Yebda «Jouer au 5-Juillet, j’en rêve !»

Yebda «Jouer au 5-Juillet, j’en rêve !»

yebdaburnley.jpg«Après l’affaire des 9 points, j’avais la rage»

«C’est un plaisir de jouer aux côtés de Lacen»

Hier, Hassan Yebda a offert la victoire à Portsmouth et permis à toute une ville de retrouver enfin le sourire et la confiance. C’est cette confiance qu’il ramènera avec lui à Alger en prévision du match amical Algérie-Serbie. Il nous en parle dans l’entretien qu’il nous a accordé juste après la précieuse victoire de Portsmouth à Burnley.

Qu’est-ce que ça fait d’offrir la victoire à Portsmouth, surtout au lendemain des péripéties qui ont secoué le club ?

Je suis fier d’avoir aidé l’équipe à gagner. Cette affaire des neuf points qu’on nous a enlevés a fouetté notre amour-propre. Il fallait se faire violence ne serait-ce que pour rendre le sourire à nos supporters qui continuent à nous soutenir malgré tout et qui s’étaient déplacés à Burnley pour le faire.

Comment était l’ambiance après la victoire ?

Après le silence bizarre qui régnait dans le vestiaire ces derniers jours, tout le monde a retrouvé le sourire. On a eu une pensée pour les supporters de Portsmouth qui étaient au stade et qui nous ont donné envie de leur offrir cette victoire et d’autres victoires encore jusqu’à la fin de saison.

Comment jugez-vous le rendement de Nadir Belhadj ?

Il a réalisé un gros match. Comme à son habitude, il était remuant et très en verve sur son couloir. Il a même délivré un centre impeccable à Weber qui a marqué mais l’arbitre avait refusé le but. Je suis sincèrement content pour Nadir.

On peut dire que vous allez rejoindre l’Equipe nationale avec un bon moral ?

En quelque sorte oui. On va ramener avec nous la confiance née de notre victoire à Burnley. Vous savez, après une défaite, l’Equipe nationale nous permet de retrouver le moral, mais après une victoire, c’est à nous de transmettre notre confiance au groupe.

Comment avez-vous décidé de tirer le penalty alors qu’il ne restait qu’un petit quart d’heure à jouer ?

Quelques minutes auparavant, mon coéquipier Ohara a raté un penalty. Dès que j’ai vu que personne ne voulait tirer le deuxième penalty, je me suis emparé du ballon et j’ai pris mes responsabilités. Je ne me suis même pas posé de question et je l’ai mis dedans. J’avais la rage.

C’est un peu comme Ziani face au Rwanda ?

Un peu oui. Comme ça, il y aura deux casse-cou en équipe d’Algérie même si je sais que tout le monde peut le faire. En équipe nationale, personne ne fuit ses responsabilités.

Vous êtes donc capable de le refaire en équipe nationale ?

S’il n’y a personne pour tirer le penalty, je suis là.

Qu’est-ce que ça fait d’avoir 9 points en moins en étant lanterne rouge ?

C’est un choc certes, mais mathématiquement rien n’est joué, nous ne sommes pas encore en division inférieure. Nous allons donc nous battre jusqu’à la dernière journée. Pour les supporters et pour les gens qui sont à la tête de ce club, nous n’avons pas le droit de baisser les bras.

Il faut aussi être réaliste et se dire qu’il vous faut un miracle pour vous sauver…

On peut être réaliste et continuer à se donner à fond. L’un n’empêche pas l’autre. Et puis ce n’est pas mon mental ni celui de Portsmouth de baisser les bras en pleine saison.

Comment avez-vous réagi par rapport à la décision de vous ôter 9 points ?

C’était un véritable choc, l’ambiance était tendue. En fait, on ne s’est pas beaucoup parlé, mais on se disait au fond de nous-mêmes qu’il fallait réagir sur le terrain.

Maintenant que le match est terminé, pensez-vous déjà à la rencontre Algérie – Serbie ?

