Pour le Dr Soufi «Des milliers d’Algériens sont séropositifs sans le savoir»

Pour le Dr Soufi «Des milliers d’Algériens sont séropositifs sans le savoir»

doc.jpg«L’épidémie de VIH/sida progresse à un rythme alarmant en Algérie, imposant une réponse forte et unanime de toute la société.» C’est la déclaration faite hier par le Dr Scander Abdelkader Soufi, président de l’association Aniss, qui œuvre pour la lutte contre les IST/sida (Association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le sida et de promotion de la santé).

Le Dr Soufi a estimé, en effet, lors d’une conférence-débat organisée au centre de presse d’El Moudjahid, à l’occasion de la journée mondiale contre le sida, coïncidant avec le 1er décembre, que «des milliers d’Algériens sont atteints du virus sans le savoir», et ce, à cause de l’absence de campagnes de sensibilisation et de manque d’information.

Il y a aussi le fait que les personnes ne font pas de dépistage fréquent. Les chiffres officiels font état de 1011 cas de Sida et de 4048 cas de personnes vivant avec le virus (séropositives), alors que les estimations les plus réalistes indiquent que l’Algérie compterait plus de 21 000 personnes atteintes et qui contamineraient à leur tour.

un nombre en nette augmentation d’année en année. Selon une étude effectuée par l’Unicef en Algérie, seuls 15% de notre population possèdent les connaissances nécessaires sur les modes de transmission et de prévention des infections sexuellement transmissibles et du sida. Ce chiffre serait, cependant, inférieur à 10% chez les femmes.

Selon le Dr Soufi, «si l’épidémie se situe à un stade concentrique, les risques de passage à l’épidémie généralisée sont possibles devant la faiblesse de l’engagement et de la mobilisation». L’association qui active depuis 2003 a toujours travaillé pour la sensibilisation de la frange sociale la plus exposée au risque de la contamination ; c’est-à-dire la jeune génération.

Placé sous le thème «Accès universel et droits humains», cette journée a par ailleurs regroupé plusieurs infectiologues et spécialistes au niveau des CHU. Le Dr Soufi, qui évite de donner des chiffres sur le nombre de personnes atteintes, car ne reflétant en aucun cas la réalité, affirme que le problème qui se pose c’est que «les sidéens continuent à être la cible d’attitudes stigmatiques et de comportements discriminatoires portant atteinte à leur dignité et les privant de leurs droits».

Le Dr Boudiaf Zahira estime que la prise en charge des sidéens enregistrés et identifiés est exemplaire grâce à la politique adoptée par le gouvernement pour la lutte contre l’épidémie. «Chaque malade a son quota de médicament au niveau du service de chaque hôpital et aucune pénurie n’a été enregistrée jusqu’à nos jours.»

Interrogée sur les personnes atteintes (séropositives), elle affirme que ces personnes peuvent vivre normalement et sans traitement de 7 à 10 ans. Elles reçoivent une prise en charge psychologique, car c’est ce dont le malade a réellement besoin.

Double Canon s’implique

Le chanteur des jeunes Double Canon présent à cette rencontre est également membre de l’association depuis trois ans. «J’ai intégré l’association pour pouvoir mettre en garde la frange sociale la plus exposée contre le danger de la contamination. Je peux faire passer le message facilement et sans aucun tabou.»

C’est ainsi qu’il profite des soirées qu’il anime pour sensibiliser les jeunes algériens, inconscients du danger. Selon lui, plusieurs contraintes sont rencontrées, puisque les gens considèrent les malades comme des cas et non comme des personnes. «Si tu rentres dans une association de lutte contre le sida, tu es tout de suite mis à l’écart par ton entourage car il pensera que tu es atteint.» Double canon a insisté sur le manque de prise en charge psychologique en Algérie.

«L’association compte une seule psychologue, qui travaille dans la discrétion totale, de peur d’être considérée comme personne une atteinte.» Il appelle, pour clore, toutes les jeunes personnes qui ont une vie sexuelle en dehors des relations conjugales à se protéger. «On me reproche de conseiller aux gens d’utiliser des préservatifs, car, selon eux, je les encourage à pécher.

Je considère que le devoir des membres d’Aniss est de sensibiliser les gens contre les risques des relations sexuelles non protégées. Alors qu’interdire aux gens d’avoir ce genre de relation c’est une affaire de liberté individuelle…»

S. A.