Relance du secteur économique public, Les travailleurs n’y croient plus

Relance du secteur économique public, Les travailleurs n’y croient plus

12867.jpgLes pouvoirs publics n’arrêtent pas de parler d’une politique de relance du secteur économique public confirmée dans le plan d’action du gouvernement adopté en mai dernier, un plan qui vise à sauver quelques entreprises du secteur économique public après l’échec de la politique de privatisation.

Cependant, les travailleurs des quelques entreprises qui tiennent toujours debout, comme le cas de la SNVI, ont apparemment perdu tout espoir et confiance en cette politique de relance. En tout cas, c’est le constat qu’on peut faire après plus de dix jours de grève entamée par les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI).

Il s’agit pour eux de répondre à une urgence, en l’occurrence l’augmentation des salaires, afin de faire face à l’anarchie des prix des produits de large consommation face à laquelle l’augmentation de 3000 DA pour le Smig reste sans effet.

Sachant que l’augmentation des salaires des travailleurs du secteur économique public ou privé dépendra des négociations qui seront engagées par la Centrale syndicale avec les patrons dans le cadre des convention de branches et collectives. Mais les travailleurs savent que ce processus de négociations prendra beaucoup de temps au moment où le pouvoir d’achat est en dégradation.

Même si les négociations aboutissent à une augmentation des salaires, elle ne sera pas importante car le prétexte de la défaillance financière des entreprises publiques et même privées est un argument invoqué à chaque négociation.

Ainsi, les travailleurs de la SNVI qui ont entamé le 2 janvier leur grève, réclament l’augmentation des salaires, la suppression de l’article 87 bis du code du travail et rejettent la suppression de la retraite anticipée adoptée par la 13e tripartite.

Face à cette grogne qui a éclaté dans la zone industrielle de Rouiba, aucune démarche des pouvoirs publics n’a été prise que ce soit au niveau du Premier ministère, le département du Travail ou celui de l’Industrie. Ainsi, la Centrale syndicale reste seule face à cette colère.

La situation n’a pu se débloquer malgré plusieurs tentatives de retour au calme lancés par l’UGTA, le déplacement à l’usine de Rouiba et des communiqués dans lesquels elle rappelle les engagements du gouvernement. Le SG de la Centrale syndicale a rencontré hier les instances syndicales de la wilaya d’Alger pour tenter de trouver une issue.

Hier, les travailleurs du complexe sidérurgique de Annaba étaient toujours en grève, lancée mardi par le syndicat d’entreprise qui proteste contre la fermeture envisagée de la cokerie.

Ils sont 7 200 employés du complexe d’El Hadjar qui a produit 750 000 tonnes d’acier en 2009, dont le syndicat d’entreprise est affilié à l’UGTA. Ils protestent contre la fermeture de la cokerie, employant 320 salariés, dont la rénovation coûterait 40 millions de dollars, selon des experts nommés après la mise à l’arrêt de cette unité en octobre dernier.

La direction avait estimé que «des expertises sur l’état de la cokerie, vieille de 30 ans, étaient nécessaires en raison de sa vétusté et des dangers qu’elle présentait au niveau de la sécurité et de l’environnement». Pour le responsable syndical, l’Etat algérien qui détient toujours 30% du capital du complexe d’El Hadjar, société de droit algérien, «doit mettre en place un système de protection de la production nationale d’acier».

A souligner que la politique de relance du secteur économique public intervient après la remise en cause de la politique de l’investissement étranger en Algérie et celle de la privatisation. A cet effet, le gouvernement compte sur quelques entreprises publiques viables afin de relancer l’économie nationale qui n’arrive pas à sortir de la dépendance des hydrocarbures.

Dans ce cadre, dix grandes entreprises activant dans le domaine de l’industrie et des services ont été retenues suite aux études réalisées par le département de Abdelhamid Temmar pour la définition des moyens nécessaires à la création d’entreprises compétitives appelées à devenir des pôles économiques d’action sur les marchés, national, régional et international. Cinq entreprises ont été accréditées par le Conseil des Participations de l’Etat (CPE) pour bénéficier du soutien de l’Etat.

Il s’agit de Saidal, Air Algérie, la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), l’Entreprise nationale de l’industrie électronique (ENIE) et l’Entreprise des matériaux de construction. Il faut savoir que la contribution au PIB de l’industrie nationale est passée en quelques années de 18% à 5% actuellement.

Nacera Chenafi