C’est normal.

Que savez-vous de la Serbie ?

Je connais Stankovic et Vidic, mais pas personnellement et je sais surtout que les Serbie ont terminé premiers de leur groupe en poussant la France à jouer les barrages. Cela est suffisant pour respecter les Serbes qui ont la même mentalité que nous. Ce sont des Méditerranéens et ils ne s’avouent jamais vaincus. Le match de mercredi sera intense et technique, j’en suis convaincu.

Avez-vous eu des informations sur l’ambiance qui règne à Alger à quelques jours du match ?

Oui, j’ai le cœur et les oreilles braqués sur Alger et le fait de savoir que ça bouillonne déjà me plaît beaucoup. Les gens sont impatients de nous voir et nous aussi nous sommes impatients de les voir chauffer le stade.

Ce sera votre premier match au 5-Juillet, vous y pensez déjà ?

Je n’y pense pas seulement, j’ai hâte d’y être. Cette ambiance-là, j’en rêve depuis longtemps. Je la connais déjà à la télé, mais sur le terrain je sais que ce sera autre chose. L’émotion sera totale avec un stade plein à craquer.

Ça va vous donner envie de filmer tout ça pour immortaliser l’évènement…

Avec le spectacle qu’il y aura dans les gradins, c’est vrai que ça donne envie de filmer, mais je n’oublierai pas que ma mission c’est avant tout d’offrir du beau jeu et les victoires au peuple algérien qui a besoin d’être rassuré à quelques mois de la Coupe du monde. Pas celle de filmer le match.

Il y aura aussi des femmes et des enfants, ce qui est rare en Algérie…

C’est pour ça que j’ai envie d’y être tout de suite et d’y mettre le cœur. Vous savez, je suis prêt à laisser ma vie sur le terrain pour le public algérien car je sens qu’on est aimés et adulés en Algérie.

La famille Yebda sera-t-elle présente au 5-Juillet ?

Mes parents seront en Algérie, mais je ne sais pas s’ils ont prévu de venir au stade. Mon frère par contre et tous mes cousins de Taourirt Adane et d’El Harrach seront bel et bien là au milieu des supporters.

Etes-vous inquiets de la situation que vivent Karim Ziani, Karim Matmour et Anthar Yahia avec leur club en Bundesliga ?

Pas du tout, et je vais vous dire pourquoi : le football c’est la compétition, mais c’est aussi le mental et le cœur et là je peux vous assurer que Ziani, Matmour et Yahia en ont à en revendre, comme tous les joueurs de l’équipe d’Algérie d’ailleurs. Le meilleur exemple, c’est Ziani qui ne jouait pas beaucoup avec son club avant la Coupe d’Afrique, mais qui a réalisé une grande CAN. Je suis convaincu que tous les trois rejoueront avec leur club et arriveront en Coupe du monde en possession de tous leurs moyens physiques, techniques et mentaux.

Avez-vous lu les déclarations de Lacen ?

Non, mais je sais qu’il y a eu une belle fin et j’en suis sincèrement ravi. Comme Meghni, Abdoun et moi-même, ilintégrera l’équipe en douceur. Je ne me fais pas de souci pour lui, il va se retrouver dans le groupe Algérie.

Avec la blessure de Mansouri, vous risquez de faire tandem avec lui au milieu ?

Et bien j’aurai du plaisir à évoluer à ses côtés. S’il y aura un tandem Yebda – Lacen, Yebda – Mansouri ou Lacen – Mansouri, ça va bien fonctionner, ne vous inquiétez pas, ça va être pareil. La nouveauté c’est que Lacen va donner plus d’options au coach et c’est bien pour toute l’équipe.

Un mot pour le public avant de clore cet entretien ?

Je ne vais pas lui demander de venir nombreux nous soutenir parce que je sais que les billets ont été tous vendus. Tout ce que je peux dire au public algérien, c’est que je suis fier de lui.

Entretien réalisé par Nacym Djender