Après dix ans de gestation, Le FPEG est né à Oran

Après dix ans de gestation, Le FPEG est né à Oran

613x_837875494.jpgAprès dix ans de gestation, le Forum des pays producteurs et exportateurs du gaz (FPEG) est né hier à Oran. Le FPEG est désormais doté d’un secrétaire général, d’un budget annuel auquel ont collaboré 7 états membres et un groupe de travail qui veillera au grain 24h/24 sur les marchés mondiaux du gaz, un logo…en attendant, le recrutement d’experts et d’administrateurs qui se fera incessamment pour faire tourner cette nouvelle organisation qui aura comme mission de sauvegarder les intérêts des pays producteurs de gaz.

Un autre fait inédit est que pour la 1ère fois, le ministre de l’Energie algérien, Chakib Khelil -d’habitude si circonspect et prudent- a parlé d’ «organisation» proprement dite. En effet, selon Chakib Khelil, les travaux de la 10ème réunion du FPEG ont été une «réussite». Aussi, il n’y aura pas, pour le moment, une diminution de l’offre, si cher à l’Algérie et au Qatar.

En effet, dans la déclaration de clôture du 10ème FPEG, on pouvait lire que les pays membres soutiennent «l’augmentation de sécurité énergétique au moyen des interactions tant des investissements mutuels que de l’échange technologique sans barrières injustifiées, particulièrement ceux liés à la taxation carbone, entre des consommateurs de gaz et des producteurs basés sur l’interdépendance en croissance entre eux ». Pour le moment, le FPEG n’agira pas abruptement comme un cartel mais subtilement afin de maitriser tous les mécanismes du marché et arriver à agir sur son équilibre : un prix paritaire et raisonnable du gaz.

Lors de la conférence de presse, organisée au terme des travaux du Forum, Chakib Khelil a déclaré que les membres du FPEG ont les mêmes avis sur la conjoncture gazière actuelle ainsi que les mêmes objectifs. Des objectifs portant tous, sur une stabilisation du marché pour aboutir à un prix du gaz «viable et paritaire».

Pour y advenir, un groupe de travail, composé des pays membres, a été installé et aura pour mission d’élaborer une stratégie, à la faveur de prix raisonnable du gaz. Dans la foulée, chaque pays est libre de choisir la stratégie idoine –selon les clauses de ses contrats passés avec ses clients- pour augmenter ses rentrées financières propres. «Ce qui est profitable pour tel pays du FPEG est essentiellement bénéfique pour les autres pays membres», a annoncé le ministre algérien.

En d’autres termes, l’enchevêtrement des intérêts de chaque pays producteur et leurs interactions avec les autres intérêts d’ordre géostratégiques, économiques et politiques font que chaque pays du FPEG doit avoir sa propre stratégie gazière qui coïncidera a fortiori avec les intérêts et les objectifs du Forum.

En attendant, le groupe de travail mis en place, lors de la réunion d’Oran, aura la délicate mission de trouver les mécanismes adéquats pour faire fructifier l’entente des pays du FPEG et veiller à son accomplissement vers un «unanimisme» qui influera substantiellement sur les cours des marchés, dans un avenir proche.

Dans tous les cas de figure, le gaz devrait être indexé sur le prix du pétrole. D’après Chakib Khelil qui a, à maintes reprises, défendu cette option, le prix du gaz devra rester indexé à celui du pétrole.

En extrapolant, c’est la meilleure stratégie pour trouver un équilibre aux marchés du gaz, relève-t-on. Dans la cohorte de ce que Chakib Khelil a qualifié de «bonnes idées» du meeting d’Oran, chaque pays devra trouver les mécanismes adéquats pour diminuer les factures de l’exploitation et du transport.

En effet, selon les orientations de la réunion d’hier, il faut que chaque pays travaille en amont pour réduire les frais de l’exploitation et du transport, afin d’amortir les pertes dues aux fluctuations du marché.

Une autre «bonne idée» est que les pays du FPEG ont consenti à collaborer entre eux, à savoir préconiser le système «swaps», c’est-à-dire, qu’en cas de besoin, un pays du forum peut suppléer un autre membre également, en approvisionnant à sa place les quotas destinés à l’exportation.

L’exploitation du gaz non conventionnel est un canular ? !

Et si le nouveau procédé d’exploitation du gaz non conventionnel, évoqué, depuis quelques années, par une Presse américaine spécialisée, était un vulgaire canular ? La question n’est pas du tout anodine. Elle a été sérieusement évoquée hier par le ministre de l’Energie Chakib Khelil, lors de la Conférence de presse qui a suivi les travaux du meeting du FPEG.

Chakib Khelil a évoqué le sujet en ces termes : «nous continuons à douter de cette annonce américaine faite par le biais des titres d’une presse spécialisée, portant sur les nouveaux procédés technologiques de production du gaz non conventionnel ». Et de renchérir : «nous avons les outils idoines pour vérifier l’authenticité de cette annonce.

Il faut dire que le développement du gaz non conventionnel par les Etats-Unis est en train de bouleverser le marché mondial du gaz-Il faut souligner que l’annonce de l’exploitation par les américains de gisements de gaz non conventionnel a carrément chamboulé le marché.

Aussi, les pays exportateurs de gaz affichaient ainsi une inquiétude croissante quant à cette nouvelle donne qui à eu un impact sur les prix du gaz sur le marché mondial, et qui aura aussi des influences à l’avenir.

D’où la nécessité de revoir les stratégies de ces pays concernant le prix du gaz et les conventions à long terme signées entre les pays dans ce cadre. Le FPEG a désormais jeté le pavé dans la mare. L’annonce américaine peut être un «vilain canular » pour diminuer les prix. Le groupe du travail mis en place hier aura comme mission liminaire de vérifier l’annonce américaine.

Benachour Mohamed