d’une validité de 5 ans, pour la somme de 20 euros au lieu des 70 euros habituels. «C’est une simple promotion» nous ont confié des responsables consulaires.

M’hammedi Bouzina Med