La production augmente, les prix aussi: Les marchés déboussolés

La production augmente, les prix aussi: Les marchés déboussolés

Qui se remplit les poches sur le dos des agriculteurs et des consommateurs ? Coupable désigné: les spéculateurs.

«Les agriculteurs n’empochent que 40% du prix final sur les marchés. 60% de la composition du prix des fruits et légumes représentent la marge bénéficiaire des différents intermédiaires entre grossistes et détaillants. Le producteur est le seul maillon qui ne peut pas répercuter la hausse de son coût de revient ».

Tel est le constat amer fait par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. « On n’arrive pas à expliquer au fellah comment les prix de ses légumes se retrouvent parfois à 150% plus chers sur les marchés », s’enflamme un membre d’une association de consommateurs. Face à cette situation lancinante, l’Etat a créé un Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev). Sa mission : maîtriser les marchés agricoles en instaurant des garde-fous.

Calqué sur le modèle français, cet office rassemble tous les acteurs des filières légumes et viandes. C’est la troisième structure interprofessionnelle à être créée pour travailler coude à coude avec les Offices des céréales (OAIC) et du lait (Onil). La création de cet office des légumes et des viandes suppose de lutter contre la spéculation par une anticipation parfaite des agricultures, des aléas climatiques ou de l’offre et la demande. « Or ce n’est pas le cas. Car l’Algérie manque d’outils de prévision », souligne Mme Chelabi, expert agronome. Et cette dernière d’expliquer : « Une libéralisation non régulée et appuyée sur un énorme poids de la spéculation amplifie la volatilité des prix ». Placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, cet organisme public devra «assurer une régulation et devra constituer une gestion des stocks des produits stratégiques ». Une liste de légumes et de viandes concernés par l’opération de régulation, qui peut être élargie à certains fruits, sera fixée par arrêté conjoint des ministres chargés de l’Agriculture et du Commerce.

La mission ne sera pas facile. Le marché des légumes et viandes connaît d’importantes et récurrentes flambées des prix. Le ministre de l’Agriculture estime que la situation est le résultat d’une combinaison de plusieurs facteurs selon le type de produit. Il a cité le citron, dont le prix a connu une hausse spectaculaire ces derniers mois en raison d’un aléa climatique ayant affecté les arbres durant le printemps dans les régions de production de cet agrume. Le citron, ce petit agrume acide, rivalise avec le kilo de viande. Son prix a en effet atteint les 450 dinars.

Dans la foulée, des groupes de travail doivent se réunir dans les prochains jours pour avancer des solutions. Il s’agit de «créer plus de transparence dans ces filières agricoles». Pour Rachid Benaïssa, « s’il n’y a pas de solution miracle » aux flambées récurrentes des prix, les pistes à l’étude passent notamment par une meilleure «contractualisation entre l’offre et la demande» des produits agricoles. Un système «moderne de mutualisation de l’offre» devrait être mis au point.